Pieces of peace in the sun's peace of mind | Love Shelter

I think I think too much.

I'm going back to my roots

Robbie | Robert

Le père Shelter, professeur de biologie à l'université d’Oxford, allie intelligence et ouverture d'esprit. Il n'en est pas moins doté d'un grand sens de l'humour, ce qui lui confère un charisme indéniable. Love, sa fille, nourrit une admiration profonde envers son père, le considérant comme un modèle parfait, doté d'une ingéniosité exceptionnelle. Au-delà de sa brillante carrière académique, le professeur Shelter a occupé un rôle central dans l'éducation de Love, lui transmettant non seulement ses connaissances scientifiques, mais aussi son amour pour la recherche et son désir d'atteindre l'excellence. La dynamique de leur relation, solidement ancrée dans une complicité inébranlable, se dévoile à travers des conversations profondément axées sur la biologie, agrémentées d'ironie envers les dernières méthodes de laboratoire et d'exaspération face à la constante rupture de stock de certaines molécules pharmaceutiques.
Nul ne maîtrise les subtilités de l'âme de Love aussi intimement que son père, figure centrale de ses états d'esprit et gardien de son esprit parfois débordant d'une énergie idéelle.

Pat | Patricia

La mère Shelter, quant à elle, est infirmière de longue date au St Thomas' Hospital. Depuis quelques années, elle travaille à mi-temps afin de consacrer davantage de temps à sa passion première, la peinture, et plus spécifiquement à l'aquarelle sur toile. Pat incarne une femme intrépide, dénuée de toute peur, que ce soit face à la maladie ou à la mort. Elle éprouve une profonde admiration pour son époux et partage ses idées en raison de la fusion exceptionnelle qui définit leur couple. Sa relation avec son unique fille se vit cependant grignotée pendant des années par l’attachement excessif de Love envers le paternel, amputant l’infirmière de l’amour inconditionnel dont elle avait tant espéré durant sa grossesse, vingt-sept ans plus tôt. Néanmoins, elle demeure soutenue par l’affection de ses quatre autres enfants, avec lesquels elle entretient d’excellents rapports.

Le couple esquisse les contours d'un tableau qui s'inscrit parfaitement dans un modèle familial traditionnel. Bien que leur apparence puisse sembler presque stéréotypée, elle porte néanmoins le symbole d'une vie paisible et parfaitement ordonnée, solidement ancrée dans des valeurs traditionnelles parfois poussées à l'extrême.

La fratrie Shelter | Shelter's boys

Parmi les quatre fils Shelter, chacun couve leur seule sœur avec une affection plus ou moins marquée. Ils apprécient Love et assument leur rôle avec soin, la taquinant dès qu'ils en ont l'occasion, davantage lorsque les parents les obligent à assister aux interminables repas de famille, où Robbie prolonge ses discussions sur ses dernières lectures et où Pat s'active aux fourneaux comme si vingt personnes se trouvaient autour de sa table à manger. Compte tenu de leur statut d'enfants rois, c'est à la fille Shelter qu'incombe la tâche de débarrasser et de servir le café. Les jumeaux, les plus âgés des frères, se chargent le plus souvent de l'alcool, prélevé directement dans la réserve paternelle pour être dégusté. Le troisième enfant, le plus proche de Love, se montre plus conciliant en offrant son aide de manière ponctuelle. Quant à Robbie, il orchestre avec une habileté remarquable la gestion des relations familiales en commentant les dernières actualités et en suivant de près l'évolution de la vie de chacun. Sa capacité à maintenir une atmosphère conviviale et informelle renforce les liens qui unissent les membres de la famille Shelter. (PLs en cours de rédaction)

Val | Valery

Shelter a vingt-quatre ans lorsqu’elle entame sa résidence en chirurgie en service de chirurgie traumatologique au John Radcliffe Hospital, à Oxford. Nous sommes en 2020 et son désir de découvrir toutes les subtilités du métier dont elle a tant rêvé est à son apogée.

Au cœur du bloc opératoire, initialement reléguée à la place de spectatrice, la blonde se distingue rapidement par sa prise d’initiative, agissant toujours en accord avec ses compétences. En dehors, sa relation avec les patients est décrite comme irréprochable, établissant aisément la confiance des personnes dont elle gère les dossiers. L'étudiante démontre un dévouement exceptionnel, que l’on a parfois étiqueté d'excès de zèle, sans qu’aucune critique ne puisse être formulée à son encontre. Néanmoins, elle suscite la jalousie d’autres résidents, avec lesquels elle peine à tisser des liens. Globalement solitaire, cette situation n’affecte que très peu la jeune femme qui n’accorde de l’importance que dans les remarques que lui intiment ses supérieurs.

