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rascal revolt (ft sunny)



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Rascal revolt

TW/CW : mention d'escorting / alcool / vulgarité.

 « Oh ? Tu connais ? » ça semble moins l'impressionner que ce à quoi tu t'attendais, mais t'as quand même la sensation d'avoir marqué des points. Peut être dans ce sourire qui s'élargit légèrement, imperceptiblement.  « Je lis. » Comme si ça suffisait à expliquer ta remarque. Seule culture que tu t'es permis. Et on apprend beaucoup des humains dans les livres, même si les plus grandes leçons de ta vie t'ont été données au contact des humains eux mêmes.  « Hélios regretta amèrement la chute de son fils. » En était-il un bon père pour autant ? N'aurait-il pas dû la prévenir ? Ou a défaut, s'interposer ? Le portable s'éteint et disparaît dans les poches, le dos s'écrase contre le dossier de la chaise. Tu ne bouges pas d'un millimètre, penché au dessus de la seule chaise qui vous sépare. Tu ramènes même tes jambes sur la barre du tabouret pour y déposer tes coudes.  « Ça m'arrive...  Ce serait compliqué d'entreposer mes toiles et mon matériel sans atelier. Faire de l'art, c'est expansif. » T'imagines facilement un atelier lumineux de style industriel, dans une ancienne usine par exemple. Des toiles partout, et les rayons du soleil traversant venus glorifier les couleurs. Tu l'imagines – lui – dans cet environnement. Une scène paisible. Il doit y avoir dans l'acte de peindre la même évasion que celui de lire. Une sorte de tranquillité. T'aimerais voir l'endroit pour en profiter toi aussi. Tu veux bien être seul si c'est être seul dans ce genre de lieu. Tu termines ton verre, second, et te ressers sans demander la permission. Tu commences à sentir les effets du breuvage sur tes mouvements, plus amples que nécessaires. C'est fort, cette merde. T'es pas certain d'pouvoir conduire au retour. Peut-être que le bon samaritain qui t'a fait boire aussi la gentillesse de te proposer un taxi, mais tu rechignes à laisser ta moto dans la rue parce que c'est le truc le plus cher que tu te sois jamais acheté et t'y tiens comme la prunelle de tes yeux. « Et toi, qu'est-ce que tu aimes faire dans la vie ? Passe-temps, métier ? » Et bien, cher ami, même si t'as conscience d'avoir l'air d'une racaille inculte sans aucun intérêt pour la vie autre que la drogue et la bagarre (ce qui est vrai pour le second, néanmoins), tu fais pleins de trucs. De la couture (parce que ça te fait faire des économies), de la cuisine (parce que manger est un de tes passe temps favoris). T’écumes les friperies et librairies de la ville, tu t'occupes de Fozzie, évidemment. Ce furet te prends un temps fou, mais t'adore l'avoir sur toi lorsque tu joues aux jeux vidéos.  « Je travaille au Styx. » Tu précises pas ce que tu y fais, dès fois qu'il ait l'envie de venir le découvrir par lui-même.  « C'est un bar à Tower Hamlet. Tu y es le bienvenu, si t'as envie... » T'ajoutes avant que la vision ne tangue, une légère seconde sous l'emprise avant de se stabiliser sur ton interlocuteur.  « J'cuisine aussi. Super bien, d'après ce qu'on m'a dit. » Invitation masquée à y goûter. « Et j'aime bien lire. J'suis sur un roman en ce moment qui parle de la 2nd guerre mondiale. Et aussi... » Tu marques une pause pour trier tes pensées qui se bousculent. Qu'est ce qui pourrait intéresser le peintre si érudit ?  « J'ai un furet, il s'appelle Fozzie. » Tu balances, avant d'reprendre ton téléphone toujours posé sur le comptoir pour chercher une photo de l'animal en question et la lui montrer. T'es le fan n°1 de Fozzie. T'aimes tout chez lui, même s'il te le rend mal en passant sa vie à ronger ton canapé.


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Lire,
voilà bien la dernière activité qu'on aurait pensée attribuer au porteur de cuir.
C'est ce qui vient faire remuer les épaules du faussaire dans un rire muet.
Ni moqueur, ni condescendant.
Ce n'est rien d'autre que le rire satisfait qu'on éprouve pour une personne venant soudainement de gagner en valeur.

- Et quel genre de choses lis-tu ?

Oreille tendue, épaule inclinée, prêt à entendre les titres s'aligner, l'air de rien. Puisque la suite des révélations du caïd s'apparente à cela ; un air de rien.
Corps dansant autour de la barre.
Silhouette face aux fourneaux.
Regard plongé à travers caractères imprimés.
Main tendre au milieu de pelage bicolore.
Les représentations visuelles se multiplient à la surface de sa rétine. Imagine le soleil briller sous plusieurs aspects, plusieurs décors. N'est pas juste visage déconfit face au taux d'alcool. Est aussi autre chose, dehors. Oui, c'est vrai. Les bêtes ne sont heureuses que dans la liberté, bien loin des murs de briques.

- Je ne suis pas étonné de t'imaginer travailler dans un bar. Tu sers les verres ?

Sa risette dissimule l'évidence d'un défi.

- Et si tu cuisines si bien, alors tu sauras faire bien mieux que ça.

Menton en avant désigne les vestiges de nourriture.

- C'est intéressant.

