Le deal à ne pas rater :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur Moulinex Companion ...
600 €
Voir le deal


rascal revolt (ft sunny)



Invité
Anonymous
Invité


   
J'pense que c'est vrai.

La lèvre se fend d'un sourire aiguisé. Soufflement de nez qui accompagne le rictus. Bras demeurent toujours croisés, comme un maintien, un support dans cet espace où, pour regarder l'autre, il faut tourner de la tête.

Il ne dément pas.

- Donner la mort ne fait pas toujours de nous un assassin.

Chaque situation se jauge avec ses nuances. Voilà pourquoi justice est un procédé long, lent, et paradoxalement ; si injuste.

- Oui, parfois. Quand ma terre natale me manque. Ils ne font pas des mets aussi raffinés, à Londres.

Fatalement, comme tout bon coréen qui se respecte, le kimchi finit toujours à manquer cruellement.

- Qu'est-ce qui t'a empêché de le faire ?

Aller gravir cette montagne qui lui faisait tant envie.

- Je voyage surtout pour le business. Quand une opportunité se présente. Je ne suis pas le genre à aimer prendre racines trop longtemps.

Il est cet homme qu'on craint de voir disparaître à l'aurore.

- Et pour ce qui est de l'anecdote... Elle est fausse. Je n'ai jamais vu ce furet de ma vie.

Le sourire est là, sans qu'on ne sache dire s'il se moque, s'il se dédouane, ou s'il se réjouit simplement d'avoir les mains propres.

- Ça t'a paru si vrai ? Tu as imaginé la forêt, la chaleur étouffante, la canopée ombrageuse, la cabane du pêcheur... Tu sais ce qui fait un bon récit ? Les détails inutiles. L'esprit humain a tendance à se rappeler des choses insignifiantes qui parasitent le texte. C'est comme ça qu'on peut vérifier si une histoire est vraie. Ou qu'on peut en truquer une.

Lire des essais, des autobiographies... Tout cela n'est qu'une manière de plonger dans la psyché humaine pour en comprendre les mécanismes. C'est comme ça que devrait faire un individu incapable de comprendre de telles choses à l'origine.

- C'était une émission à la télé. Un globe-trotteur qui avait voyagé jusqu'au Japon. Ils étaient trois, réellement trois. Eux se sont vraiment retrouvés face au furet, et plutôt que de l'achever, ils ont préféré lui couper la patte. Fin de l'histoire ? Ils n'ont jamais su ce qui était advenu de l'animal, il avait pris la fuite aussitôt sa cuisse libérée. Tu veux mon avis ? Ça n'a offert qu'un répit de courte durée. Illusoire.

Valait mieux octroyer la mort. Une fin plus tragique, mais plus rapide, plus miséricordieuse.

- Je me suis toujours demandé ce que j'aurais fait à leur place. Toi, qu'aurais-tu fait ?

Un éclat d'intérêt virevolte à l'intérieur de ses pupilles, attendant une réaction, une réaction qui ferait sens.
Invité
Anonymous
Invité


   
Rascal revolt

TW/CW : mention de meurtre / alcool / vulgarité.

