chance ♧ dance with me so we don't cry

i know the perfect way to waste our time


ils ne sont pas épais, les murs en tôle de la caravane. pas assez épais, en tous cas, pour les protéger de l'automne trop froid ou pour contenir les hurlements du bébé qui vient juste de naître. chance est un incident, un imprévu - mais on l'accueille comme un cadeau, un présent de la vie elle-même qui sourit jusque dans son prénom. il est aimé comme on doit l'être et, s'il faut se serrer la ceinture pour entretenir le chérubin, amanita & corey blue sont prêts à faire des sacrifices. un écho, dans le trailer d'en face - une jumelle qui n'en est pas une mais qui se comportera tout comme ; bonne étoile qui le guidera pour prendre confiance en sa chance.
pas qu'elle soit heureuse, son enfance, mais le gamin ne la laisse pas être autre chose qu'extraordinaire. entre les mobil-homes se cachent des récits fantastiques, des monstres à terrasser, des arc-en-ciels à chevaucher. et il n'est jamais seul. jamais. aucun adulte dans le park ne résiste à leurs têtes trop pleines et leurs aventures en papier mâché. chance est un petit garçon turbulent, aux genoux sans cesse écorchés et au visage tartiné de chocolat et de la cire jaune des crayola. difficile de dire qui, de lui ou de nehara, traîne l'autre derrière ellui au quotidien ; ils ont beau être enfants uniques, ils n'en auront pas le sentiment.
l'école fait mine de les dompter : les enseignants le trouvent bavard, dissipé, immature, inattentif - les élèves le trouvent bizarre, moche, et ne manquent pas de lui faire savoir. toujours fourré avec la même, il n'y prête pas grande attention, ne dit rien et sourit quand même - tant pis si on lui vole son maigre goûter, de toute façon il n'avait pas faim. et si on l'oublie à cache-cache, ce n'était sans doute pas fait exprès. chance refuse d'expliquer à ses parents pourquoi son sac est vide et ses vêtements, déchirés. il y retourne, toujours, encore, ne serait-ce que pour être avec celle qui ne se lasse pas de l'accompagner.


heureusement, il y a la danse. les courses agitées de petit garçon se transforment en musculature fine, en pas de chat à l'adolescence. ce n'est même pas une question, pour lui : c'en est presque une respiration. grandir ne l'a pas rendu plus terre-à-terre, pas de mystère s'il s'envole en saut de biche dès qu'il en a le droit. on lui a tant dit qu'il était talentueux, et fort, qu'il en vient bien vite à le croire.
chance a presque quinze ans lorsqu'il décroche une bourse pour le conservatoire de danse ; en quittant les murs de brooklyn dont il ignorait la texture, il se voit prendre part à un monde nouveau qui le reconnaît à sa valeur. un qui l'accepte pour de vrai, parce qu'il est assez bon pour eux. étourdi par les néons des manèges, il se laisse happer par le bruit d'une vie plus luxueuse que la sienne ; commence à renier la caravane dans laquelle son âme s'est tracée, à rire des vêtements miteux et pas à sa taille de neha. s'il savait, chance. s'il savait qu'il n'est que le fruit d'une discrimination positive, qu'il n'a été choisi que pour son genre, son milieu & sa couleur de peau - s'il savait qu'on ne se souciait guère, au moment où on l'a élu, de ce qu'il avait dans les tripes. alors les choses auraient été différentes. l'ego n'aurait pas ronflé contre ses côtes, fait ternir ses liens familiaux par l'arrogance de son prétendu talent.
tout s'éloigne pendant qu'il se perd à se voir au cœur des étoiles - et en oublie la seule qui compte. les disputes éclatent une par une comme des feux d'artifices amers et quand elle s'en va, abruptement, les adieux ont un goût de poussière.


malgré tout ça, chance est doué.
ses progrès en danse sont exceptionnels dès lors que son tempérament joueur est capable de se mettre en pause. on le dépeint comme l'un des meilleurs éléments du conservatoire et, bien vite, sa visibilité accroît. soucieux d'aller chasser ailleurs un destin qui lui est promis, il prend l'avion pour la première fois à l'été de ses dix-sept ans pour rejoindre la côte ouest, où son bagoût lui permet vite de se tailler une place de choix.
pendant les années scintillantes qui prennent en étau sa vingtaine, chance est partout : tous les ballets, toutes les émissions veulent un mot du prince prodige qu'il est devenu. son corps devient un objet public, une image écartelée sur des panneaux publicitaires. le danseur accueille la célébrité comme un cadeau, une juste reconnaissance de la personne superbe qu'il est. qu'importe, si les langues qui se glissent dans sa bouche ne viennent y embrasser que sa notoriété, si les rires qu'on offre à ses blagues ne sont que pour les apparences - quelque part, sous le vernis de lumière, il y a sans doute quelque chose de vrai.
chance est désossé, démantelé, jusqu'à devenir un objet qui ne s'appartient plus. mais qui s'en soucierait, après tout : il a tout ce dont il pouvait rêver.


