3:33 am, the barge pitches.

quand vient la nuit
Un jour, il y avait encore Gary, fumant sa clope sur le rebord de sa péniche, la barbe grise au vent et le regard aussi noir que ses iris pouvaient être clairs dissimulé par l’écran de ses paupières closes. La vie ne semblait pas avoir d’emprise sur lui, ni sur ses allures de vieux loup de mer quand, pourtant, il n’avait jamais mouillé le moindre bateau dans quelconque eau plus agitée que la Tamise. Tout était une question d’apparence, quand bien même l’affirmation lui aurait arraché un grognement mécontent. Gary Jarsdel collait bien plus à l’image de sa famille qu’il n’aurait voulu l’admettre, tentant autant qu’il était possible de le faire de s’éloigner de cette malencontreuse branche de l’arbre généalogique, fièrement affiché dans les salons des membres les plus conservateurs de cette famille. Son sens inouï du détail et du drame l’avait poussé à s’éloigner dans les plus grands extrêmes de son frère et de leurs parents. S’ils étaient pimpants, présentaient parfaitement sous tous les angles, enterrant avec ferveurs chaque squelette qu’ils semaient sur leur passage, Gary prenait grand soin de les exposer. Oiseaux, crânes de chats, ossements de serpents, tout autant de trésors qu’il chinait çà et là pour compléter sa panoplie déjà bien avancée de l’homme un peu étrange du quartier. Parmi les vestiges d’existences avortées, il dissimulait avec plus ou moins de subtilité des ossements de plâtre rappelant des formes étrangement semblables aux ossatures humaines, qui faisaient crier Julia et fascinait George, dès leur plus jeune âge. Si Allston sentait toujours bon – selon ses propres critères, l’odeur entêtante de son eau de cologne plutôt capable de malmener les sens tant elle était forte et marquée –, si ses mains étaient toujours propres et parfaitement manucurées et ses dents d’une blancheur impeccable, Gary se contentait sans mal de la fine pellicule de sueur qui se déposait sur la courbe de ses muscles, de la crasse qui se glissait sous ses ongles, et de l’impact de ses cigarettes sur la couleur de ses ratiches, travaillant avec autant de brio qu’Allston la fuyait cette allure d’excentrique, qui attirait à elle tous les regards alentours, arquant les sourcils et faisant naître quelques questions dans les esprits les plus aventureux. Il avait ses habitudes. Les tenanciers de bar le connaissaient bien, trop bien. Les commerçants du coin l’appelaient par son prénom, et même quelques gamins qui vivaient dans les rues adjacentes à son bord de Tamise passaient lui faire un signe de la main avant de partir à l’école, peu impressionnés, avec les années, par son air revêche.

Puis il n’y a plus eu Gary. Disparu, du jour au lendemain. Personne n’a compris où il était passé, jusqu’à ce que son corps ne soit repêché quelques jours plus tard, à Walton-on-Thames. On a estimé qu’il avait dérivé jusque-là, et les questions ont commencé à naître à travers les lèvres pincées du voisinage. Des théories plus folles les unes que les autres, impliquant des fantômes – ceux de toutes les bestioles dont il gardait les squelettes dans sa péniche –, des parasites, ou une alcoolémie trop élevée. Aucun bilan n’a été tiré, et l’affaire se retrouve à deux doigts d’être classée sans suite, faute de preuves ou de pistes exploitables. Il n’est simplement plus là, et le drame ne trouve aucune réponse convenable aux yeux des policiers. Meurtre, suicide, accident? A défaut de vouloir s’arracher les cheveux sur le pourquoi du comment, et encouragés à ne pas le faire par la famille Jarsdel qui semble voir en la mort de Gary la simple éradication d’un mouton noir au milieu de toute leur laine pas si blanche que ça, la Met ne déploit plus beaucoup d’efforts pour résoudre un mystère bien loin de les hanter.

Un jour, il y a eu George, fumant sa clope sur le rebord de sa péniche nouvellement héritée, ses cheveux blonds au vent et le regard aussi clair que la mer dans ses plus beaux jours, à découvert sous les yeux d’un voisinage inquisiteur. Il n’a pas pris grand-chose avec lui, n’a pas jeté grand-chose non plus. Le cabinet de curiosités de son oncle a toujours la même splendeur des meilleures heures de l’ancien collectionneur, agrémenté des trouvailles faites par l’aîné de la dernière génération des Jarsdel au fil de ses années à trifouiller et fourrer son nez dans les brocantes, les antiquaires et les ventes aux enchères. Le mouton noir a été remplacé par un autre, suscitant bien des questionnements dans sa famille autant que dans son nouveau quartier. Mais peu à peu, les tenanciers de bar ont appris à le connaître, sous ses airs angéliques de celui qui prétendra ne pas boire une goutte d’alcool, sa pinte de Guinness à la main. Les commerçants du coin ont appris son prénom, l’allongeant d’une voyelle irritante en souvenir de ses déambulations d’enfant dans le quartier, et même quelques gamins qui vivent dans les rues adjacentes à son bord de Tamise passent lui faire un signe de la main avant de partir à l’école, lorsqu’ils le voient repêcher son oreiller après avoir tenté d’assommer une mouette trop bavarde avec. On lui répète avec nostalgie à quel point il ressemble au bon vieux Gary, quand bien même il est incontestablement plus propre sur lui que son oncle ne l’a jamais été. Parfois, on se demande même s’il est dans une sorte de transition un peu étrange, entre chaque pan de sa famille, tirant à l’avance le portrait du vieil homme qu’il sera : probablement seul, à la barbe plus longue qu’elle ne l’est actuellement, continuant d’enchaîner entre les clopes et les vaporettes aux odeurs bien plus exotiques que sa vie ne le sera sans doute jamais. Et comme Gary, George s’en contente.

— dino skeleton tattoo boy —

A BIT OF TRIVIA
Craving commitment from others so bad, but absolutely unable to commit himself, fearing he would end up hurt and suffering anyway (his abandonment issues are so bad that he doesn’t let people in, even less in his love life) — Talks a lot to himself, constantly — Used to be the weird kid at school, is now the weird colleague at work — Lives in his now deceased uncle’s barge and, for the sake of humor, has a phrenology skull named like him, proudly wearing his hat and with a cigarette stuck in his mouth — Pretends he doesn’t drink, then gets drunk — Pretends he doesn’t smoke, then wakes up in the morning coughing like hell because of cigarettes or vapes — Pretends he’s fully straight, then, well — Has a big bunch of weird books, such a “cemetery symbolism, explained and developed” in three different volumes. Yes, he read them all. — His barge looks like a cabinet of curiosities, between his stuff and his uncle’s — Collects traumas like Pokemons — Says he wanna support living arts, then illegally downloads all of the National Theatre’s professionally recorded plays because he can’t afford paying for them with just his salary — Uses wiki how, first degree, way too often — Will insult you with the scientific name just so you have to Google your own humiliation (“you absolute condyloma”)  — Wrote conspiracy theories about Kate Middleton’s disappearance, just for fun, out of boredom. Doesn't regret anything. — Doomswiping instead of doomscrolling : has 257 matchs between Tinder, Hinge and Grindr, never talks to anyone — Dinosaurs > people (he has a dinosaur’s skeleton tattoo on his left bicep) — Don’t you dare calling him georgie — Doesn’t know how to drive a car, bicycles instead — Has a group of friends strangely looking like the “Losers Club” in “It” — Plays pokemon since ‘99 — Could spend hours on Minecraft, or Reddit.