— test of loyalty | swann
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Rumi Nakazawa
Pseudo : halamshiral
Arrivée : 27/11/2023
Messages : 301
Faceclaim : yuka mannami.
Crédits : (av) dynamight ♡ ⋅ (icons profil) kidd ⋅ (sign) self
Selfie :
Citation : my kind of rebirth tasted like blood.
Âge : trente trois ans.
Pronoms irp : elle.
Statut Civil : célibataire, panromantique, grisexuelle.
Occupation : acrobate (aerial silks) et trapéziste au pandemonium.
Habitation : une roulotte derrière le chapiteau, à lewisham.
⸢ INVISIBLE CHAINS ⸥
In game : pas dispo (-2/3) ⋅ lente ⋅ troisième personne du singulier ⋅ longueur variable ⋅ français/anglais (petite préférence pour les dialogues en anglais) ⋅ ordre de réponse aléatoire ⋅ #536dae.
Triggers : as ⋅ scènes violentes ou nsfw trop graphiques ⋅ enterrement.
Content : trafic d'êtres humains ⋅ expériences scientifiques ⋅ essais cliniques illégaux ⋅ hôpitaux ⋅ mort ⋅ deuil ⋅ secte ⋅ endoctrinement.
there's a war in me between dark and darker, between the shadows and the things they hide.
Elle a faim, Rumi. Comme elle n'a plus eu faim depuis longtemps. Qu'importe l'heure de la journée, qu'importe ce dont elle s'empiffre, il y a un vide au creux de son ventre qui ne la quitte pas. Depuis des semaines désormais, il y a ce trou béant en elle qui grignote tout ce qu'il y a autour, comme si elle avait avalé un broyeur. Et elle ne sait pas comment l'arrêter. Elle a beau essayer de trouver l'interrupteur, rien n'y fait ; les dents tranchantes de la machine s'acharnent sur tout ce qu'elles trouvent, la démolissant de l'intérieur.
Certains jours, Rumi s'agite, incapable de rester calme quand les mâchoires mécaniques s'emballent et que tout ce qui vibre en elle fait trop de bruit. Si seulement ça pouvait se faire en silence, la destruction massive de tout ce qu'elle croyait avoir réussi à construire. Mais elle a envie de hurler dès qu'elle pense à Swann, et comment ne pas penser à lui alors qu'il est partout ?
Depuis toujours, et à jamais - c'est ce qu'elle pensait. Naïvement, comme la gamine en elle qui a toujours eu besoin de crever la gueule ouverte pour quelqu'un. Et ce quelqu'un, c'est lui. Un espèce d'abruti mal coiffé qui la salue tous les matins d'un sobriquet aussi débile qu'agaçant. Mais cette routine c'est la leur, et mine de rien ça lui manque, de bouffer la joie de vivre de Swann pour le petit-déjeuner.
Elle a faim, Rumi. Comme elle n'a plus eu la dalle depuis des années. Depuis ces heures sombres où on la gardait enfermée, dans la solitude d'une cellule blanche à s'en crever les yeux - elle le sait, elle a essayé. C'est bizarre que ça lui rappelle son enfer personnel sur le sol américain. Contrairement à là-bas, ici elle n'est pas seule. Jamais. Et même quand c'était compliqué, les premières années, ça n'a jamais été plus différent de ce à quoi elle était habituée. Non, ici, Rumi n'a jamais manqué de rien. Sous le chapiteau blanc et rouge, peu importe de quoi on est affamé, il y a toujours de quoi grignoter.
Il y a une tradition, entre les membres de la troupe. La valse des circassiens qui entrent et sortent de la petite pièce qu'ils considèrent comme leur salon-cuisine-tout-à-la-fois, déposant des cookies sur la table pour arracher un sourire à ceux qui les trouveront. Et quand le plat est vide, quelqu'un d'autre apporte ce qu'il a cuisiné. C'est souvent trop sucré, parfois cramé. C'est le goût préféré de Rumi, celui des choses préparées avec le coeur.
Elle a faim, Rumi. Alors elle se faufile jusqu'à la cuisine, aujourd'hui encore, réveillée avant l'aurore par ce vide qui la ronge et qu'elle ne sait plus comment combler. Elle jette des regards furtifs dans les parages, vérifiant que la voie est libre. Et lorsque son regard se pose sur la silhouette de Swann, elle hésite. Son coeur se contracte dans sa poitrine, broyé comme tout le reste. Devant elle, la confiance qu'ils se vouaient - déchiquetée en un millier de morceaux qui s'étalent entre eux, comme un champs de mines.
Elle soupire, lasse de n'être qu'un pion dans toutes les guerres qu'on lui a imposées. C'est douloureux, parce qu'elle a toujours cru avoir voix au chapitre, avec son Loyal. Mais il a pris les armes avant même qu'elle n'ait le temps de réaliser qu'ils étaient en guerre. Il le veut, son grand danseur, son "it's Chance Damasio, darling!" - comme si ça voulait dire quoi que ce soit pour elle, qui a porté tant de noms qu'elle a oublié le premier qu'on lui a donné. Elle, elle n'a jamais été personne. Alors pourquoi est-ce qu'il l'a gardée ? Combien de temps avant qu'il ne réalise que des Chance Damasio, il peut en décrocher à la pelle maintenant que le cirque possède une telle renommée ?
Oui, Swann le veut, son grand nom, son artiste officiel, celui qui a le sceau d'approbation du jury. Il le veut si fort qu'il n'a plus de place pour la vouloir elle. Alors autant profiter encore un peu, s'approcher du soleil en quête d'un peu de chaleur, avant l'éclipse qui menace d'engloutir son coeur. Rumi s'avance, discrète, comme toujours. Il ne l'entend jamais, mais il sait qu'elle est là. Une sorte de sixième sens qu'il partage avec Natsuo. Deux êtres pour qui elle donnerait tout, même s'il ne lui reste plus rien. Que des lambeaux d'elle-même qu'elle leur jette en pâture, se demandant pourquoi ils s'obstinent à les ramasser si tendrement.
L'acrobate se hisse jusqu'au pot de biscuits, tendant la main pour en attraper un. Son ventre se tord, ça se rebelle à l'intérieur, essayant de lui faire comprendre, de lui faire admettre ; c'est pas ça dont tu as besoin Rumi, retourne-toi et tu sauras. Ce qu'il lui faut est juste là, dans son dos - elle le sait, au fond, même si elle n'est pas prête à l'admettre. Elle croque dans son cookie, le regard noir et triste, si triste qu'elle se demande comment il a pu ne pas le voir, Swann. Elle jette un oeil vers la sortie. Elle hésite. Bon sang, ce qu'elle déteste hésiter. Frustrée - contre elle-même, contre lui, contre la terre entière - elle finit par se retourner et se diriger droit vers la table. Sans se poser de questions, elle tire une chaise et s'installe à la droite de Swann, les jambes pliées, ramenant les genoux vers sa poitrine comme pour l'empêcher d'entendre son coeur qui bat. C'est pas pour toi, Loyal. C'est pas parce qu'il a peur de te perdre que mon coeur s'emballe comme ça.
