escape 24/24 (marley)

SEQUELLES CHILDHOOD ISSUES


Eclairé par les faisceaux assourdissants, mes pattes grondent sous l’assourdissement du métro qui passe. Rétine à vif sous la puissance d’l’impact, j’me réfugie dans l’souffle des nuages avant d’m’enfouir sous terre. Dernière rame avant qu’les portes ne s’referment. Vides. Chacune d’entre elles. 4am. Trop tôt pour les workers. Trop tard pour les teufeurs. D’ce monde qui s’éteint et qui sommeille quand mon sommeil à moi s’éteint pour disparaitre.

4am. L’heure où ma poche vibre et où l’tissu s’éclaire. Où l’écran d’mon téléphone vire au fluo et dégénère. 4am. Et l’cul enfoui au fond du siège, j’guette les masses informes défiler sur marche rapide sous mes cernes. M’man vient d’mourir. Père engourdi. Si j’rentre, les coups pleuvront en s’cousses maudites sous l’ton d’un deuil qui se sous-titre.

4:30am. C’est mon troisième tour du quartier et j’sais pas trop quoi faire ensuite. L’envie d’mourir s’fait ressentir. Et au pire, ça f’rait quoi ? La pluie m’frappe au visage, au pied d’cette station plongée dans l’noir. La pluie m’frappe et j’sens rien. Cœur vide. J’arrête d’y croire. L’téléphone s’acharne. D’l’autre côté, un père que j’reconnais à peine. C’qui m’reste. Des remords. Des regrets. Des rancœurs portées pour spleen éternel. Des non-dits, des griefs, des pudeurs qu’on aurait voulu voir disparaître. C'qui reste. Une cérémonie, six pieds sous terre, et les souvenirs en disparaitre, drapés d'noir sous linceul blanc.

C'qui reste. L’urgence d'un deuil in-extremis pour m’en sortir. La violence et l'conflit pour refuges intempestifs. Une ombre ternie qui grandit dans un monde qui n’me mentira plus. C'qui reste. Du vide. Du rien. Du néant. Et une soif d’revanche. Sur la ville. Sur ma vie. Sur mon père.

encrypted connection
[17:55:23]@typto : g hate de grandir ptn
[17:55:29]@typto : dpouvoir me casser d'ici
[17:56:45]@_ic3_x : ca a encore vrillé??
[17:57:11]@_ic3_x : c comment
[17:58:24]@typto : borf jentend encore ma daronne pleurer et mon daron qui casse tout
[17:58:31]@typto : et toi
[17:59:01]@_ic3_x : il a encore pt un cable
[18:02:04]@_ic3_x : il est rentré vers 3 du mat et il s'est assi la sans rien dire,il puait l'alcool et je savais pas quoi faire di coup personne parlait, jte jure g l'impression que sa a duré 2h
[18:03:13]@_ic3_x : il est allé chercher son fusil dans le garage et il a totalement pete un cable jte jure
[18:03:51]@_ic3_x : ptn g vraiment cru quil allait tirer
[18:04:07]@_ic3_x : il se visaitlui-meme
[18:04:30]@_ic3_x : je suis a bout frere
[18:05:01]@_ic3_x : viens on se casse tous les deux avec la crypto on va le faire

[18:09:42]@_ic3_x : eh tu rep pas? ca va c cool si tu veux pas
[18:10:20]@typto : frere, t'es tout seul chez toi?
[18:11:04]@_ic3_x : yep ché pas ou il est encore parti ce batard pk?
[18:11:25]@typto : ptn man jsuis désolé mon pere debarque chez toi j'ai rien pu faire il ma menacé, il m'avait deja dit darreter dte parler jai du lui donner tes coordonnes faut que tu comprenne
[18:12:09]@typto : tu comprend hein? ptn jsuis desolé marl

Au confluent des pixels, absorbé par l’flash des lumières, même le gras d’la musique n’domine pas le bruit qui s’éveille d’la cuisine. Porte abattue, les semelles endurcies du type qui débarque pour m’cogner surgissent à la porte d’ma prison dorée. Derrière moi, il gueule, d’un genre poreux, d’ceux qu’ont perdu tout espoir. Mais mon r’gard n’peut pas voir ailleurs que le pseudo qui s’déconnecte du net. Yeux clos, mon corps accueille les coups, accuse les abandons et les pertes, la douleur en remous à chaques cartilages qui me cueillent. L’vide résonne à l’intérieur. De l’obscurité qui m’réconforte, j’m’abreuve. J’me love dans l’souvenir de ma mère. D’ses mots de chaleur en dernier r'cours. Unique secours sur terre, quand j’revois le brillant à ses lèvres autour d'son sourire qui livrait ses dents du bonheur.