Les deux premiers semestres passés en chirurgie traumatologique lui ont octroyé des bases solides, lui valant une bonne réputation auprès du chef de chirurgie viscérale. Ce dernier lui offre l'opportunité d'étendre son expérience au sein de cette discipline en collaborant avec d'autres chirurgiens. En franchissant les portes de ce nouveau service, elle découvre un univers totalement différent qui lui permet de préciser ses préférences en termes de spécialisation.

Elle effectue un semestre supplémentaire en neurochirurgie où son intérêt pour le cerveau humain s’intensifie. Cette spécialité, bien que complexe, séduit Love par le challenge qu’elle représente. Cependant, l'aspect répétitif des pathologies présentes dans ce service l’ennuie rapidement, suscitant en elle le désir d'explorer d'autres domaines afin d’élargir davantage son champ de compétence.

Sa deuxième année au sein de l’hôpital public se conclut par sa participation à une opération de grande envergure, regroupant plusieurs chirurgiens de pointe. Au niveau inférieur, on compte une dizaine de personnes qui s’affairent autour du patient. Chirurgiens, anesthésistes, infirmiers, étudiants, tous coordonnent leurs efforts pour garantir le succès de cette intervention. Plus haut, derrière la baie vitrée, six paires d’yeux calculent, jaugent et examinent les gestes. Chaque coup de scalpel est minutieusement analysé et la capacité de chacun à ne pas trembler est mise à l’épreuve. Tout est passé au crible par cette équipe exceptionnellement réunie. On apprendra plus tard que c’est ainsi que les étudiants étaient sélectionnés pour le Henry J. Solter Private Health Center.

L'année 2022 signe sa rencontre avec Valery Nicholson.

There's blood on the side of the mountain

2022 | Everybody wants to rule the world

Les promesses faites quelques mois auparavant avaient été tenues: environnement de travail qualitatif, interventions passionnantes, salaire décent. Chaque critère avait été réuni pour favoriser l’épanouissement professionnel de la seule fille Shelter dont les compétences ravissaient son nouveau mentor: Valery. Elle, l’appréciait pour sa pédagogie, son sens du professionnalisme qu’elle jugeait remarquable et la manière parfaitement minutieuse qu’il avait d’opérer les patients. Elle eut l’occasion de le seconder lors d’interventions qu’elle ne connaissait pas et d’appréhender, au fur et à mesure, tous les détails qui faisaient de Nicholson un excellent chirurgien. De ses silences à la manière dont il tendait les instruments, au plissement de ses paupières quand on manquait d’aspirer le sang, à ses soupirs lorsqu’on nouait le dernier point de suture ; l’étudiante imprimait tout de lui.

Puis elle se prit de passion pour la chirurgie cardio-thoracique, faisant de cette spécialité son objectif, de Valery son modèle. Ils se complétaient avec aisance, n’avaient besoin d’aucun mot pour se comprendre et leur duo fonctionnait comme une machine bien huilée à laquelle on apportait tout le soin nécessaire. Il lui partageait ses connaissances à coups de récits enveloppés de papier doré, des étoiles dans les yeux, des diamants dans la bouche et Love buvait ses paroles avec admiration, toujours suspendue à ses lèvres comme si sa vie en dépendait. A la seconde où le médecin ouvrait la bouche, toute l’attention de la blonde était prise en otage et il lui avait suffit de quelques semaines pour qu’elle ne jure plus que par lui.  Son nom, revenant sans cesse dans ses discussions, transformait lentement son admiration en une sorte de fascination poussée à l’extrême que les frères Shelter aimaient qualifier de fétichisme dans l’unique but de voir l’étudiante s’empourprer et se parer d’une gêne palpable.

Ce fut finalement un patient qui vint se loger dans les rouages parfaitement huilés de la machine que représentaient le chirurgien et la résidente. Comme l’aurait imposé un grain de sable dans un engrenage, le mécanisme se mit à dérailler, faisant dégringoler Valery du piédestal sur lequel Shelter l’avait toujours si haut placé.