Certains jours, Rumi s'agite, incapable de rester calme quand les mâchoires mécaniques s'emballent et que tout ce qui vibre en elle fait trop de bruit. Si seulement ça pouvait se faire en silence, la destruction massive de tout ce qu'elle croyait avoir réussi à construire. Mais elle a envie de hurler dès qu'elle pense à Swann, et comment ne pas penser à lui alors qu'il est partout ?
Depuis toujours, et à jamais - c'est ce qu'elle pensait. Naïvement, comme la gamine en elle qui a toujours eu besoin de crever la gueule ouverte pour quelqu'un. Et ce quelqu'un, c'est lui. Un espèce d'abruti mal coiffé qui la salue tous les matins d'un sobriquet aussi débile qu'agaçant. Mais cette routine c'est la leur, et mine de rien ça lui manque, de bouffer la joie de vivre de Swann pour le petit-déjeuner.
Elle a faim, Rumi. Comme elle n'a plus eu la dalle depuis des années. Depuis ces heures sombres où on la gardait enfermée, dans la solitude d'une cellule blanche à s'en crever les yeux - elle le sait, elle a essayé. C'est bizarre que ça lui rappelle son enfer personnel sur le sol américain. Contrairement à là-bas, ici elle n'est pas seule. Jamais. Et même quand c'était compliqué, les premières années, ça n'a jamais été plus différent de ce à quoi elle était habituée. Non, ici, Rumi n'a jamais manqué de rien. Sous le chapiteau blanc et rouge, peu importe de quoi on est affamé, il y a toujours de quoi grignoter.
Il y a une tradition, entre les membres de la troupe. La valse des circassiens qui entrent et sortent de la petite pièce qu'ils considèrent comme leur salon-cuisine-tout-à-la-fois, déposant des cookies sur la table pour arracher un sourire à ceux qui les trouveront. Et quand le plat est vide, quelqu'un d'autre apporte ce qu'il a cuisiné. C'est souvent trop sucré, parfois cramé. C'est le goût préféré de Rumi, celui des choses préparées avec le coeur.
Elle a faim, Rumi. Alors elle se faufile jusqu'à la cuisine, aujourd'hui encore, réveillée avant l'aurore par ce vide qui la ronge et qu'elle ne sait plus comment combler. Elle jette des regards furtifs dans les parages, vérifiant que la voie est libre. Et lorsque son regard se pose sur la silhouette de Swann, elle hésite. Son coeur se contracte dans sa poitrine, broyé comme tout le reste. Devant elle, la confiance qu'ils se vouaient - déchiquetée en un millier de morceaux qui s'étalent entre eux, comme un champs de mines.
Elle soupire, lasse de n'être qu'un pion dans toutes les guerres qu'on lui a imposées. C'est douloureux, parce qu'elle a toujours cru avoir voix au chapitre, avec son Loyal. Mais il a pris les armes avant même qu'elle n'ait le temps de réaliser qu'ils étaient en guerre. Il le veut, son grand danseur, son "it's Chance Damasio, darling!" - comme si ça voulait dire quoi que ce soit pour elle, qui a porté tant de noms qu'elle a oublié le premier qu'on lui a donné. Elle, elle n'a jamais été personne. Alors pourquoi est-ce qu'il l'a gardée ? Combien de temps avant qu'il ne réalise que des Chance Damasio, il peut en décrocher à la pelle maintenant que le cirque possède une telle renommée ?
Oui, Swann le veut, son grand nom, son artiste officiel, celui qui a le sceau d'approbation du jury. Il le veut si fort qu'il n'a plus de place pour la vouloir elle. Alors autant profiter encore un peu, s'approcher du soleil en quête d'un peu de chaleur, avant l'éclipse qui menace d'engloutir son coeur. Rumi s'avance, discrète, comme toujours. Il ne l'entend jamais, mais il sait qu'elle est là. Une sorte de sixième sens qu'il partage avec Natsuo. Deux êtres pour qui elle donnerait tout, même s'il ne lui reste plus rien. Que des lambeaux d'elle-même qu'elle leur jette en pâture, se demandant pourquoi ils s'obstinent à les ramasser si tendrement.
L'acrobate se hisse jusqu'au pot de biscuits, tendant la main pour en attraper un. Son ventre se tord, ça se rebelle à l'intérieur, essayant de lui faire comprendre, de lui faire admettre ; c'est pas ça dont tu as besoin Rumi, retourne-toi et tu sauras. Ce qu'il lui faut est juste là, dans son dos - elle le sait, au fond, même si elle n'est pas prête à l'admettre. Elle croque dans son cookie, le regard noir et triste, si triste qu'elle se demande comment il a pu ne pas le voir, Swann. Elle jette un oeil vers la sortie. Elle hésite. Bon sang, ce qu'elle déteste hésiter. Frustrée - contre elle-même, contre lui, contre la terre entière - elle finit par se retourner et se diriger droit vers la table. Sans se poser de questions, elle tire une chaise et s'installe à la droite de Swann, les jambes pliées, ramenant les genoux vers sa poitrine comme pour l'empêcher d'entendre son coeur qui bat. C'est pas pour toi, Loyal. C'est pas parce qu'il a peur de te perdre que mon coeur s'emballe comme ça.
@Swann Fowler — mars 2024
You know I've always been your favourite daughter. Everything I thought I knew has fallen out of view. And if I run fast enough, could I break apart as empires crumble and cathedrals flatten in my heart?
Swann Fowler
Pseudo : Salaï (any)
Arrivée : 22/05/2024
Messages : 268
Faceclaim : Ben Whishaw
Crédits : kawaiinekoj (avatar), Loïc Nottet (citation), suskind (selfie & ban)
Selfie :
Citation : Envie d’aimer bien plus qu’un instant sur scène
Envie d’être une étoile qui luit d’elle-même
Envie d’être une étoile qui luit d’elle-même
Âge : Des étoiles dans les yeux depuis (( QUARANTE-TROIS )) ans et toujours rien pour lui faire entendre que le ciel qu’il vénère est peuplé de lueurs funèbres.
Pronoms irp : C'est un (( IL )) ouvertement efféminé qu'il arbore, passion chevillée au corps pour les virilités plurielles.
Statut Civil : Toujours (( CÉLIBATAIRE )), le papillon butine sans s'attarder.
Occupation : Mille métiers en un, (( M. LOYAL )) aux yeux du public et chef d'orchestre en coulisse, il fait battre le cœur du (( PANDEMONIUM )).
Habitation : Rien de fixe, comme à peu près tout dans sa vie ; seule une roulotte comme les autres à (( BLACKHEATH )) l'ancre à un lit.
☆ touched by sun
Triggers : À discuter en amont.
