sissi —

all the beauty and the bloodshed
couche-tard, lève-tôt, jamais de cernes, qui sait la sorcellerie qui se cache derrière son parfait teint de porcelaine ― blonde naturelle, souvent rousse ― pant suits élégants et sexy pour les entrevues, le travail, les apparences, et pour le reste, un sac poubelle saurait être seyant sur sa silhouette élancée ― 1m78, le corps musclé des réelles sportives ― pas de drogues, mais toujours trop d'alcool qu'elle prétend bien tenir (et c'est plus ou moins vrai) ― pas de café, mais des boissons énergisantes à gogo bues à la paille (bio and sugar free, please) ― couleurs pastel pour complimenter son teint et sa chevelure, assume le girly marié à sa nonchalance typique ― s'entraîne beaucoup, souvent, réfléchit mieux en bougeant ― mange son burger et ceux de ses copines, ne se prive de rien et s'étonne (faussement) de celles qui pinaillent sur leurs assiettes ― sa carte de crédit, sa carte d'affaires, un rouge à lèvres, a-t-on besoin de plus ? ― des piercings secrets pour celles qui savent (tétons), deux tatouages discrets, les oreilles décorées de boucles d'oreille multiples

RICH GIRLS DON'T HAVE HEARTS
« Je suis très privilégiée », que dit Sissi dans une entrevue lorsqu'on évoque la fortune familiale. On admire l'aveu candide et l'étiquette de nepo baby est souvent omise lorsqu'on parle de la blonde, comme on fait la grâce d'épargner une criminelle d'une irrévocable sentence. Sissi est née dans l'opulence et a profité chaque instant des opportunités offertes, des portes ouvertes par l'argent qui coule à flots. Les meilleures écoles, les vacances dans des endroits paradisiaques, l'admiration et la haine tout à la fois. On l'envie, on l'adore, on la déteste, et la Mayfair se satisfait de tout. Ses amies n'en sont pas vraiment, mais elles sont les siennes ― possessive et proche de cette cour imparfaite où les coups de vache suivent la tendresse imprévue, celle trop souvent chargée de non-dits. Fille unique choyée par ses parents, princesse chérie de son père et poupée rebelle de sa mère.

FOOTBALL STAR
« Les autres filles préféraient l'équitation et moi, tout ce que je voulais, c'était me rouler dans la boue et taper dans un ballon », rit-elle en évoquant une enfance dorée. Il existe beaucoup de vérité dans ce que raconte Sissi, même si l'histoire est incomplète. C'est facile de devenir une joueuse étoile lorsque nos parents peuvent nous payer les meilleurs camps d'été, des entraîneurs privés, lorsque le nom fait considérer "au moins un essai" dans chaque équipe approchée, lorsque le propriétaire lit le chèque généreux signé Mayfair glissé en commandites. C'est facile d'épouser une carrière d'athlète professionnelle, de mettre de côté les études, lorsqu'on ne craint pas d'ensuite revenir à une vie lambda, sans devoir attendre la blessure pour prendre sa retraite. Le foot a été sa vie, sa déchéance, la source de tant de maux comme de beaucoup de bonheur, la raison de s'entraîner jusqu'à en vomir. Number Four, de son numéro de maillot. En souvenirs, un 4 discret tatoué, et les anneaux olympiques de ceux qui ont touché au rêve.

WOMEN
« Je n'ai jamais douté de mon identité, et j'espère inspirer plusieurs autres femmes à s'assumer », paraphrase un article publié en juin hashtag pride hashtag love is love. Sissi pose seins nus (avec du bodypaint !!) dans un magazine queer et on souligne l'audace, la bravoure, le fait qu'elle ait toujours su qu'elle était lesbienne. La seule fille qui l'a traitée de nom à l'école, lorsqu'elle a fait un coming out qui n'en était pas un, a été mystérieusement renvoyée et n'a plus jamais réussi à étudier au privé. Elle enchaîne les copines, les scandales, les flirts outrageux, on la voit pendue aux bras de chanteuses, de back dancers, on lui prête des relations avec des femmes politiques, elle est sur toutes les listes VIP des club queer, drag, kinky, on cherche un peu de son aura. Sissi parle d'un jour trouver "the one" et croit au grand amour, sans réellement mettre l'effort pour faire autre chose que passer d'un crush à un autre.

GASLIGHT GATEKEEP GIRLBOSS
« Plus que tout, j'ai à cœur que les femmes de tous horizons se reconnaissent en 4 THE GAME, ses produits et sa mission de promouvoir l'activité physique », clame la section "Notre histoire" du site Internet de 4 THE GAME. La marque d'activewear vise les sportives, les adeptes du yoga détente autant que celles de boxe compétitive, promet un soutien à toute épreuve, des tailles size inclusive, greenwash le plus évident et repose sur des ambassadrices diversifiées, souriantes et toutes très jolies. 4 THE GAME commandite des matchs de foot féminin dans des écoles défavorisées, sa fondatrice est invitée à des conférences renommées et parle avec entrain de son nouveau bébé. Un caprice, une nouvelle passion, un boulot multifonction où le risque est amorti par l'argent de Papa et où Sissi peut déléguer tout ce qu'il lui chante à des subordonné·e·s que trop content·e·s de travailler pour elle.