C’jour-là, l'type a tout pris. Mes hauts et mes bas. Mes maux sans débat. La liasse enfouie au fond du tiroir, brisant dans l’remue-ménage le visage figé d’maman de l’autre côté du cadre. Ouais il a tout pris. Même mon espérance et mes croyances, les trahisons en multiplicateurs me divisant.

Âme solitaire dotée d’brouilleurs à repères sans antidote possible, aux antipodes d'l'échec d'un père. Papa sévère. Papa distant. Papa chauffeur privé d’une famille privilégiée. Papa envieux d'un luxe qu'il n’pouvait qu’effleurer. Employé malveillant, absent jusqu’à plus d’heures. Figure absente, matérialiste, et finalement c’était m’man qui se souciait d’mon avenir quand au regard d’un père la vie avait un prix. Vendu, vandale, épris de l’avarice plus que d’un fils et d’une mère, il a fini par déconner. Un pillage à découvert puis une poursuite en justice, laissant derrière lui un fils sans âme, sans être, où l’esprit s’était forgé en failles et en faiblesses.


L’orage s’étire dans ma rétine, l’électrique dont j’me vêtis me berce le crâne. Sur l’toit d’un building, ça tourne pas rond, ça tourne mal. M’man, dis-moi combien d’étages m’séparent encore d’la fin ? Parce que là, tout est allé trop vite. Tout est allé trop loin.

L’sac de came volé à la sauvette, deux types en scoot. Deux autres derrière. Territoire étranger, pas ma place ici, j’me frotte à moins frêle quitte à crever. Pas mon style, m’man, tu sais bien, mais d’puis les dettes de papa et le braquage de c’type, j’suis amoindri. Ma chair meurtrie, victime des déviances d’un paternel à la violence qu’on sanctifie, j’ai encore fui. Malgré la juge, malgré qu’il jure. J’ai encore fui, en pressant play sur l’défilé d’ma vie dans mes prunelles humides. J’ai encore fui, m’man, et j’me suis pas r’tourné, promis.

Lâchement, j’ai préféré prendre de l’altitude par l'échelle de service, une déviation au toit du monde, et quand j’les vois en bas sceller ma mort, j’me rapproche un peu plus d'ta chaleur. Aucun abri, criblé de dettes, incapable d’retourner chez mon père. Et la lune pleure sur moi, sous les étoiles muettes, j’pleure avec elle, mué dans l'froid qui cogne et m'rogne.

J’ai dormi là, nuit éphémère déclinée en tonnerre. Passé, présent, mêlé en obsession intime. Maman et moi, recroquevillés, angoisse spectatrice, papa l'index au fusil. Les pleurs en harmonie me fendaient l’cœur, alors j’ai bondi. Soumis. Dompté. Plus jamais r’commencé. Visage bleui sur les traces du lycée. Personne ne questionnait, personne ne s’questionnait. Seuls les gamins riaient.

Combien d'nuits avaient pu succéder à cet enfer toxique ?
Maman irrésistible, maman ternie. Coeur dynamite.
Et j’avais arrêté d’compter l'jour où j'suis mort de peur, c'jour où quelque chose s'est fêlé à l'intérieur.


« C’est dur d’l’oublier. C’est dur d’pas l’aimer. » Les clés sur la table au bois rongé, dans l’jus du mobilier d’la grand-mère. Yeux dans les yeux, ses paupières tombantes m’obsèdent au point d’fuir son regard. Ici, on dirait qu’l’éternité s’est arrêté au siècle dernier. Mains dans les poches, elle m’questionne. Qu’est-ce que tu vas faire ? De toi ? De lui ? C’est quoi la suite ?

C’était chez elle qu’j’me réfugiais, dans ces nocturnes hostiles où la peau chauffait et où les perles suintaient. Ses valises aux pieds d’la commode, aujourd’hui elle s’apprête à partir. Menacée elle aussi, d’m’héberger, d’me réconforter. Décidée à sacrifier la suite pour laisser cours à ma vie. Retraite au vert, signe d’aversion pour c’père qui a piétiné son unique fille.