Content : Burn-out, armes à feu, traumatisme
(( @rumi nakazawa ))
L’angoisse noue sa gorge et lie sa langue. Le bavard s’est soudain tu derrière l’écran de son téléphone saturé de (trop) longs messages, recueilli par les bras familiers de Tech pour ne pas cuver son désespoir seul. Il se revoit assister, impuissant, à la chute – le cœur dans l’estomac, l’estomac dans les talons, puis tout ce qui est remonté dans sa gorge et a débordé par ses yeux. Le risque a toujours fait partie du métier, mais il n’était pas préparé ; en réalité, Swann n’a jamais été préparé à la moindre violence. Il ne l’affronte pas, il la subit en silence. C’est un être de douceur et de chaleur, ébranlé facilement, ému sincèrement. On le pense solide comme un roc – et par certains aspects, rien n’est plus vrai –, mais son palpitant est fragile comme de la glace ; l’aspect d’un diamant et la matière friable du givre. Parfois, il lui semble que ce soleil dont on lui prête volontiers la lumière n’est rien de plus qu’une lampe artificielle destinée à masquer combien il n’est qu’une coquille usurpatrice ; la poitrine creuse et le crâne vide – la parole nébuleuse, mais l’âme trou noir. Le comédien présente bien, peut-être. L’homme n’est pas à la hauteur, pourtant.
Piètre Loyal déloyal que celui qui déçoit ses artistes, incapable de les protéger et d’anticiper leurs envies. La renommée du Pandemonium le dépasse, désormais. Il ne s’en sent plus capable, de le porter à bout de bras, le sourire aux lèvres ; d’assurer qu’il s’en charge, qu’il s’occupe de tout ; père démissionnaire, au fond. Son dernier coup d’éclat de papa poule s’est soldé par une guerre larvée, froide comme le regard que Rumi lui a jeté lorsque Chance a débarqué. Le sourire fier plaqué sur sa face de clown est lentement descendu de son piédestal, bousculé par une vérité qu’il a parfois du mal à appréhender ; cette façon quelquefois odieuse qu’il a de penser qu’il peut tout régler de son propre chef, quitte à ne pas consulter la première intéressée. L’égocentrisme l’étrangle, aujourd’hui. Le regret lui monte aux lèvres comme l’écume écœurante d’une mer déchaînée.
Il connaît sa Rumi, pourtant. Est quand même parvenu à la décevoir. Fowler sait qu’elle se tait, qu’elle enfouit, qu’elle fuit – c’est une survivante, pas une vivante. Quand bien même il sait profondément qu’ils n’évoluent pas dans la même réalité, qu’ils n’ont pas fréquenté – éprouvé – les mêmes mondes, il parvient encore à tirer à côté. Le maître d’orchestre voulait anticiper, combler ce vide qui ne peut que la blesser plus encore ; lui donner matière à travailler, à détourner ses pensées de l’accident. Et pas avec n’importe quel partenaire ! Quelqu’un à sa mesure, à sa hauteur. L’échec lui dévore la langue comme l’acide de son estomac qui se contracte à chaque fois qu’il touche la nourriture du bout de sa fourchette. Il a merdé.
Un soupir. Il abandonne l’assiette intouchée pour se concentrer sur la maquette du numéro des acrobates. Ça aussi, ça lui retourne le bide. Et il en retourne aussi le document et son téléphone qu’il envoie valser à l’autre bout de la table dans un geste d’humeur qui ne lui ressemble pas. Sa bouche tremble, il la pince, ravale le sel qui lui pique les yeux et la gorge. La culpabilité le consume tout entier ; l’impression qu’il enchaîne les faux pas, les erreurs d’inattention, les approximations leste sa cage thoracique d’un poids de métal. Comment demander à ses protégés de faire leur travail quand il est incapable de faire le sien correctement ? Il y a toujours eu une part de jeu, de performance dans le rôle du leader – celui qui entraîne les autres à sa suite, insuffle l’énergie et le courage ; celui qui ne doute pas, jamais. Swann a accepté de taire ses propres inquiétudes pour incarner ce personnage. Mais aujourd’hui, le costume ne lui va pas – plus.
Une drôle de sensation le fait se redresser et essuyer précipitamment ses yeux pathétiques. Il la sent, il la sait ; derrière lui ou aux alentours, silencieuse comme une chatte qui se fond dans la nuit. Il a beau faire jour, Rumi n’en reste pas moins maîtresse de ce corps plus instrumental qu’organique. Loyal ne se retourne pas, bien content de bénéficier d’un laps de temps pour chasser les paillettes coulées et le khôl dégoulinant afin de se refaire une beauté. Seul le bruit de doigts fouaillant dans le pot de cookies lui indique qu’elle n’est pas partie. Et lorsqu’il s’apprête à se retourner, une fois sa dignité – s’il en a déjà eu une un jour – recouvrée, la chaise à sa droite s’anime, avant d’être revendiquée par Nakazawa elle-même. Elle ne dit rien. Lui non plus. Il l’observe, yeux de cabot tristes, se recroqueviller sur son siège comme pour se protéger de ses mots. Ça lui brise le cœur, dans un bruit qui ne s’entend pas mais se voit.
Fowler ouvre la bouche, la referme ; soupire. Ses doigts se tendent pour attraper un bout de sa manche avec légèreté ; pas d’emprise, pas de prise, rien que le brossage doux de la pulpe des doigts qui assurent sa chaleur à cette créature qui n’apprécie pas être piégée ou touchée. Il est censé l’écouter, mais il ne peut pas s’en empêcher. Ses lèvres laissent passer un filet de voix cassé : “You know how much I love you, right?” Swann n’a jamais eu peur d’aimer ; encore moins de le dire. Il aime comme un enfant ; dévotion, émotion, passion – une quasi-absence de conditions. Rumi, c’est son étincelle. Il la chérit dans le creux de ses paumes presque closes, comme on a peur que la dernière allumette s’éteigne et n’illumine jamais la nuit de son feu. Malgré tout, il est parvenu à la blesser. Il le lit dans ses épaules voûtées, dans ses yeux noir désespoir, dans son mutisme inhabituellement neutre. “I’m sorry I hurt you. I—” Il se mord les lèvres, se frotte les yeux d’une main moite. La lassitude braque des projecteurs crus sur le violet qui épouse ses yeux et gonfle deux poches fatiguées. “I should’ve not presented you Chance without asking. I thought you would be thrilled and maybe… I don’t know, maybe I thought he could’ve brought you joy after the accident. But I was wrong, obviously.” Inconsciemment, ses doigts se resserrent sur le tissu de sa manche. “I can’t retake my mistake, but I could promise you I’m not gonna do this again.” Ses yeux cherchent les siens, un peu trop brillants. “You’re my family. I don’t want to hurt you anymore. And I want to listen what you have to say. Please.”