 « Donner la mort ne fait pas toujours de nous un assassin. » Ouvrir un dictionnaire ou un cours de droit suffirait à contredire l'affirmation même si moralement parlant, c'est vrai.  « Va dire ça devant un tribunal. » Que tu souffles alors que tes pensées s'égarent sur la ligne complicité d'homicide involontaire gravée dans ton casier judiciaire. Une erreur de jeunesse. Ça a ruiné ta vie.  « Oui, parfois. Quand ma terre natale me manque. Ils ne font pas des mets aussi raffinés, à Londres. » Sa terre natale ? Il est pas d'ici, alors. Il pourrait être de n'importe où ailleurs. A quel âge est-il arrivé là ? Assez grand pour regretter la bouffe.  « Tu viens d'où ? » Tu pourrais lui proposer de lui cuisiner un plat traditionnel de chez lui s'il daignait t'en parler plus. T'aimes bien les défis de ce genre.  « Qu'est-ce qui t'a empêché de le faire ? » Hm. La prison ? C'est déjà une bonne excuse. Et puis la vie tout simplement. Les aléas et les choix – pour la plupart tous mauvais – que tu as fait pour en arriver là. L'idée d'aller voir Denali n'est pas abandonnée pour autant, juste reléguée en bas des priorités derrière des choses plus terre à terre comme manger et payer les factures. Tu t'payes pas du whisky 50° pour le plaisir toi.  « ça coûte cher. » Simplement.  « Je voyage surtout pour le business. Quand une opportunité se présente. Je ne suis pas le genre à aimer prendre racines trop longtemps. » Ok. Pour le business. Son business de peintre ? Est-ce qu'il vendait des toiles dans le monde entier ? A moins que ce soit juste un genre de quête d'inspiration ? Ou bien des salons d'expositions. Encore une fois, tu te questionnais sur le fait qu'il s'enquiquine d'un appart si petit alors que son train de vie sous entendait un compte en banque bien garni.  « Et pour ce qui est de l'anecdote... Elle est fausse. Je n'ai jamais vu ce furet de ma vie. » Shit. Tes sourcils s'froncent alors que tu réalises l'imposture. Et dire que t'avais eu l'audace de vouloir le réconforter. Tu pourrais t'énerver mais t'en fais rien. Tu passes une langue sur tes lèvres pour calmer l'impulsion, répond au sourire calfeutré d'un coup d'oeil sombre. Tout ça, c'était inventé ?  « Ça t'a paru si vrai ? Tu as imaginé la forêt, la chaleur étouffante, la canopée ombrageuse, la cabane du pêcheur... Tu sais ce qui fait un bon récit ? Les détails inutiles. L'esprit humain a tendance à se rappeler des choses insignifiantes qui parasitent le texte. C'est comme ça qu'on peut vérifier si une histoire est vraie. Ou qu'on peut en truquer une. » Ouai bien sur, les détails. Y'en avait peut-être trop ? T'attrapais ton verre pour en boire une gorgée, ressentant à nouveau le piquant de l'alcool sur ta langue. 1-0. L'regard que tu lui lançais voulait bien dire que t'avais l'intention d'te venger de l'imposture.  « C'était une émission à la télé. Un globe-trotteur qui avait voyagé jusqu'au Japon. Ils étaient trois, réellement trois. Eux se sont vraiment retrouvés face au furet, et plutôt que de l'achever, ils ont préféré lui couper la patte. Fin de l'histoire ? Ils n'ont jamais su ce qui était advenu de l'animal, il avait pris la fuite aussitôt sa cuisse libérée. Tu veux mon avis ? Ça n'a offert qu'un répit de courte durée. Illusoire. » Tu revoyais l'animal et ouai – il était sûrement allé crever dans un coin pour nourrir la faune. L'instinct animal lui dictant de s'isoler de ses pairs pour expirer le dernier souffle. Comme le font les chiens. Comme tu le ferais toi aussi.  « Je me suis toujours demandé ce que j'aurais fait à leur place. Toi, qu'aurais-tu fait ? »  « Je l'aurais tué. » Tu peux pas en être sur à 100% - tant que t'es pas dans la situation. Mais t'étais plus enclin à trouver de la miséricorde envers un animal qu'envers un être humain.  « J'aurais essayé de trouver... j'sais pas, une grosse pierre. Ou un bâton. » Tu précises ni l'usage du premier, ni l'usage du second. T'aurais trouvé une solution pour pas laisser l'animal souffrir, en tout cas. « Ou peut-être que si j'avais eu un couteau sous la main, j'aurais découpé le filet d'abord, et puis j'aurais coincé l'animal dans un t-shirt pour le ramener en bas, essayer de le donner à des adultes pour qu'ils s'en occupent à ma place... » Il restait cette possibilité, aussi. Mais elle restait improbable, parce que t'aurais pas eu de couteau. T'aurais été prêt cependant à prendre le risque de la morsure pour le sauver, quitte à c'que le vétérinaire arrivé en bas te dise qu'il pouvait rien faire...  « Mon père était flic. A chaque fois que j'avais des ennuis, il venait toujours me chercher au commissariat alors j'étais persuadé d'être intouchable. Un jour avec d'autres amis, on était quatre, on a voulu aller piquer la caisse d'un commerçant pour se faire de l'argent. C'était pas mon idée mais j'étais débile – j'avais volé une arme de service que mon père gardait à l'appart' , pour faire le malin. De base, je voulais juste avoir l'air intimidant, j'savais même pas comment retirer la sécurité, mais un pote me l'a prise des mains quand le commerçant a commencé à s'énerver et il lui a tiré dessus. Ça fait beaucoup plus de bruits que dans les films, une arme à feu. Le gars est mort dans l'ambulance, mon pote a pris 7 ans, moi et les deux autres, seulement 3. C'est pour ça que je suis pas parti en Alaska. » Il y a peu de détails à ton récit, à toi. T'es pas dans la fioriture, tu sais pas faire. Tu te souviens juste des insultes du commerçant, du son de l'arme, du sifflement dans tes oreilles, des cris. Tout était allé très vite. Ça va toujours trop vite quand les choses dérapent. Tu te rappelles aussi bêtement avoir voulu choper un paquet de clopes au passage. C'était un paquet rouge. Des Lucky Strike - l'ironie.  « Vrai ou faux ? »


Invité
Anonymous
Invité


   
- Tu ne l'entends pas à mon accent ?

Un sourcil se hausse.

