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spectres d'antan (genya)



Alexandria Vance
Alexandria Vance

Messages :  90
Pseudo :  lune (elle).
Faceclaim :  rose byrne.
Crédits :  maxeine ♡ (ava), self (gif).
Selfie :  spectres d'antan (genya) C6ae2a177558f86c396d8fd736f1e383fab3f576
Citation :  i don't know what it is that makes me run,
that makes me want to shatter everything that i've done

Âge :  la quarantième année dissidente et fraîche palpite dans le fond de ses prunelles.
Pronom :  elle/she.
Statut Civil :  l'alliance jetée au feu, les liens d'antan lourds de poussière, l'engagement d'autrefois balancé aux oubliettes au profit d'une volage liberté.
Occupation :  trône derrière le comptoir du Angry Sheperd, auberge sordide où fermentent fripouilles et malandrins.
In game :  
(6/6 full)
walternadewalter & kalianevelyn
mickeylery

SMS: walter

☞ dialogues: fr/eng, 3ème personne.
☞ 300 à 700 mots en moyenne.
☞ min (1) réponse par mois par rp, lente mais pleine de bonne volonté!

Triggers :  troubles alimentaires.
Warnings :  langage grossier, religion, mort parentale, abandon familial/d'enfants, violence, armes à feu, criminalité diverse.

   https://concretejungle.forumactif.com/t568-is-your-conscience-clear-driahttps://concretejungle.forumactif.com/t615-baby-we-were-born-to-


spectres d'antan;

@Genya Graveston  & @Alexandria Vance
(c) bensllo (gif)
triggers: rien à signaler


Londres est devenu un miroir. Les trottoirs reflètent les caprices célestes, crachin maussade qui dessine un halo détrempé autour des têtes nues. C'est une bruine qui colle à la peau, souille l'air qu'elle traverse pour le solidifier, enlise les humains dans une fange invisible qui ne donne qu'une seule envie : trouver refuge loin de la rosée croupissante, les mains autour d'une tasse de thé brûlante, le ronronnement d'un feu dans le dos. Ce sont ces souhaits que Dria formule en silence tandis qu'elle se faufile parmi la foule du trottoir, esquive le ballet des corolles formées par les parapluies sombres. Comme toujours, elle a oublié son pépin. Une erreur qu'elle s'est accoutumée à payer, une leçon qu'elle n'apprendra jamais malgré les nombreuses années passées en Angleterre. Elle est soulagée de reconnaître plus loin la silhouette du Angry Sheperd, esquissée par une main balourde au fin fond de la rue, l'enseigne de l'auberge tremblante sous les assauts du vent – réduite à cette distance à une malheureuse tache brune dans le paysage. La Yankee rêve de chaleur, de l'étreinte d'une couverture sur ses épaules. Elle sent les serres désagréables d'un début de rhume autour de sa gorge, en viendrait presque à regretter sa promenade, elle dont les jambes ne savent jamais se tenir immobiles, aiment tant déambuler dans les quartiers – des plus infâmes au plus gais – de cette cité qu'elle et le pater de cœur ont élu comme terrain de jeu.

Les grandes villes sous la pluie possèdent toutes la même odeur, comme si l'eau faisait remonter à la surface la pourriture, les transgressions, les odieux secrets sur lesquels elles étaient toutes construites, mélange âcre de musc et d'amertume. En ces instants, yeux clos, elle s'imaginerait presque de retour au-delà de l'Atlantique, dans les grandes avenues rugissantes de New York. Elle descend du trottoir, évite de justesse un coup d'épaule d'un passant qui ne regarde pas où il va. Un grondement lointain retentit par-dessus les toits, mauvais présage : le crachin risque de se muer en averse. D'une main lasse, elle chasse l'eau qui glisse sur son visage. Les yeux balaient la foule, guettent dans le trajet qu'il lui reste à parcourir les recoins et passages susceptibles de la soustraire au mauvais temps : store de magasin, pas de porte renfoncé dans son mur…

Dans la masse de monde informe et mouvementé, un visage jailli de la multitude, éclair soudain qui la paralyse, formule magique intimant à ses muscles de s'arrêter. Dria ne sait pas très bien si c'est la faute de cette pluie qui se glisse dans ses yeux, dégringole sur son front et l'aveugle momentanément. L'averse trouble son regard, se répète-t-elle, invente dans le décor des silhouettes qui n'existent pas. Elle cligne des paupières, fort, à se faire pleurer. Elle sait, au fond, que cela ne servira à rien, que ce n'était pas une illusion ou un mauvais tour de son esprit, que quand elle rouvrira les yeux, le visage sera toujours là.

Car c'est vraiment elle, visage autrefois allié, reconnaissable entre mille, fantôme surgit d'un antan pas si lointain. Elle est debout sur le trottoir, dans ce quartier mal famé de la capitale anglaise, un écrin répugnant qui ne sied pas à cette élégance qu'elle porte toujours.

Figée de stupeur, Dria réalise qu'elle a cessé de respirer. Elle se fait violence pour ordonner à ses poumons de reprendre leur activité, même résolution à ses gambettes réduites en coton. D'une démarche lente, elle se rapproche, l'air d'un animal sondant les alentours, prêt à prendre la fuite à la moindre alerte.
– Genya ?
Elle s'étonne d'écouter sa propre voix prononçant ce nom. Réalise avec chagrin qu'elle ne l'a pas articulé depuis longtemps.


He had a word, too.
Love, he called it.
But I had been used to words for a long time. I knew that that word was like the others: just a shape to fill a lack.  — william faulkner, as i lay dying