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-- l’étoile se rêve
Rumi Nakazawa
Pseudo : halamshiral
Arrivée : 27/11/2023
Messages : 301
Faceclaim : yuka mannami.
Crédits : (av) dynamight ♡ ⋅ (icons profil) kidd ⋅ (sign) self
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Citation : my kind of rebirth tasted like blood.
Âge : trente trois ans.
Pronoms irp : elle.
Statut Civil : célibataire, panromantique, grisexuelle.
Occupation : acrobate (aerial silks) et trapéziste au pandemonium.
Habitation : une roulotte derrière le chapiteau, à lewisham.
⸢ INVISIBLE CHAINS ⸥
In game : pas dispo (-2/3) ⋅ lente ⋅ troisième personne du singulier ⋅ longueur variable ⋅ français/anglais (petite préférence pour les dialogues en anglais) ⋅ ordre de réponse aléatoire ⋅ #536dae.
Triggers : as ⋅ scènes violentes ou nsfw trop graphiques ⋅ enterrement.
Content : trafic d'êtres humains ⋅ expériences scientifiques ⋅ essais cliniques illégaux ⋅ hôpitaux ⋅ mort ⋅ deuil ⋅ secte ⋅ endoctrinement.
there's a war in me between dark and darker, between the shadows and the things they hide.
“You know how much I love you, right?” C'est à la fois la meilleure et la pire des façons de briser le silence. La meilleure, parce que c'est exactement ce qu'elle a besoin d'entendre ; une confirmation, une preuve qu'elle n'a pas halluciné les sept dernières années, que leur amitié a compté pour quelque chose, même s'il ne devait en rester que des cendres après le passage de la tornade Damasio. La pire, parce qu'elle réalise qu'elle n'arrive pas à y croire, pas aujourd'hui, pas comme ça.
C'est facile pour Swann, de lâcher ces mots-là. Trois petits mots qu'il prononce à longueur de journée. Trois petits mots qu'elle l'a entendu murmurer à Tenoch de mille façons différentes, mais aussi au chauffagiste qui leur a sauvé les miches l'hiver dernier. C'est facile pour Swann, elle l'a déjà remarqué.
Parfois elle voudrait pouvoir le lui dire aussi, sur ce même ton bourré d'affection qu'il a déjà utilisé avec elle. Mais c'est comme si une fois dans sa bouche à elle, les mots n'avaient pas la même saveur. Comme si elle n'avait pas le droit de les prononcer, parce qu'ils feraient éclater la bulle dans laquelle elle s'est réfugiée toutes ces années. Ils auraient trop d'impact, ils rendraient son attachement aux autres trop réel. Seulement Rumi finit toujours par perdre les gens qu'elle aime ; alors le leur avouer, ça serait les condamner.
Et puis parfois, elle voudrait que Swann soit plus regardant aux mots qu'il utilise, lui aussi. À trop les répéter, ils risquent de finir par perdre de leur valeur, par ne plus sonner vrai. Et elle a besoin qu'ils sonnent vrai, en particulier aujourd'hui. Mais quelque chose l'empêche de les attraper au vol, d'en accepter la signification pour ce qu'elle est - une preuve, limpide, indéfectible, de tout ce qui les relie l'un à l'autre. Ce matin, Rumi a l'impression qu'il pourrait le lui dire dans toutes les langues du monde, il n'y en aurait aucune pour franchir la barrière de son cœur.
Elle l'écoute quand même, parce qu'elle l'écoute toujours, même quand elle fait semblant du contraire. Même quand il n'a rien à dire d'intéressant, quand il a juste besoin d'une oreille attentive pour se sentir aimé, ou quand il croit parler dans le vide ; elle, elle est toujours là, à récolter chaque confidence pour les semer dans leur jardin secret. Elle s'en est occupée longtemps, Rumi ; elle a regardé les germes pousser, elle a arrosé chaque bourgeon jusqu'à les voir fleurir, les jolies roses de leur amitié. Elle a vu les premières mauvaises herbes pointer le bout de leur nez, et elle n'a pas réagi à temps. Désormais tout le parterre est infesté.
Elle l'écoute jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'il réclame son contact, jusqu'à ce que ses yeux appellent les siens si fort qu'elle a du mal à ne pas tourner la tête. Alors elle ferme les siens, parce qu'elle n'est pas encore prête à le regarder en face. Il s'est excusé, au moins. Il ne sait même pas vraiment pourquoi, mais il l'a fait ; elle suppose que c'est mieux que rien.
Quand il lui dit qu'il veut comprendre, qu'il veut qu'elle lui dise les choses, elle songe que pour une fois, elle a envie de lui répondre. Pour une fois, Swann Fowler n'aura pas à deviner qui est Rumi Nakazawa. Elle va lui expliquer. “Okay.” Elle prend une large inspiration, avant de rouvrir les paupières. Elle a les mains tremblantes quand elle plonge ses yeux noirs dans les siens, l'intimant en silence de venir y rallumer toutes les étoiles. “I will talk for a long time. And this time, you will listen.” Son accent est à couper au couteau, ressortant toujours plus fort lorsqu'elle lutte pour ne pas se laisser submerger par l'émotion. La déclaration est solennelle ; elle revêt une importance qu'elle n'a pas besoin de lui expliquer, pas à lui. Il la connaît assez pour savoir qu'elle utilise ses mots avec parcimonie. Mais elle a une voix, Rumi ; et peut-être que l'heure est venue de le lui rappeler.
“This isn't about Chance. Not really.” Elle admet, parce qu'il faut bien démarrer quelque part. Ce n'est pas qu'il ait choisi Chance, qui l'a dérangée au départ. Elle aurait même pu s'en réjouir, dans d'autres circonstances. Certes, elle le trouve envahissant ; il est trop bruyant, trop souriant, trop à l'affût du moindre de ses regards, comme un labrador réclamant l'attention de son maître. Mais elle n'est pas aveugle, elle a remarqué qu'il était aussi d'une gentillesse infinie, que c'était quelqu'un d'attentif et d'attentionné. C'est bien pour ça qu'il mérite mieux qu'elle, une sale harpie dont la proximité ne lui rapportera que deux jambes brisées et six mois d'hospitalisation. Chance est extrêmement agaçant, mais elle aurait fini par l'adopter. Non, ce n'est pas ça le fond du problème. “When I came to you that night, I was hurt because you didn't consult me. I was directly involved, yet you didn't ask for my opinion. I felt like... like you betrayed me, like you didn't care what I could think, or want, or feel. I tried to think of a reason - any reason - that could explain your decision, and when I couldn't find any, there were these awful thoughts that kept running free into my mind.” Sa gorge se noue, sous la peur, sous la honte - elle n'est pas certaine de pouvoir les dissocier l'une de l'autre.