- De Corée du sud. Et toi, tu as toujours vécu ici ?

On ne sait pas vraiment dire si c'est une question sincère ou bien rhétorique. Mais le soleil donne cette impression d'avoir été forgé au béton anglais, d'y avoir eu la forme de sa carcasse taillée dans le ciment, attendant un jour qu'on vienne la recouvrir d'une deuxième couche pour refermer son cercueil.

- Oui. Ceux qui sont altruistes auraient probablement tenté de l'achever.

Quelque part, dans un recoin de son être, s'illustre la silhouette d'un enfant qui se serait installé accroupi, attendant de voir l'animal succomber à sa propre blessure.
La nature tue avec bien plus d'aisance qu'un couteau.

Vient le tour du cadet. Au regard de son récit, l'attention du peintre se concentre sur ces lèvres qui parlent d'un crime à plusieurs. D'un vol à la tir, d'une menace, d'une balle qui s'envole, d'un corps qui meurt. Le classique d'une bande de gamins qui s'imaginent sans doute invincibles, avant que la réalité crue ne les ramènent à elle.

- Et cette fois-là, ton père est venu te chercher ?

Seulement trois ans ? C'est long, trois ans.
Si en une soirée ils ont déjà le temps d'échanger autant
alors qu'a bien pu apprendre le gosse pendant trois ans de solitude derrière les barreaux ?
Il aurait pu apprendre une chose. L'indépendance.
Mais tout ce que Renjun voit ce soir, c'est un enfant qui cherche un adulte avec qui avancer.

- C'est vrai.
Invité
Anonymous
Invité


   
Rascal revolt

TW/CW : mention d'alcool / vulgarité.

 « Tu ne l'entends pas à mon accent ? » Tu faisais pas gaffe à ce genre de chose. Il avait bien un accent mais t'aurais pas été capable de déterminer d'où il venait, et encore moins de... Corée du Sud. Qu'est ce qui l'avait amené à Londres ?  « J'ai toujours vécu là. » Entre ces murs sales et le temps aussi changeant que tes humeurs.  « J'te cuisinerais un truc coréen alors. » Tu te permettais d'ajouter. T'avais jamais tenté la nourriture de ce pays. C'était quoi les spécialités de là bas ? Toi tu connaissais que le kimchi même si t'en avais jamais goûté. T'associais le pays aux fruits de mer, au poisson. Des trucs que tu maîtrisais qu'à moitié, mais pour lui, tu ferais de ton mieux. Pour lui rappeler sa terre natale et les saveurs qui avaient l'air de tellement lui manquer.  « Oui. Ceux qui sont altruistes auraient probablement tenté de l'achever. » Altruiste ou réaliste. Il pouvait voir ça comme il voulait. Quel aurait été le choix du peintre ? T'en avais déduit qu'il l'aurait probablement également tué. C'était la fin du récit qu'il avait choisi de te raconter. Quant au tien...
 « Et cette fois-là, ton père est venu te chercher ? » Tu fais tourner l'ambre, un rire coincé aux bords des lèvres qui finit par sortir.  « Il a déménagé. » Donc non, il est pas venu te chercher. Ni ton frère d'ailleurs, mais tu peux pas plus lui en tenir rigueur vu le comportement que t'avais avec lui. Trois années de prison... qu'est ce que t'espérais ? Qu'ils t'attendent à la sortie pour te voir reprendre tes anciennes conneries ? Pour te tirer l'oreille ? Il aurait dit quoi à part « tu me déçois » ? Il savait bien l'dire, ça. Avant. Mais t'avais besoin d'entendre autre chose de sa bouche, à l'heure où tu passais plus de temps à te chercher un but qu'à faire tes devoirs. Tu voulais des excuses de sa part, et de ta mère aussi. Des adultes qui t'avaient trahi. Et puis ces trois ans de prison avaient achevé de t'enterrer. Seulement trois ans, mais ça avait été long. T'étais juste soulagé de pas avoir pris plus même si dans ta chance, ta sortie avait coïncide avec elle de ton bourreau.  « C'est vrai. » Sourire qui relève les babines, canines qui se dévoilent. T'as jamais raconté ça à personne. C'est le genre de secret que tu gardes un peu honteusement, d'une part parce que ça ne servirait pas tes intérêts que les gens autour de toi sachent, d'une autre parce que tu veux pas que leurs avis à ton égard changent en fonction de – même si l'avis qu'ils ont de toi te paraît être la dernière chose dont tu devrais te soucier. T'as déjà assez de problèmes comme ça sans devoir ajouter en plus le tracas de gérer l'intolérance de ton entourage. On te pointerait du doigt et on te jugerait coupable sans préambule, on tenterait de te faire culpabiliser ou de te punir comme si tu le faisais pas assez toi-même. Non, ce genre de chose ça s'dit pas. Alors pourquoi tu lui avais dit, à lui ?  « J'étais mineur au moment des faits, ça a aidé. » Peut-être que t'aurais pris plus si ça n'avait pas été le cas ? Finalement t'avais pas eu besoin de lui pour te faire foudroyer.  « J'braque plus personne maintenant, hin. » T'esquissais un nouveau sourire, reprenais une gorgée de ta boisson pour faire bonne figure. T'avais déjà bu, mais t'avais besoin de plus pour faire passer ta précédente anecdote. Elle était vraie la tienne. Le peintre allait-il encore te mentir ? Tout miser sur des anecdotes fausses en te laissant imaginer qu'elles étaient vraies ? La tête te tournait. T'osais un rapprochement. Lentement, tu te penchais vers lui, jusqu'à ce que ton visage arrive à son oreille. Comme si tu t'apprêtais à lui murmurer un secret. A la place, t'enfonçais légèrement tes dents dans la courbe de sa mâchoire. Avec retenue.  « J'me contente de leur voler la moitié de leur bouteille de whisky, c'est plus rentable.  » Murmurais-tu, le ton brisé par ton sourire avant de reprendre ta place.