« Pourquoi ? »
« J’me rappelle plein d’souvenirs qui pourront jamais disparaitre. Un soir à mater l’foot, c’même soir où il m’a pris dans ses bras. Nos autres soirs à s’partager la console. Nos vacances en famille, avec m’man, quand j’étais plus petit. La nuit qu’on a passée dans le garage à construire une bagnole en bois pour la compet' père-fils de l’école. Les cadeaux, la tendresse. Les photos qui restent dans les albums. Tu vois, l’genre de choses qu’on peut pas enlever à un homme… Fuck… J’le déteste. J’le déteste tellement fort. Mais j’crois bien que… j’arriverai jamais à ne plus l’aimer. » J’renifle. Infatigable. Parce qu’au fond, j’ai toujours eu envie d’me battre. D’combattre. La haine. La peine. Les coups de grâce et ceux qui ont laissé des traces. « J’ai rencontré un type à la supérette. Un peu chelou, genre. Ouais, j’sais pas, on dirait déjà un p'tit vieux, un peu comme toi t’sais. Il est venu me demander d’retaper son ordi. De récupérer des trucs. J’crois que j’vais trainer un peu avec lui. » Cal. Les Dwellers. De ces comètes qui m’traversent sans laisser d’impact. Sans faire de mal. D’ces pluies sans averses, d’ces nids sous ivresse, où s’abriter, où s’lover quelques heures, quand tout explose de l’autre côté d’la frontière.

Et elle sourit, la grand-mère.

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CHRONOLOGIE
2002 début de tout, d'un bout de rien. Londres, berceau malfamé, quartiers ruinés, l'zénith piétiné sous le soleil des 2000’s. ((naissance))
2013 // 11 ans père assoiffé, cécité cupide, destitué. Au chômage et ruiné, la foi en moins, corrompue, sous l'étendard d'une violence familiale en apogée. ((père violent))
2017 // 15 ans deuil invaincu, inachevé. mise à l'épreuve inespérée des divinités. idées noires qui s'entremêlent à l'avenir cauchemardesque teinté de harcèlement scolaire. ((mort de sa mère des suites d'un cancer))
2019 // 17 ans fugues répétitives, galères financières, aucun abri, rien qu'les emmerdes. Trafic illicite qui tourne mal et c'est son âme toute entière qui est mise à mal. ((danger de mort))
Sept. 2023 // 21 ans rédemption. déménagement, nouvel air, nouvelle ère. L'année des mains tendues et des tournants. Assez fort, Marl, pour s'en saisir. Assez fort, Marl, pour distancer l'emprise. ((rencontre avec Cal et les Dwellers))

VRAC
âme calme et timide, parfois à l'écart, parfois colérique // aime disparaitre de la société, sort souvent cagoulé ou capuché ou en bonnet // 90's gangsta // produit de la street, enfant d'la nuit, sort très tard tel un chat d'gouttière et zone dans des coins malfamés, musique dans les oreilles // Escaping reality // parle rarement yeux dans les yeux // vend ses services de hacking contre bonne paie, arnaques, bracages, chantage, c'qui trempe dans l'illégal // s'déplace soit en métro soit en bus soit en vélo // adore s'moquer des vieux en général // phobie des appels téléphoniques // a peur de donner sa confiance // passe en moyenne 8h/jour derrière un écran // il a cyberharcelé ses harceleurs du lycée et s'est lié d'amitié avec un de ces harceleurs qui subissait des violences similaires @typto // consomme d'la malbouffe à longueur de journée // claque jusqu'au moindre cents pour s'faire tatouer // tattoo FAMILY sur l'arcade pour sa filiale maternelle // peut avoir des accès de colère, des débordements émotionnels, les seuls témoins aujourd'hui sont les murs d'son appart // son premier pseudo sur le web était DarkBoi4004 // famille pauvre, il a pillé les magasins d'la ville en quête de matos électronique // assez doué dans le vol à la sauvette // 426 kills sur Call of Duty : Warzone // il a du s'battre quelques fois, mais les flashbacks d'son enfance couvée de brutalité le terrorisent toujours autant