Elle cherche à lui expliquer, à mettre les mots sur ce qu'elle a ressenti le soir où elle a appris qu'il avait embauché quelqu'un dans son dos. Les mots, ces fichus mots qui lui restent calés dans le coeur. Elle déglutit, resserrant un peu plus ses genoux autour d'elle-même, comme pour se barricader contre les monstres qui s'apprêtent à déferler droit sur elle. “There are things I learned from my world, you know.” C'est difficile, d'en parler. Comment décrire ce qu'elle a vécu à quelqu'un qui n'était pas là, dans cette cage qui a fini par se déplacer partout avec elle ? Elle revient aux origines, Akemi. Le prénom brûle dans sa mémoire, d'un feu vif et impossible à étouffer. Elle se souvient des premières années, de sa formation, de ce à quoi on la destinait au départ ;une vie entière à ployer l'échine pour satisfaire les hommes gravitant autour de la secte. “One of them is that when men want something, they take it. They don't need permission. They just take, and take, and take, until they are either bored or satisfied." Inévitablement, elle pense à Izumi et son coeur explose en un millier de petits morceaux. Izumi, qu'ils ont voulu détruire avec elle. Izumi, qu'elle a laissée là-bas. Izumi, qui s'abîme encore entre les mains de tous ces monstres qu'Akemi a réussi à fuir. Elle a la gorge nouée, les mots lui brûlent la langue comme si on y déversait de l'acide. Elle pense à Izumi et sa voix se brise. “What women want is irrelevant.”
Elle rassemble ses pensées, avant de perdre le fil. Elle a des choses à dire, Rumi. Bien plus qu'elle ne l'aurait imaginé. “We were supposed to be a team, yes? It's always been you, Tenoch and me, from the very beginning. It's always been us against the world. So, I wondered... Why didn't you consult me? Is my voice less important than Tenoch's? Would you have done the same if you had to find him an assistant? And then I felt guilty, because I thought, 'no, my Loyal isn't like that! this isn't the world I used to know.'” Elle a essayé de trouver un sens au silence de Swann, de se dire qu'il n'avait pas pensé à mal ; qu'il l'avait juste fait, c'est tout, comme il fait tout le reste - inconsciemment, dans une nuée de bonnes intentions et de preuves nébuleuses d'affection. “But then I came to you, hoping to understand, and I tried to tell you that I was lost and hurt and that I needed you to remind me, remind me that- that you are not like them. That this was just a misunderstanding.” Ses phrases s'embrouillent, son anglais s'emmêle. Comment il fait Swann, pour parler si fort, si longtemps ? “I tried to tell you everything but you- you wouldn't listen. It's like you couldn't hear me anymore, all you did was keep shouting that name, like it meant something bigger than I could understand. Bigger than the fact that I was hurt. Bigger than our trust.”
Oui, elle a essayé de comprendre, Rumi. D'expliquer le geste de Swann de mille façons différentes, mais les doutes et les angoisses ont pris le dessus. Et puis les monstres de son passé ont fait le reste, comblant les trous béants dans les justifications qu'elle peinait à trouver au comportement de Loyal. “So I shut down. Because this is what I know. Because when men want something, it doesn't matter what women think; they take it.” Elle ferme les yeux, chassant le visage couvert de larmes d'Izumi de son esprit. Elle n'a pas la force de penser à elle - ni maintenant, ni jamais. Quand elle rouvre les paupières, son expression s'est durcie, les fantômes de New York plus vibrant que jamais au fond de ses yeux. “You wanted "Chance Damasio", so you forced me to work with him.”
Elle finit par poser la tête sur ses genoux, fixant le vide droit devant elle. “If you had asked me that night, if you- if you'd listened, I would have told you. I would have told you that I wasn't ready, that it was too soon, that I could still hear my partner's bones crack when I try to fall asleep.” Swann lui a dit d'arrêter de s'en vouloir, mais ce n'est pas comme si elle pouvait tirer sur la prise et débrancher son cerveau. La culpabilité est là, tapie dans l'ombre. Elle la guette, attendant le moment propice pour frapper. Elle revient toujours l'envahir de la plus vicieuse des manières, s'infiltrant sous ses os comme une brise glaciale de janvier. “But you did not want to listen, did you? What you wanted was Chance Damasio, and so you shall have him.” Elle repense à leurs messages de la veille, à son 'as you wish, Loyal' qui prend tout son sens désormais. “I kept thinking that it would pass, that this feeling of... I don't know, that weird feeling, would go away. I did not like thinking like this, like you were similar to... other men I've known. I did not like the memories it brough back. I tried to calm myself down, because maybe I was being unreasonable, you know? Maybe that wasn't such a big deal. Then I'd get angry at myself, because it was a big deal. You went behind my back. You betrayed my trust.” Sa voix s'éraille en prononçant la dernière phrase. Ses yeux se mettent à lui piquer, elle sent un océan de larmes déborder en elle et elle a oublié comment nager. “And then you kept yelling at me last night, saying how badly I treated Chance. I don't know what he told you, but I've only been ignoring him. I didn't insult him, I didn't criticise his technique, and I haven't even stabbed him a little yet. I just didn't want him near me, was that such a terrible crime? Apparently, it was. I just had to make the new guy at ease, hadn't I? Even if I never agreed to working with him in the first place.”
Ses yeux brillent aussi fort que ceux de Swann, désormais. Plus tard, elle lui en voudra pour ça aussi - injustement, elle le sait. Elle déteste qu'on la voie si vulnérable, et elle déteste encore plus quand c'est devant quelqu'un dont elle n'a jamais eu à se cacher - ça ne fait que lui rappeler à quel point elle a merdé, elle aussi, à garder jalousement ses sentiments pour elle. Maintenant, elle ne sait plus comment les contenir, comment les empêcher de déferler sur le monde en une vague destructrice. Elle redresse la tête, le coeur au bord des lèvres. “But it doesn't matter what I want, right?” Formatée par tout ce que la secte lui a inculqué, gamine dont on a bourré le crâne d'un ramassis de conneries pendant des années. Et en cet instant précis, elle ne sait plus ce qui est vrai, ce qui est faux ; où s'arrête son cauchemar, où commence le rêve qu'elle a écrit avec Swann. Sa voix tremble, son regard aussi, quand elle répète une dernière fois ; “Because when men want something, what is there for me to do?”
Elle ravale son chagrin, renferme les souvenirs dans ce coffre fermé à double tour qu'elle garde enfoui au fond d'elle-même. Elle voudrait lui attraper la main, la serrer dans la sienne, comme pour s'excuser de penser tout ça, comme pour lui dire qu'elle sait, oui, elle sait, en temps normal, qu'il n'est pas comme eux. Il ne pourrait pas être plus différent de tous les spectres de son passé, son Loyal adoré ; il est lumineux, splendide, généreux. Il est bourré d'imperfections, pourtant il ne pourrait être plus parfait à ses yeux.