Invité
Anonymous
Invité


   
Ah... C'est vrai que son autre a des compétences en matière de cuisine.

- Renseigne-toi sur le japchae, alors. C'est un de mes plats préférés.

Autrement dit : plat à ne pas rater.
Quoique,
une anecdote de plus à raconter à une prochaine compagnie de beuverie ne sera pas de refus, mais ne ferait pas l'éloge de l'ancien taulard.

- Je vois.

Ne braque plus personne mais traîne encore dans des draps sales. Au sens propre comme figuré.
Un instant, seulement, sa pensée s'évade sur les bouteilles exposées en hauteur, œil qui glisse sur les étiquettes à la manière des jeux de lumière.
Trois ans pour un canon qu'on n'a pas su bien diriger.
Combien d'années pour des centaines de contrefaçons vendues des milliers ?
Probablement un nombre que l'enfant soleil ne saurait endurer. Et c'est encore plus vrai quand les bonnes manières ne savent l'empêcher de bondir à la façon d'un fauve, traquant un angle de mâchoire du bout de deux canines limées. Et si le plus jeune est encore capable de percevoir la différence de température avec ses degrés dans le sang, alors peut-être a-t-il senti la couche de glace virevolter à la surface de la peau de son énigme du soir.
Un corps froid qui ne se réchauffe jamais.
Début de mort. Fin d'un soleil.
Il est de ces carcasses qui ne mentent jamais. Qui ne savent tout simplement pas imiter la vie qui bout sous les veines, le feu qui fait battre le cœur. Peu importent combien de livres sont lus. Combien de films sont vus. Combien de mensonges sont récités.

- Tu sais...

Le visage est tourné, toute attention portée vers l'audace inattendue.
Un sourire se délie à l'angle de ses commissures.

- J'ai très envie de le boire, ce verre. Fais-moi perdre.

Léger bond des acromions vient souligner l'existence d'un rire sous les lèvres closes. Son bras se lève, tend la main pour saisir un menton entre trois doigts. Inspecter la courbe comme morceau de viande. Pouce qui s'attarde sous la lèvre inférieure, flirte presque contre la pulpe.

- Je me demande si tu mords si fort que ça, quand tu n'essayes pas d'aboyer.

Puis le mandibule est relâché, paresseusement.

- C'est à mon tour, je suppose ? Hm. Une de mes premières toiles était le Moulin de Jacob van Ruisdael, un peintre néerlandais. Mon père m'avait montré une carte postale illustrant ce tableau. Je l'ai reproduit. Il a été revendu pour 260 000 wons, à peu près 166 livres sterling. C'est un marchand d'art dans une petite galerie qui nous l'a racheté, sans savoir qu'il s'agissait d'un faux. On a continué à lui vendre des contrefaçons pendant deux ans. Autant dire qu'il n'y connaissait pas grand-chose.

Et que le choix de maîtres de second rang n'était pas anodin.
Difficile de retracer le parcours d'artistes moins connus. De dire avec exactitude qui a fait quoi, quand, comment. Parfois même, on attribue aux uns des oeuvres dont ils ne sont pas les véritables propriétaires. L'art se dilue avec le temps, s'oublie parfois, n'existe que dans les mémoires, les greniers poussiéreux et à travers les secrets qui se racontent. Se déforment, eux aussi.

- J'aurais pu faire ma carrière juste comme ça, à vendre des faux à cet amateur. Mais j'ai préféré une carrière plus conséquente, plus honorable.

Se faire son nom au travers de celui des autres.
Voleur d'identité, de couleurs et de passés.
Contenu sponsorisé