heaven closed the gates on me (nehara)

isfp ♤ scorpio sun, leo moon, sagittarius rising ♤ chaotic neutral ♤ trashy americana teenage years ♤ homesick for a country she doesn't want to go back to ♤ been stealing diamonds like she's the goddamn pink panther ♤ liar for hire ♤ fiercely loyal to a few ♤ has a tendency to get attached to all the wrong people ♤ MAGICAL GIRL ♤ 'oh, i got a spell for that!' ♤ refers to astrology to explain every little thing that ever happens around her ♤  wake me up when mercury's not in retrograde ♤ never goes anywhere without her crystals ♤ 'I'm kind of psychic. I have a fifth sense.' ♤ tarot readings & daily affirmations ♤ has deep conversations at 4am with random people she just met ♤ yoga class every tuesday ♤ traditional medicine before anything else ♤ 'did you check the score on yuka?' ♤ veggie & healthy diet ♤ captain of the cheerleading squad in highschool ♤ morning routine includes running along the Thames ♤ soft girlie pop songs ♤ hopeless romantic ♤ mom friend ♤ big sister energy ♤ romantasy afficionado

brooklyn baby —

— THE MOTHER ; Nehara a eu mille vies mais elles ont toutes commencé ici, dans les 30m² habitables du mobil-home où sa mère s'était repliée, sur le genre de coup de tête qui fait basculer toute une vie. Une succession de mauvaises décisions qui ont motivé sa famille à la rayer de leur arbre généalogique, des choix assumés sous couvert d'une indépendance dont Nisha avait toujours rêvé sans savoir ce qu'elle allait bien pouvoir en foutre. Elle l'a dilapidée dans les bras de tous les mecs qui lui ont témoigné un peu d'attention, pied de nez à l'éducation stricte de ses parents psychorigides. Elle allait s'en tirer Nisha, trop fière pour retourner leur quémander du fric quand elle en avait eu besoin, elle avait fini par vendre la seule chose sur laquelle elle pouvait espérer capitaliser. Corps mille fois désiré sans que la moindre caresse ne soit anodine, des bras qui l'enserrent mais jamais ne l'enlacent. Jusqu'à cet homme lui promettant monts et merveilles, si charismatique qu'elle s'était laissé bercer par ses mensonges. Il était revenu encore et encore, glissant une main dans ses cheveux en simulacre d'une tendresse destinée à asphyxier ses craintes. Coup de théâtre prévisible quand il avait fini par disparaître sans laisser de trace. Neuf mois plus tard, Nisha l'avait traqué jusqu'à ce penthouse où elle avait découvert ce qu'au fond elle soupçonnait déjà. Pour tous ses discours virulents sur le fait qu'elle n'avait besoin de personne, son cœur avait pourtant décidé qu'elle avait besoin de lui. Un homme à la morale aussi déglinguée que la sienne, ce qu'elle avait prouvé en acceptant le bon gros chèque qu'il lui avait glissé entre les mains. Une somme colossale qu'elle avait juré de garder pour sa fille, promesse éphémère qu'elle avait brisée pour quelques sachets de poudre.

— THE DAUGHTER ; On dit qu'elle s'est élevée toute seule, gamine confinée dans l'espace restreint d'un foyer bancal. 'Sa mère aurait mieux fait de l'abandonner, pour le peu qu'elle s'en occupe', 'la pauvre gamine, même son père n'en a pas voulu', 'il paraît qu'il est plein aux as, 'il est surtout marié' ; ça jase pendant une partie de cartes, dans ce trailer park où l'ennui des uns se troque contre la misère des autres. Vérités acerbes qui servent à alimenter les commérages, quelques murmures prononcés avec une désinvolture qui ne leur ôte en rien leur cruauté. Nehara les a tous entendu étaler les pires travers de sa mère, comme s'ils ne lui étaient pas reconnaissants de leur amener des plats faits maison, les rares soirs où Nisha se mettait derrière les fourneaux. Peut-être bien qu'elle faisait tout de travers, qu'elle s'en occupait trop mal ou trop peu. Mais Nehara savait que sa mère l'aimait du mieux qu'elle le pouvait. Elle l'aimait de toute son âme brisée par une existence passée à chercher sa place, sans jamais réussir à la trouver. C'était évident dans cette façon qu'elle avait de lui inventer des histoires pour l'aider à s'endormir, de lui tresser les cheveux, de revenir d'une boutique avec des matching t-shirts qu'elle avait probablement volés, et tant d'autres petites intentions qui n'appartiendraient jamais qu'à elles. Nehara s'en était persuadée, qu'elle comptait assez pour que sa mère persiste, envers et contre tout. Qu'elle lui donnait une raison suffisante de lutter contre l'addiction qui la poussait à se déglinguer les veines, encore et encore. Et dans ce dernier regard que sa mère lui a lancé, Nehara l'a vu -- à quel point elle regrettait de l'abandonner, seule dans ce monde dont elle aurait tant voulu être capable de la protéger.