Elle voudrait lui prouver tout ça, mais ses mains restent accrochées à ses propres vêtements, crispées en un rempart autour d'elle-même. Elle ne sait pas comment le lui montrer, et un autre jour elle ne l'aurait pas dit non plus. Mais aujourd'hui elle a promis, alors elle parle, encore, sans savoir où elle trouve encore la force d'aligner deux phrases. “And I feel so guilty, for thinking that you could ever be like that. Because I know you, I know you, I do.” Et pourtant, pour la première fois depuis des années, les monstres ont gagné. Ils ont réussi à la faire douter. “But I've been silent for weeks now, and you didn't seem to care.” C'est évident qu'elle n'ose pas demander, Rumi. Elle n'ose pas poser cette question qui la taraude, celle qui a tout déclenché. Why didn't you check with me first? Parce que si ce n'est pas ce que ses angoisses lui ont soufflé, alors pourquoi ?
Elle détourne les yeux, épuisée - par leur querelle, par son monologue. Par elle-même. “So when you act like that, Loyal, the answer is no - I do not know how much you love me.” It only makes me think of people who don't. Elle le fixe droit dans les yeux, toute la fragilité de son âme remise dans le creux de ses mains, tandis que sa voix s'éteint.
C'est facile pour Swann, de lâcher ces mots-là. Trois petits mots qu'il prononce à longueur de journée. Trois petits mots qu'elle l'a entendu murmurer à Tenoch de mille façons différentes, mais aussi au chauffagiste qui leur a sauvé les miches l'hiver dernier. C'est facile pour Swann, elle l'a déjà remarqué.
Parfois elle voudrait pouvoir le lui dire aussi, sur ce même ton bourré d'affection qu'il a déjà utilisé avec elle. Mais c'est comme si une fois dans sa bouche à elle, les mots n'avaient pas la même saveur. Comme si elle n'avait pas le droit de les prononcer, parce qu'ils feraient éclater la bulle dans laquelle elle s'est réfugiée toutes ces années. Ils auraient trop d'impact, ils rendraient son attachement aux autres trop réel. Seulement Rumi finit toujours par perdre les gens qu'elle aime ; alors le leur avouer, ça serait les condamner.
Et puis parfois, elle voudrait que Swann soit plus regardant aux mots qu'il utilise, lui aussi. À trop les répéter, ils risquent de finir par perdre de leur valeur, par ne plus sonner vrai. Et elle a besoin qu'ils sonnent vrai, en particulier aujourd'hui. Mais quelque chose l'empêche de les attraper au vol, d'en accepter la signification pour ce qu'elle est - une preuve, limpide, indéfectible, de tout ce qui les relie l'un à l'autre. Ce matin, Rumi a l'impression qu'il pourrait le lui dire dans toutes les langues du monde, il n'y en aurait aucune pour franchir la barrière de son cœur.
Elle l'écoute quand même, parce qu'elle l'écoute toujours, même quand elle fait semblant du contraire. Même quand il n'a rien à dire d'intéressant, quand il a juste besoin d'une oreille attentive pour se sentir aimé, ou quand il croit parler dans le vide ; elle, elle est toujours là, à récolter chaque confidence pour les semer dans leur jardin secret. Elle s'en est occupée longtemps, Rumi ; elle a regardé les germes pousser, elle a arrosé chaque bourgeon jusqu'à les voir fleurir, les jolies roses de leur amitié. Elle a vu les premières mauvaises herbes pointer le bout de leur nez, et elle n'a pas réagi à temps. Désormais tout le parterre est infesté.
Elle l'écoute jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'il réclame son contact, jusqu'à ce que ses yeux appellent les siens si fort qu'elle a du mal à ne pas tourner la tête. Alors elle ferme les siens, parce qu'elle n'est pas encore prête à le regarder en face. Il s'est excusé, au moins. Il ne sait même pas vraiment pourquoi, mais il l'a fait ; elle suppose que c'est mieux que rien.
Quand il lui dit qu'il veut comprendre, qu'il veut qu'elle lui dise les choses, elle songe que pour une fois, elle a envie de lui répondre. Pour une fois, Swann Fowler n'aura pas à deviner qui est Rumi Nakazawa. Elle va lui expliquer. “Okay.” Elle prend une large inspiration, avant de rouvrir les paupières. Elle a les mains tremblantes quand elle plonge ses yeux noirs dans les siens, l'intimant en silence de venir y rallumer toutes les étoiles. “I will talk for a long time. And this time, you will listen.” Son accent est à couper au couteau, ressortant toujours plus fort lorsqu'elle lutte pour ne pas se laisser submerger par l'émotion. La déclaration est solennelle ; elle revêt une importance qu'elle n'a pas besoin de lui expliquer, pas à lui. Il la connaît assez pour savoir qu'elle utilise ses mots avec parcimonie. Mais elle a une voix, Rumi ; et peut-être que l'heure est venue de le lui rappeler.
“This isn't about Chance. Not really.” Elle admet, parce qu'il faut bien démarrer quelque part. Ce n'est pas qu'il ait choisi Chance, qui l'a dérangée au départ. Elle aurait même pu s'en réjouir, dans d'autres circonstances. Certes, elle le trouve envahissant ; il est trop bruyant, trop souriant, trop à l'affût du moindre de ses regards, comme un labrador réclamant l'attention de son maître. Mais elle n'est pas aveugle, elle a remarqué qu'il était aussi d'une gentillesse infinie, que c'était quelqu'un d'attentif et d'attentionné. C'est bien pour ça qu'il mérite mieux qu'elle, une sale harpie dont la proximité ne lui rapportera que deux jambes brisées et six mois d'hospitalisation. Chance est extrêmement agaçant, mais elle aurait fini par l'adopter. Non, ce n'est pas ça le fond du problème. “When I came to you that night, I was hurt because you didn't consult me. I was directly involved, yet you didn't ask for my opinion. I felt like... like you betrayed me, like you didn't care what I could think, or want, or feel. I tried to think of a reason - any reason - that could explain your decision, and when I couldn't find any, there were these awful thoughts that kept running free into my mind.” Sa gorge se noue, sous la peur, sous la honte - elle n'est pas certaine de pouvoir les dissocier l'une de l'autre.
