— the way of the ghost | rumi

Identity

Prénom(s), Nom
— Ce n'est pas la première fois que les kanjis servant à l'invoquer sont remplacés par d'autres, mais cette fois le choix lui revient. La pointe de sa plume s'écrase avec ferveur sur le papier. Sa main ne tremble pas. Les gestes sont brefs, hargneux mais précis. Les ratures noircissent une page qu'elle ne s'arrêtera de remplir que lorsqu'elle aura trouvé les caractères parfaits. Ceux qui résonneront en elle, qui réussiront à capturer son âme sur le papier. Quand l'encre noire s'étire pour ne plus former que les mêmes symboles encore et encore, sa quête frénétique d'une nouvelle identité s'achève. Elle deviendra Rumi [ 流見 ], le ruisseau qui serpente à l'ombre des branchages, le cours d'eau qui s'adapte pour survivre à son environnement. Selon les jours, elle est aussi l'exil ou l'incertitude. Un être dont les contours sont flous, mais qui se bat pour exister. Le premier kanji formant le nom Nakazawa [ 半沢 ] signifie la moitié d'un tout, quelque chose d'incomplet. Le dernier symbole en serait presque l'antithèse, un rappel des marécages près desquels elle a grandi. Un écho d'un temps où elle se sentait encore entière, et qui lui semble si loin désormais.

Âge, date & lieu de naissance
— La date exacte a longtemps été dissimulée sous les mensonges. Il a fallu qu'elle l'arrache elle-même des entrailles de Hokkaïdo, une île qui l'a vu naître il y a trente-trois ans et où elle n'aurait jamais dû retourner. Là-bas, la vérité l'attendait, enfouie sous les décombres d'une maison en ruines. Celle d'une famille que l'on s'est appliqué à gommer de sa mémoire. La genèse de son histoire, partie en fumée. Elle refuse d'oublier à nouveau ; elle est née un 7 février.

Origine(s) & nationalité(s)
— Le village de pêcheurs où elle est née est resté figé en hiver. Dans les rares souvenirs qu'elle en a gardés, la neige n'arrête jamais de tomber. Il devait faire froid, le jour où on l'a arrachée à sa terre natale. Depuis les États-Unis, les rivages du Japon lui ont semblé inatteignables pendant si longtemps. Ils n'étaient qu'un mirage dans un désert de souffrance. Elle aurait dû se douter, que peu importe la vie qu'elle avait laissé derrière elle, la petite fille innocente à qui elle appartenait ne la méritait plus.

Statut civil & orientations
— Si elle a un cœur, il n'a jamais été à prendre. Rumi l'a soigneusement dissimulé, loin sous la surface d'un lac perpétuellement gelé. Elle s'est cantonnée au rôle que le clan lui a donné, répudiant tout sentiment d'une existence où ils n'avaient pas leur place. Aujourd'hui encore, elle préférait l'époque où elle se pensait incapable d'aimer. Cela aurait pu être n'importe qui d'autre, n'importe quel regard assez intense pour transpercer ses défenses. Mais c'est à cause d'elle si son cœur s'est remis à battre. Astrea s'est infiltrée dans ses veines, tel le printemps chassant l'hiver des recoins de son être sur lesquels il soufflait depuis des années. Rumi le sait, désormais ; certaines parts d'elle-même sont faites pour rester mortes.

Métier & finances
— Elle se souvient encore de la première fois qu'elle a mis les pieds dans un centre de recherche et de développement du groupe Byakuren. Elle était loin de se douter de toute l'horreur camouflée derrière les portes closes. Loin, très loin d'imaginer qu'elle sacrifierait son âme à des bourreaux en blouse blanche. Elle l'a fait, pourtant. Elle est devenue un pantin entre leurs mains assassines, la marionnette de ces monstres qui ne savaient que détruire. Et puis un jour, toute la persuasion du monde n'a plus suffi à étouffer les cris. Ils hantent encore tous ses cauchemars, qui commencent tous de la même façon. Elle court à travers des couloirs qui se ressemblent tous, les hurlements de tous ceux qui sont morts au nom de la science la pourchassant où qu'elle aille. Peu importe sa trajectoire, pour elle comme pour eux — il n'y a pas d'échappatoire. Rumi s'éveille encore trop souvent en larmes, comme si elle n'avait pas réussi à s'extirper hors de leurs griffes il y a sept ans. Sa course folle l'a menée en Angleterre, où elle se terre depuis toutes ces années. Elle ne sait plus qui d'elle ou du cirque a trouvé l'autre en premier. Tout ce dont elle se rappelle, c'est d'avoir pensé qu'elle serait plus en sécurité dans l'antre du Pandemonium que dans le monde réel. Ici, au moins, les costumes effrayants se retirent. Dans cet univers psychédélique où se mêlent l'étrange et l'horreur, Rumi est l'acrobate défiant les lois de la gravité. Prouesses aériennes qui ne lui rapportent pas autant que son ancienne loyauté, mais elle préfère vivre sur la corde raide que la sentir se resserrer autour de son cou.

Caractère
— Abîmée, ravagée par une vie qui n'a rien eu de tendre. Traumatismes qui l'ont forcée à redouter le moindre contact, à n'accorder sa confiance à personne. Des tendances autodestructrices qui la poussent à vouloir se racheter pour toutes les fautes qu'elle a commises, tout en sachant pertinemment qu'elle ne mérite aucune rédemption. Un profond dégoût d'elle-même, qu'on lui a appris à combattre ces dernières années. La sensation de ne pas appartenir au présent, d'observer le monde tourner sans elle. Distance qu'elle s'impose pour s'empêcher de trop s'attacher, là où elle sait qu'elle pourrait tout donner pour protéger ceux qu'elle aime. Mais aimer c'est souffrir, avoir des choses à perdre. Nostalgique d'une enfance bousillée, tendresse qu'elle se surprend encore à ressentir, là où elle se pense insensible. Pathophobie qui régit son quotidien, terrifiée à l'idée d'avoir à remettre les pieds dans un hôpital.

Groupe
— starved dreams.