— AND EVERYTHING IN BETWEEN ; sa mère décède d'une overdose l'été de ses seize ans ; Nehara a été envoyée chez sa tante après le drame, où elle découvre un personnage aux antipodes de la femme qui l'a élevée -- Deepali évolue dans un milieu empêtré dans ses traditions, épouse docile d'un homme que ses parents ont choisi pour elle, elle a toujours un sourire courtois agrafé aux lèvres, une voix mesurée, et une tolérance inexistante pour l'insubordination de sa nièce ; Nehara a l'impression d'étouffer dans la cage dorée où les Gupta tentent de l'enfermer, adolescente rebelle dont l'attitude jure avec celle de ses cousines, parfaites répliques de leur mère ; on lui impose une culture dont elle ne sait rien, Nisha ne lui ayant inculqué qu'un végétarianisme dont elle ne lui a jamais expliqué l'origine -- soudain Nehara se retrouve à genoux, obligée de prier des dieux dont elle confond les noms, forcée d'assister à Ganesh Chaturthi dans les rues de Londres et à se faire traîner d'un temple à un autre, lui rappelant sans cesse à quel point elle détonne dans tous les tableaux que la famille parfaite s'efforce de peindre ; illusion qui s'effondre le jour où le mari de sa tante lui dévoile son vrai visage, ogre dégueulasse aux intentions aussi ignobles que l'intérêt déplacé qu'il lui porte, et contre lequel elle se retrouve atrocement démunie ; époque sombre que l'adolescente traverse les lèvres tremblantes, révoltée pour toutes les mauvaises raisons, puisqu'elle ne peut encore se résoudre à évoquer celle qui l'abîme réellement ; l'amitié forgée avec Hunter devient son phare dans la nuit, seule lueur d'espoir dans les ténèbres étouffantes d'un quotidien dont elle tait la réalité devant les autres élèves ; il sera celui qui l'aidera à se tirer de cet enfer, l'extirpant d'entre les griffes d'un foyer qu'elle quitte en faisant voler en éclats toutes les illusions qu'il nourrit en son sein ; Nehara se réinvente, aux côtés de Hunter et de Lee, l'aidant patiemment à remettre sa vie sur les rails ; elle finit par suivre ce dernier, vouant une dévotion aveugle à une Darla dont ils auraient dû se méfier -- le trio s'adonne à des casses pendant plusieurs années, jusqu'au jour fatidique où la St-Clair disparaît dans un coup de théâtre qui lui restera longtemps en travers de la gorge ; si Lee réchappe de peu à la prison, Nehara ne s'avère pas si chanceuse lorsqu'elle entreprend de poursuivre les casses en solo ; arrêtée pendant plusieurs mois, une part d'elle reste dans sa cellule lorsqu'elle la quitte, et elle se sent à nouveau en marge d'une société à laquelle elle ignore comment appartenir ; des années de galère, un corps qu'elle finit par vendre comme sa mère, les démons de Nisha qu'elle sent pulser dans ses veines, une noirceur qui ne la quitte jamais réellement, l'impression de se noyer dans les mêmes ténèbres qu'elle ; jusqu'à ce qu'on la sauve, encore, toujours, les mains de Lee qui l'arrachent à l'antre de la débauche où elle s'est perdue, la promesse que ça sera terminé cette fois, qu'elle arrête les conneries, qu'elle arrête de se foutre en l'air, partout, tout le temps ; et puis finalement, les rideaux de la tente qu'elle entrouvre par curiosité, son coeur qui vibre à l'instant où elle s'invite sous le chapiteau, la découverte d'un monde plus vivant que tous ceux qu'elle a foulés, et enfin, sous la crasse de ses pensées obscures, l'impression qu'elle pourrait trouver sa place entre les décors, quelques part dans cet univers décalé où puisque rien n'a de sens, elle n'a pas à en avoir non plus.