Elle cherche à lui expliquer, à mettre les mots sur ce qu'elle a ressenti le soir où elle a appris qu'il avait embauché quelqu'un dans son dos. Les mots, ces fichus mots qui lui restent calés dans le coeur. Elle déglutit, resserrant un peu plus ses genoux autour d'elle-même, comme pour se barricader contre les monstres qui s'apprêtent à déferler droit sur elle. “There are things I learned from my world, you know.” C'est difficile, d'en parler. Comment décrire ce qu'elle a vécu à quelqu'un qui n'était pas là, dans cette cage qui a fini par se déplacer partout avec elle ? Elle revient aux origines, Akemi. Le prénom brûle dans sa mémoire, d'un feu vif et impossible à étouffer. Elle se souvient des premières années, de sa formation, de ce à quoi on la destinait au départ ;
Elle rassemble ses pensées, avant de perdre le fil. Elle a des choses à dire, Rumi. Bien plus qu'elle ne l'aurait imaginé. “We were supposed to be a team, yes? It's always been you, Tenoch and me, from the very beginning. It's always been us against the world. So, I wondered... Why didn't you consult me? Is my voice less important than Tenoch's? Would you have done the same if you had to find him an assistant? And then I felt guilty, because I thought, 'no, my Loyal isn't like that! this isn't the world I used to know.'” Elle a essayé de trouver un sens au silence de Swann, de se dire qu'il n'avait pas pensé à mal ; qu'il l'avait juste fait, c'est tout, comme il fait tout le reste - inconsciemment, dans une nuée de bonnes intentions et de preuves nébuleuses d'affection. “But then I came to you, hoping to understand, and I tried to tell you that I was lost and hurt and that I needed you to remind me, remind me that- that you are not like them. That this was just a misunderstanding.” Ses phrases s'embrouillent, son anglais s'emmêle. Comment il fait Swann, pour parler si fort, si longtemps ? “I tried to tell you everything but you- you wouldn't listen. It's like you couldn't hear me anymore, all you did was keep shouting that name, like it meant something bigger than I could understand. Bigger than the fact that I was hurt. Bigger than our trust.”
Oui, elle a essayé de comprendre, Rumi. D'expliquer le geste de Swann de mille façons différentes, mais les doutes et les angoisses ont pris le dessus. Et puis les monstres de son passé ont fait le reste, comblant les trous béants dans les justifications qu'elle peinait à trouver au comportement de Loyal. “So I shut down. Because this is what I know. Because when men want something, it doesn't matter what women think; they take it.” Elle ferme les yeux, chassant le visage couvert de larmes d'Izumi de son esprit. Elle n'a pas la force de penser à elle - ni maintenant, ni jamais. Quand elle rouvre les paupières, son expression s'est durcie, les fantômes de New York plus vibrant que jamais au fond de ses yeux. “You wanted "Chance Damasio", so you forced me to work with him.”
Elle finit par poser la tête sur ses genoux, fixant le vide droit devant elle. “If you had asked me that night, if you- if you'd listened, I would have told you. I would have told you that I wasn't ready, that it was too soon, that I could still hear my partner's bones crack when I try to fall asleep.” Swann lui a dit d'arrêter de s'en vouloir, mais ce n'est pas comme si elle pouvait tirer sur la prise et débrancher son cerveau. La culpabilité est là, tapie dans l'ombre. Elle la guette, attendant le moment propice pour frapper. Elle revient toujours l'envahir de la plus vicieuse des manières, s'infiltrant sous ses os comme une brise glaciale de janvier. “But you did not want to listen, did you? What you wanted was Chance Damasio, and so you shall have him.” Elle repense à leurs messages de la veille, à son 'as you wish, Loyal' qui prend tout son sens désormais. “I kept thinking that it would pass, that this feeling of... I don't know, that weird feeling, would go away. I did not like thinking like this, like you were similar to... other men I've known. I did not like the memories it brough back. I tried to calm myself down, because maybe I was being unreasonable, you know? Maybe that wasn't such a big deal. Then I'd get angry at myself, because it was a big deal. You went behind my back. You betrayed my trust.” Sa voix s'éraille en prononçant la dernière phrase. Ses yeux se mettent à lui piquer, elle sent un océan de larmes déborder en elle et elle a oublié comment nager. “And then you kept yelling at me last night, saying how badly I treated Chance. I don't know what he told you, but I've only been ignoring him. I didn't insult him, I didn't criticise his technique, and I haven't even stabbed him a little yet. I just didn't want him near me, was that such a terrible crime? Apparently, it was. I just had to make the new guy at ease, hadn't I? Even if I never agreed to working with him in the first place.”
Ses yeux brillent aussi fort que ceux de Swann, désormais. Plus tard, elle lui en voudra pour ça aussi - injustement, elle le sait. Elle déteste qu'on la voie si vulnérable, et elle déteste encore plus quand c'est devant quelqu'un dont elle n'a jamais eu à se cacher - ça ne fait que lui rappeler à quel point elle a merdé, elle aussi, à garder jalousement ses sentiments pour elle. Maintenant, elle ne sait plus comment les contenir, comment les empêcher de déferler sur le monde en une vague destructrice. Elle redresse la tête, le coeur au bord des lèvres. “But it doesn't matter what I want, right?” Formatée par tout ce que la secte lui a inculqué, gamine dont on a bourré le crâne d'un ramassis de conneries pendant des années. Et en cet instant précis, elle ne sait plus ce qui est vrai, ce qui est faux ; où s'arrête son cauchemar, où commence le rêve qu'elle a écrit avec Swann. Sa voix tremble, son regard aussi, quand elle répète une dernière fois ; “Because when men want something, what is there for me to do?”
Elle ravale son chagrin, renferme les souvenirs dans ce coffre fermé à double tour qu'elle garde enfoui au fond d'elle-même. Elle voudrait lui attraper la main, la serrer dans la sienne, comme pour s'excuser de penser tout ça, comme pour lui dire qu'elle sait, oui, elle sait, en temps normal, qu'il n'est pas comme eux. Il ne pourrait pas être plus différent de tous les spectres de son passé, son Loyal adoré ; il est lumineux, splendide, généreux. Il est bourré d'imperfections, pourtant il ne pourrait être plus parfait à ses yeux.
Elle voudrait lui prouver tout ça, mais ses mains restent accrochées à ses propres vêtements, crispées en un rempart autour d'elle-même. Elle ne sait pas comment le lui montrer, et un autre jour elle ne l'aurait pas dit non plus. Mais aujourd'hui elle a promis, alors elle parle, encore, sans savoir où elle trouve encore la force d'aligner deux phrases. “And I feel so guilty, for thinking that you could ever be like that. Because I know you, I know you, I do.” Et pourtant, pour la première fois depuis des années, les monstres ont gagné. Ils ont réussi à la faire douter. “But I've been silent for weeks now, and you didn't seem to care.” C'est évident qu'elle n'ose pas demander, Rumi. Elle n'ose pas poser cette question qui la taraude, celle qui a tout déclenché. Why didn't you check with me first? Parce que si ce n'est pas ce que ses angoisses lui ont soufflé, alors pourquoi ?
Elle détourne les yeux, épuisée - par leur querelle, par son monologue. Par elle-même. “So when you act like that, Loyal, the answer is no - I do not know how much you love me.” It only makes me think of people who don't. Elle le fixe droit dans les yeux, toute la fragilité de son âme remise dans le creux de ses mains, tandis que sa voix s'éteint.
@Swann Fowler — mars 2024
You know I've always been your favourite daughter. Everything I thought I knew has fallen out of view. And if I run fast enough, could I break apart as empires crumble and cathedrals flatten in my heart?