En tant qu'étudiante, Love se trouvait parfois impliquée dans des interventions qui ne relevaient pas de la chirurgie cardio-thoracique. Ces moments étaient pour elle une source d'apprentissage constant, offrant une diversité bienvenue pour éviter la monotonie des opérations répétitives. C'est ainsi qu'elle fut chargée de participer à la greffe de rein de Richard Mickaelson. Le Henry J. Solter Private Health Center était réputé pour son excellence dans ce domaine, rendant cette expérience d'autant plus incroyable. L'intervention, un véritable succès, captiva particulièrement Love, l'incitant à approfondir les dossiers des deux patients, puisque la donation avait eu lieu simultanément, dans des salles opératoires voisines. Plus tard, elle rencontra Mr. Mickaelson ainsi que son donneur qui évoluaient tous deux dans de bonnes conditions. On envisagea donc de les faire sortir de l’hôpital huit jours plus tard.

Deux jours étaient passés après la transplantation et Love imprégnait toujours les pas de Valery, marchant dans son ombre comme le voulaient leurs habitudes. Cependant, on communiqua discrètement quelques informations au chirurgien dont les détails furent dissimulés volontairement à l’étudiante, que Valery dissimula volontairement à Love. Le visage fermé du quadragénaire ne lui sembla pas habituel quand ils se précipitèrent au bloc et les questions auxquelles il ne répondait pas lui donnèrent la sensation vertigineuse de s’enfoncer dans une situation qu’elle ne pourrait pas contrôler. Elle découvrit avec effroi, sur la table, l’homme à qui on avait soustrait un rein, et qui avait récupéré en contrepartie une mort cérébrale. Les directives étaient données par Valery et il ordonna à l’étudiante de rouvrir expressément le corps déjà mutilé de l’individu qui se tenait devant eux.

Avançant dans un nuage de fumée, elle s’exécuta et ne broncha pas quand il lui demanda d’inciser une nouvelle fois le péritoine. Le chirurgien cardio-thoracique, comme son statut l’indiquait, s’occupait essentiellement des pathologies cardiaques et la direction que prenait l’opération attisa la perplexité de Shelter. Ses sourcils se froncèrent avant d’enfoncer la lame dans l’abdomen du patient et elle jeta finalement un œil à son mentor, comme pour rechercher son approbation. Elle jaugea longuement ses orbes pâles qui reflétaient une lueur profondément sombre et finit par tressauter puis s’affairer quand la voix masculine s’éleva en lui demandant de se dépêcher. Nicholson lui commanda ensuite de prélever le seul rein résiduel avant de décider de dépouiller radicalement le reste du corps. Chaque partie récupérable fut récupérée et si Shelter agissait par pur mécanisme, une rancœur particulière l’avait envahie.

Elle n’avait pas compris comment et pourquoi ils s’étaient retrouvés là. Une multitude de questionnements l’avaient assaillis sans que personne ne veuille jamais y répondre. On l’avait mise au cœur d’une situation qu’elle n’avait pas voulue et le sentiment d’avoir été contrainte la rongeait doucement, créant un fossé béant entre Nicholson et elle. L’événement avait eu l’air de ne choquer qu’elle et si le chirurgien agissait comme si rien de tout cela ne s’était passé, Love n’en fit pas tant, usant de son silence inhabituel pour ébranler volontairement la patience de son supérieur. Elle évitait stratégiquement de prendre les mêmes couloirs que lui, ne lui adressait la parole que par nécessité et le comportement de la blonde finit par excéder Valery qui la relégua à d’autres confrères, le temps, sans doute, qu’elle se remette en question quand elle était convaincue que ce n’était pas à elle de faire cet effort.

Puis le temps passa, les mots de Marlene avec lui. Anesthésiste et oreille attentive de Love, cette femme d’une douceur inouïe savait, comprenait et tentait de remettre de l’ordre dans les idées de l’étudiante. « Parfois, il faut savoir fermer les yeux, Love. » Qu’elle avait intimé, là, juste au-dessus de la photocopieuse, avant de lui asséner un demi-sourire et de tourner les talons, laissant la blonde avec son tourment personnel.

Il fallut plusieurs mois avant qu’on ne revoie la machine bien huilée qu’étaient Valery et Love au sein d’un bloc opératoire. Durant cette période, l’eau avait coulé sous les ponts, emportant avec elle la rancœur que la blonde éprouvait envers le chirurgien. Bien qu'elle ne lui eût pas complètement pardonné et qu'elle fasse occasionnellement allusion à la sensation désagréable provoquée par ladite intervention, renoncer n'avait jamais été une option pour elle. Nicholson demeurait un chirurgien exceptionnel, dont elle avait encore beaucoup à apprendre.