Nari — So comes snow after fire

Black Box

Un.

Fais attention à ne pas glisser.
Première sortie sous la neige et sur deux jambes.

Deux.

Fais attention à ne pas tomber
Premier toboggan dans le jardin. La vie les rêves, les roses.

Trois.

Fais attention à ne pas déraper.
Premier vélo avec triples roulettes pour rassurer les coeurs.

Quatre

Fais attention à ne pas crever.

Papa et maman ont eu un pneu en vrac.
Qu’ils ont dit.
Ils reviendront pas.
Ils ont répété.
Ils sont enfermés au bout du long couloir blanc.

Alors t’as voulu y aller aussi.
Et tu t’es perdue dans ce long dédale. Car c’était trop tôt. Ce n’était pas ta place; et que ces portes là; elles s’ouvriront pour toi plus tard.

Plus tard.
C’est quoi plus tard, tu questionnes.
C’est quand, plus tard ? Tu sanglotes.

Mais à cette question; personne ne sait quoi répondre.

———

Tu as 13 ans quand le ciel tombe sur tes épaules trop jeunes. Chiffre du malheur; qui glace une partie de ton âme en l’état. Une enfant qui ne bougera plus, qui sera figée dans cet hôpital; la main tendue; attendant que des paumes parentales viennent la saisir.

L’autre partie grandira dans le secret de cette vulnérabilité bien planquée; avec l’espoir de trouver un remède à cette blessure qui ne se voit pas au travers d’un nouveau cocon familial.

Des cousins; des cousines. Un oncle, une tante.
Famille modeste mais modèle; qui accepte un cinquième enfant dans leur quotidien. Ils représentent une vague de chaleur; quelque chose comme une crème anti-feu qu’on dépose sur les peaux arrachées; ça fait du bien. Ça re-donne un peu de courage.

C’était bien.
Oui.
Tellement bien.

Qu’un jour ils ont laissé leurs voix porter trop fort en te pensant déjà couchée.

Elle est bientôt majeure.
Oui, enfin.
Enfin.

Tes sourcils se froncent.

Dès qu’elle sera jugée inapte à gérer son héritage; on sera enfin libres.

Enfin libres.
Enfin.
Libres ?

Tu souris.
Alors c’était ça ? La petite étincelle dans leur regard que tu ne savais pas décrire; qui n’existait pas avant que tes parents soient morts. C’était… simplement…. La soif des grandeurs.

———

Petite fleur perd d’autres pétales ce jour là. Et la porte sera claquée sans faire de bruit. Une procédure entamée; l’appel à des forces externes pour aider « l’inapte » à gérer son patrimoine qui se chiffre en dizaines de millions.

Mais tu es jugée stable;
Tu sais le faire.
Un zeste de semblant. Une poigne d’émotions bridées. Et un joli sourire. Oh oui. Juste un sourire.

———

La fuite de mère patrie est une évidence pour les orphelins qui ont grandi comme la glycine sans tuteur. Éparpillée; tu te perds dans plusieurs villes d’Orient ou d’Occident avant d’atterrir à Londres.

Valises presque vides;
Le coeur aussi,
Et la volonté formelle d’oublier tout ce qui appartient au passé; même la richesse éternelle.

Alors tu t’égraines également dans des jobs miteux, la ville au grand clocher est idéale pour ça; pour offrir la crasse en prétendant donner de l’or. Poussière de goudron sur les doigts, hôtesse, serveuse, même mécano: C'est dans ce genre d'abysses là que tu croises un autre damné; pas pour les mêmes raisons; pas avec le même passé; mais avec ces mêmes épaules légèrement voutées qui n'assument pas certaines choses. Et la force de cette sensibilité des gens abimés: elle s'exprime sous l'éclat d'un premier échange étrange entre vous ;

Viens on en parle pas.

Et voilà; depuis; tu erres dans le dos de @kit Atwood; en harpie féroce; squatteuse de nombre de ses collocations. Jusqu'au bout; il devra supporter ta présence, tes caprices; tes injures; en petit tyran à talons hauts.

Lui trouve un début de stabilité proffesionnelle; et c'est là que tu recontres cette troupe de rue qui fait sa propre loi. Les mini gangs, mignons, pas mal intentionnés; mais agiles. Des yamakazi du big ben, chapardeurs et maraudeurs. Ils t’acceptent; te forment; et c’est en traînant dans ce milieu d’ombre et de lumière que tu apprends à manipuler les lames.

Une passion un peu étrange nait ainsi.
Culture du morbide et du danger qui signent le réveil du myocarde; qui a besoin du risque et du danger pour survivre. C’est comme ré-apprendre à marcher. Ré-apprendre à souffler. Et… Marcher face à cette voiture qui roule toujours pour te faucher; toi aussi.

Avec X, celui qui était le plus adroit dans l’art de faire peur; vous formez ce duo étrange qui tape à l’oeil. Qui est repéré. Et d’officieux; votre « talent » devient officiel. Le Pandémonium ouvre les voiles d’un chapiteau qui dénote. Il n’est pas là pour faire rêver; ce cirque. Il est là pour faire vivre.

Même si ça se fait au travers d’un coeur battu par la trouille d’une vie.

Car oui;
Ce freak show a quelque chose de beau. De dérangeant. Mais de stimulant.
C’est comme être ce bloc de glace qu’on jette dans les flammes.

On ne sent rien.
Mais on sent tout.