Henry Velasquez / Thanks for heating the throne, I like it warm

I am my kingdom

Merci d’avoir accepté cette interview, M. Velasquez.

De rien, Albert, ça me fait plaisir d’être invité pour autre chose que le suicide d’un collègue pour une fois. En plus je crois qu’on va parler de mon sujet préféré.

Ah j’imagine, mais commençons avec ça : comment êtes vous devenu le représentant syndical policier préféré des londoniens ?

Franchement, vous me donnez plus de crédit que je n’en ai réellement. Je ne représente pas le syndicat majoritaire, simplement celui qui a le plus d’audience dans les media. Et, pour enchaîner, d’où vient ma popularité sur vos antennes : je pense que dans une époque aussi divisée que la notre, les gens ont besoin d’entendre des voix comme la mienne. Jeune, mais raisonnable, ferme sans être autoritaire, tourné vers les devoirs de la police mais aussi vers ceux de nos concitoyens, soucieux de protéger mes collègues et la population du mieux possible. Eh bah oui Albert, on est là pour l’anaphore pas pour l’oxymore. Un discours qui ne convainc pas la majorité de m’apprécier ne vaut même pas la peine d’être prononcé.

Vous avez défendu le retour des armes à feu pour la police municipal mais aussi un meilleur accueil pour les violences sexistes et sexuelles dans les commissariats : c’est difficile de vous attribuer une étiquette politique.

Parce que je ne suis pas un politicien, juste un policier ! Je ne serai jamais mieux payé que par un service public apprécié par toutes et tous, mon seul objectif est le meilleur pas les dernières modes polémiques. Les valeurs passent avant les petits arrangements en coulisse : c’est ça qui résonne chez le public. Prenez toutes ces conneries de film de super-héros, renversez-les et vous aurez le fond de ma pensée. De toute façon, si vous connaissez quelqu’un qui croirait dans cette merde, virez le de votre vie, il vaut rien.

Je vois. Mais pour revenir à ma première question : qu’est-ce qui vous a poussé à devenir représentant syndical ? Et même policier, d’ailleurs : ce n’était pas vraiment ce que vous étiez appelés à faire à l’origine, non ?

Vous avez tout à fait raison. J’aime pas en parler mais je suis né avec une cuillère dorée dans la bouche, une plus grosse que le micro dans lequel je parle là. J’en parle peu car ça fait des années que je n’ai adressé la parole à aucun de mes parents. Parce que je peux vous dire le goût de l’or Albert : c’est dégueulasse. On parlait de politique juste avant, bah il n’y a qu’une grande certitude que j’ai : les super-riches, comme mes parents, c’est le plus gros problème de toute la société. britannique. Alors dès que j’ai eu l’âge pour échapper à leurs mensonges, leurs magouilles, leur haine, en fait, je me suis barré. C’est ça ma seule différence avec tous les autres menteurs que tu interview Albert : la base réelle sur lequel tout beau mensonge doit se construire, la mienne elle est enchanteresse. Une simple bonne décision qui excusera tout mon égoïsme futur : comment pourrait-on m’accuser quand j’ai rejeté l’opulence héritée ?

J'imagine que ça n'a pas dû être facile, de grandir si vite, loin de toute famille. Vous estimez que c'est ce choix originel qui a fait de vous l'homme que vous êtes aujourd'hui ?

Je ne veux surtout pas que vos lecteurs pensent que je m'apitoie sur mon sort mais, honnêtement, oui : ça n'a pas été facile. J'étais seul, dans le manoir doré d'une famille qui ne voyait en moi qu'un outil en taille réduite. J'étais pas préparé, cependant, à la vraie solitude quand il n'y a plus personne. Mais c'est pour ça que j'aime l'Angleterre et, plus que tout, la police, pour m'avoir donné une chance quand personne ne le voulait. Un gosse sans famille ou sou, à la peau pas bien la même que celle de notre cher souverain, bon à rien, car qu'est-ce que vous croyez qu'ils nous apprennent à faire chez les riches : la police en a fait quelqu'un qui peut aider son prochain, protéger le peuple et rentrer fier de soi le soir. Passons, pour que la lecture soit plus agréable, sur les bijoux que j'avais dans ma poche que je m'en suis enfui et qui m'ont permis de ne jamais connaître la faim, passons sur la violence qui ne me gênait pas plus que ça, pour gravir les échelons d'une hiérarchie qui n'a rien d'un idéal méritocratique, passons sur la vraie raison de rejoindre la police, les yeux étoilées d'une nana vite oubliée mais qui admirait l'uniforme jusqu'à en oublier les fautes de l'homme dedans, leçon que j'ai gardée pour toujours. Passons et avançons : la vie attend et même moi doit avouer que les mots ne suffisent pas.  




Cite en permanence Shakespeare sans jamais avoir lu plus d'une scène   A persuadé tout le monde, dont lui-même, que ses exs étaient toutes folles   Plus d'amis imaginaires que de numéros sur sa carte SIM : c'était mignon à 13 ans, à 42 ça devient rude   Convaincu d'être un dieu au lit mais n'utilise sa bouche que pour parler   Excessivement économe, il pense qu'on va venir le chercher et le détrousser : s'il dépense c'est pour impressionner, jamais pour son plaisir à lui   Relent de darwinisme social, hait autant les privilégiés qu'il a quitté que ceux qui ne font rien pour les détrôner : n'aura aucune pitié contre l'un comme l'autre   Persuadé d'être Han Solo, à peine digne d'être Boba Fett   S'improvise allié féministe si la meuf a un undercut, défenseur de la famille traditionnelle si elle a un chignon   Les principes n'ont de valeur que pour ceux qui en ont   On lui demande si c'est pas trop cliché qu'un flic ai un berger allemand appelé Watson. Il s'en fout, il mérite plus que leur mépris