Swann Fowler
Pseudo : Salaï (any)
Arrivée : 22/05/2024
Messages : 268
Faceclaim : Ben Whishaw
Crédits : kawaiinekoj (avatar), Loïc Nottet (citation), suskind (selfie & ban)
Selfie :
Citation : Envie d’aimer bien plus qu’un instant sur scène
Envie d’être une étoile qui luit d’elle-même
Envie d’être une étoile qui luit d’elle-même
Âge : Des étoiles dans les yeux depuis (( QUARANTE-TROIS )) ans et toujours rien pour lui faire entendre que le ciel qu’il vénère est peuplé de lueurs funèbres.
Pronoms irp : C'est un (( IL )) ouvertement efféminé qu'il arbore, passion chevillée au corps pour les virilités plurielles.
Statut Civil : Toujours (( CÉLIBATAIRE )), le papillon butine sans s'attarder.
Occupation : Mille métiers en un, (( M. LOYAL )) aux yeux du public et chef d'orchestre en coulisse, il fait battre le cœur du (( PANDEMONIUM )).
Habitation : Rien de fixe, comme à peu près tout dans sa vie ; seule une roulotte comme les autres à (( BLACKHEATH )) l'ancre à un lit.
☆ touched by sun
Triggers : À discuter en amont.
Content : Burn-out, armes à feu, traumatisme
(( @rumi nakazawa ))
Swann s’était attendu à ce que Rumi reste silencieuse ; à ce qu’elle refuse ; à ce qu’elle lâche quelques gouttes de cet océan rugissant dans son for intérieur. Elle qui ne partage jamais rien, elle qui ne laisse jamais rien – aux autres, aux yeux, aux cœurs – voir de cet intérieur. Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle parle ; à ce qu’elle accepte ; à ce qu’elle déverse la houle infernale sur son pauvre petit navire d’excuses en papier mâché. Balayé. Comme ça, sans prévenir ; par une puissance qu’il n’avait jusqu’ici que soupçonnée. Il l’écoute sans rien dire. Qu’est-ce qu’il pourrait bien dire, de toute façon, face à cette rage marine ? Il se laisse chahuter par les vagues furieuses de sa colère, engloutir par ses reproches amers, couler par la confiance foutue en l’air. Il se laisse happer par sa voix, son désarroi, sa couronne de roi déchu gisant entre ses doigts. L’immensité de sa peine, de cette blessure ouverte qu’il a lacérée sans pitié, lui déchire la poitrine et déverse ses entrailles sur les vérités brûlantes qu’il s’est efforcé d’éloigner.
La culpabilité revient le couronner, sourire dément toisé par deux yeux furieux. L’angoisse l’étouffe, l’étrangle, le projette une décennie ou deux en arrière –
L’envie urgente, brûlante de répondre à chacun de ses mots, de combler chacune des peines, des fissures, des blessures qu’il a causées ; l’envie ardente de l’interrompre pour s’excuser, la détromper, lui assurer combien son opinion compte à ses yeux, combien
Il a beau plaquer sa main sur sa bouche pour étouffer ses gémissements de bête blessée, le résultat reste ridicule. Il a beau fermer les yeux assez fort pour s’en faire mal, les paupières ne dissimulent pas ce qu’il voit désormais clairement.
La simple idée que Rumi puisse douter une seule seconde de son amour indéfectible le brise ; lui, pas son cœur. Loyal a disparu ; ne reste plus que Swann, nu. Comment répondre à tant de chagrin ? Est-ce seulement réparable ? Le doute lui écrase la poitrine. D’un geste fébrile, presque furieux, il attrape le premier rouleau de sopalin laissé à l’abandon dans la cuisine et en arrache des bouts jusqu’à cesser de trompeter comme un éléphant mal luné. Il faut qu’il réponde. Et lorsqu’il le fait, sa voix est éraillée, mal assurée. “I— I don’t know what to say, to be honest. What I’ve done to you… It’s beyond a stupid ‘I’m sorry’. And I am; truly. But it’s not enough, right?” Question rhétorique. Davantage une façon de se donner du temps pour articuler le foutoir dans sa caboche bouclée. “I hate myself for hurt you so badly.” Reniflement essuyé d’un revers de mouchoir improvisé. Rire mouillé, cassé ; grinçant. Ça ne ressemble pas à Swann. “I’m disgusted.” Inutile de compléter ; inutile de préciser – écœuré de quoi ? de moi, de moi, de moi. “You’re right. This isn’t about Chance. This is about me. And you. I neglected you; and your opinion. I— I have no words to excuse that. I could tell you that I thought you needed that to get over your guilt, to move on; that you will never accept any of my proposals so you can destroy yourself peacefully by bathing eternally in your guilt. It’s true, but it’s not excusing my behaviour. I acted like a selfish asshole; not like a friend, not like a family member. I— I failed you.” Les larmes reviennent, et avec elle les sanglots lorsque les prochains mots passent ses lèvres. “I love you truly, I mean it. But maybe it’s not enough. Maybe I’m not enough.” Quelques secondes pour ravaler les sanglots ; l’agacement qui fléchit les sourcils, le dégoût qui tord la bouche. “One sure thing: you deserve better.”
Ses doigts abandonnent, eux aussi ; refluent vers lui et s’enfoncent dans la cuisse pour disparaître. Le soleil s’est couché, éclipsé par la honte. “I heard you. Too late, surely.” L’amertume sur le bout de la langue. “You’re not ready. And I shouldn’t impose you anything. No one have that right.” Un soupir, les dents dans la chair pour goûter le métal qui lui perfore le bide. “You should punch me in the face to do so.” Il ne sourit même pas. “After the accident… I wanted so badly to fix everything, I was so afraid and tired… But I was too self-centred. I didn’t think of you properly. And this is rubbish, because you’re the fucking reason why the Pandemonium exists; you’re the fucking sparkle that brings me inspiration. You started everything, you— you—” Et c’est reparti pour un tour. Sanglots, reniflements, mouchoir improvisé. Une putain de fontaine de morve. Rumi doit le mépriser ; et elle aurait raison. “You matter. You matter so much to me. I would be nothing without you. The truth is: I would be nothing without all the crew. You could all work without me, actually. I was just… lucky to meet all of you. You’re so talented, all. You have this magic I ran all my life after. I’m just… a pretty parasite, I guess?” Le rire est désagréable, il racle comme des ongles sur un tableau saturé de vérité. “And this is why— this is why it’s so unbearable I told myself you were sulking all this time, like it’s no big deal.” La rage prend le pas sur les larmes qui roulent toujours le long des joues ; lèvres desséchées qui ne décolèrent pas. “What you think matters. What you feel matters” martèle-t-il, les yeux furieux. “I’ll make a solo for Chance. You don’t have to work with him. For the rest… If you… don’t trust me anymore, I’ll understand.” If you don’t love me anymore, I’ll understand. Et pourtant, les yeux crient en silence une souffrance rance.
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-- l’étoile se rêve
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