elle survient comme une déflagration, une comète écrasée près de lui qui a su transpercer la foule. elle le voit pour ce qu'il est, qui il est réellement : ou peut-être que non, finalement, mais son rire sonne un peu moins faux et chance en tombe vite amoureux. elle se suspend à son bras, accepte de partager ses draps et fait de toutes les mondanités des moments bien plus appréciables. elle lui dit de ne pas s'attacher, mais comment, alors même qu'il n'y a qu'une personne qui traverse le voile doré ? au beau milieu de la nuit, elle sait pour les doutes, pour les incertitudes dont chance lui-même se voile la face, elle sait cette peur démesurée, à mesure qu'il gravit l'à-pic, d'un beau jour se voir en tomber.
et le danseur l'aimait tellement, croyait tellement qu'un jour prochain sa beauté ouvrirait les yeux et accepterait de le suivre au-delà des soirées mondaines, qu'il n'a pas saisi que darla était celle qui le ferait chuter.
tout s'effondre pendant qu'il se maudit d'avoir suivi un météore - et en oublie ce qu'elle lui a fait. le procès éclate soudainement, une détonation nucléaire et quand il voit qu'elle est partie, rageusement, chance n'est plus qu'un amas de poussière.


l'escroquerie se referme sur chance : début le défilé des avocats, des cours de justice, des injonctions à comparaître - les preuves s'accumulent et la seule capable de le disculper est celle qui l'a mis dans cette situation. les journalistes s'arrachent la moindre bribe d'information, le moindre signe de vie du danseur et réduisent ce qu'il reste de lui en injures sur papier glacé. lui qui pensait n'avoir jamais été seul découvre que l'amérique, au fond, n'attendait qu'un petit écueil pour le rejeter au fond du gouffre. sous ses ongles, le vernis s'effrite pour ne laisser que la pourriture d'un avenir qui n'adviendra plus.
le procès dure deux ans, deux longues années à ne plus sortir de peur de voir les objectifs de tous ceux qui voudraient sa perte se refermer sur son visage, en dépiauter le moindre trait jusqu'à bousiller totalement ce qu'il aurait pu vouloir être. quand son innocence est prouvée, chance a vingt-sept ans et l'optimisme inaliénable de celui qui veut tout arranger. il va remonter, il va se refaire - il a gravi la pente la première fois, la piste est déjà jalonnée. lui qui était qualifié d'un des danseurs les plus prometteurs de sa génération ne va pas tout perdre pour une absence qui a duré moins de vingt-quatre mois.
sauf que ça ne marche pas comme ça.
son ancien agent le délaisse, refuse de le représenter - ses contacts dans le milieu ont tourné la page, déjà concentrés sur leur prochaine coqueluche. pendant des mois qui deviennent des années, chance doit grignoter ses réserves, jouer dans des publicités pour des céréales ou des crèmes de jour pour espérer qu'un jour, enfin, on le rappelle pour que ça fonctionne. désœuvré dans son quotidien, il commence à miser sur le poker, sur le blackjack, et tous les jeux où sa belle gueule lui permet un peu d'entretenir des goûts de luxe qu'il se refuse à réviser. il lui faut du temps pour que le verdict le plus grave parvienne jusque dans sa conscience : il s'est fait cancel, définitivement, à cause d'une femme qu'il a aimée et qui ne lui a jamais rendu.

quand ses dettes de jeu commencent à excéder le découvert de son compte bancaire, que ses petits tours de passe-passe n'amusent même plus ceux qu'il pensait ses amis, chance doit se rendre à l'évidence. il n'y a, pour l'instant du moins, plus grand chose à espérer pour lui si il reste aux états-unis.



paresse d'apprendre une nouvelle langue, chance ferait presque une moue blasée quand personne ne vient l'accueillir sur le tarmac pluvieux d'heathrow. sa nouvelle vie, il s'en accoutume comme il peut, valises à peines défaites le long du mur de sa chambre au angry sheperd - c'est que ses dettes le suivent encore, pointe d'une lame entre les omoplates. il continue à se dire que c'est passager, provisoire, temporaire ; même après que les jours soient devenus des semaines, et des mois, et puis des années. chance s'accroche à cet espoir absurde et impétueux que tout va s'arranger. parce que qu'est-ce-que ça peut faire d'autre ?
lorsque la danse vient à manquer et que ses membres le démangent, l'étoile croise la route de loyal qui taillade une place pour lui. changement de décor, changement de vie - sous les toiles du pandemonium, le ciel semble à portée de main. dans une boucle à l'allure bizarre, les murs en tôle de son trailer ne sont pas plus épais que les autres, et chance se prend à espérer qu'un jour il n'y ait plus d'imprévus.

tout se renouvelle dans le silence terne d'où chance dévisage les étoiles - jusqu'à se rappeler ce qui compte. les journées s'éclatent une par une contre la falaise de ses erreurs mais, au cœur d'une nouvelle famille, il renaîtra de la poussière.

night owl ♧ joueur invétéré, indécrottable tricheur ♧ ok, but, counterpoint : sparkles ♧ farandoles de liners multicolores ♧ headphones on ♧ a inventé des danses ridicules pour toutes les occasions ♧ don't make them talk about their hyperfixations ♧ blagues de daron ♧ calls everyone babe ♧ peur panique de tous les insectes ♧ what if it all goes right? ♧ malgré sa vie sentimentale désastreuse, donne d'excellents conseils en amour ♧ never have i ever ♧ appris à coudre en autodidacte ♧ "oh my god. — you can just call me chance." ♧ pourrait se nourrir exclusivement de cupcakes ♧ "i said what i said" ♧ beaucoup trop intense ♧ holy trinity : gaga-swift-beyonce ♧ complexé par ses oreilles ♧ unbelievable drama king ♧ parle énormément, mais écoute volontiers les potins ♧ but daddy i love them