Seconde guerre mondiale.
Autre sujet qu'il n'aurait pas imaginé entre les mains du cadet. Sans doute est-ce dans une de ces lectures que le sujet du fils d'Hélios lui est apparu un jour.
C'est presque étonnant qu'il n'ait eu que Michel Ange à réciter.
Michel Ange et

Fozzie.

- Hmm.

Visage se penche sur le cliché du bestiau. Petite chose poilue a l'air malicieux. Inoffensif et terrible. Un peu comme son propriétaire, finalement.

- C'est drôle. La plupart des gens aiment se vanter au-dessus de photos de leurs enfants, ou de leur partenaire. J'avoue préférer ce que tu proposes là.

Soufflement de nez amusé face à la créature moustachue.

- Ça te va bien, comme animal.

Va peut-être reconsidérer la façon dont il perçoit sa compagnie de ce soir.

- Tout va bien ?

L'air de rien,
quand il voit des joues s'empourprer à mesure que le troisième verre est entamé.
De son côté, vision est impeccable, perçoit tout à fait bien la gestuelle de son semblable se parasiter de mouvements de moins en moins nécessaires.

- On peut arrêter, si tu ne le sens pas.
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Rascal revolt

TW/CW : mention d'escorting / alcool / vulgarité.

T'alignes tes passions comme si tu présentais un exposé, encouragé par le rire silencieux qui s'est glissé dans la conversation. A tes clients, tu mens. Mais à lui, t'en as pas envie. Il ne t'a pas menti, lui non plus, et n'a pas l'air de chercher à le faire. Ta méfiance s'est un peu dissipée au fil des verres et de la discussion. T'affectionne le calme étrange que le peintre t'apporte. Ça pourrait devenir dangereux.  « Je ne suis pas étonné de t'imaginer travailler dans un bar. Tu sers les verres ? » Non, tu sers pas les verres. Quoique. Il t'arrive parfois de les apporter à la table, en tout cas.  « Hm.. Disons que j'accueille les clients. J'les aide à apprécier l'ambiance. » Un genre de divertissement participatif. T'es capable d'être beaucoup plus agréable que tu ne l'as été jusqu'à présent, quand t'es assez payé pour ça. Tu te plains pas de ton salaire pour le peu que t'as à faire, non pas qu'le travail ne réclame pas sérieux et implication, mais t'es plus à l'aise que d'autres dans ce domaine donc ça te demande forcément moins d'effort. Physiquement en tout cas. Mentalement, c'est différent. T'as conscience que bosser là bas ne contribue pas à t'guérir de tes névroses, que l'impression de contrôle que tu en tires est temporaire. Tu perds ton temps à lécher des plaies qui s'referment pas mais c'est toujours mieux qu'avant. Tu level up dans tes tourments. T'écartes les pensées comme si elles t'avaient brûlé. Chien battu que t'étais. Tu respires, avales une gorgée d'air pour lutter contre la marée noire. T'es libre désormais.
 « Et si tu cuisines si bien, alors tu sauras faire bien mieux que ça. » Le compliment est agréable. Tu hoches la tête en espérant pouvoir proposer une invitation plus officielle à la fin de cette soirée.  « P't'être. » La conversation se poursuit, t’enchaînes sur ton livre, sur Fozzie. Tu l'avais volé. C'était le furet d'Archy, de base. Il l'avait adopté à sa sortie de prison. T'étais reparti avec et il pouvait plus s'en plaindre, de là où il était.
 « C'est drôle. La plupart des gens aiment se vanter au-dessus de photos de leurs enfants, ou de leur partenaire. J'avoue préférer ce que tu proposes là. » T'es surpris de sa remarque sur la photo que tu lui tends.  « J'ai une tronche à avoir des gosses ? » Tu lâches, amusé. Il a l'air de bien l'aimer. Il a tout intérêt de toute façon a ne rien dise de désobligeant au sujet de ton ami à poils, parce que les animaux c'est un peu comme les photos de bébé. On dit qu'ils sont mignons ou on se tait.  « Ça te va bien, comme animal. » Il a pas d'animal de compagnie, l'érudit ? Tu le verrais bien avec un chat pourtant. Un chat paresseux qui pourrait s'étendre de tout son long sur le sol de son atelier pour profiter d'un rayon d'soleil pendant que son maître peint. Quand t'étais plus jeune, t'avais piqué une crise pour pouvoir avoir un chien. T'en avais ramené un errant chez toi en suppliant de pouvoir le garder, un genre de teckel sale aux poils noirs, mais ton père l'avait emmené au refuge local. « Tout va bien ? »  « Quoi ? » Tu sais pas à quoi sa question fait référence.  « On peut arrêter, si tu ne le sens pas. » Nan. Ça va pas ou quoi ? Il est hors de question que tu arrêtes. T'es juste un peu joyeux. Tu peux tenir facile encore. Tu vas pas tomber au sol raide mort, pas d'vant le peintre en tout cas.  « Si toi t'as envie d'arrêter, tu peux juste le dire sans t'chercher d'excuse. » Contre Uno.  « Moi j'vais très bien. » Yà 10 milliard de trucs qui vont pas chez toi, mais ça, c'est ok. T'as encore la maîtrise – de toi et de ce qu'il y a dans ta tête. Tu vas pas perdre, c'est hors de question. Tu sors ton paquet de clopes et l'agites une seconde :  « J'vais juste aller fumer une clope dehors. Tu veux venir ? » Tu proposes, en sors une cigarette que tu cales derrière ton oreille avant d'te relever, et t'attrapes la dernière bouchée de ton assiette au passage. Le paquet est posé sur le comptoir, à la portée d'ton voisin, s'il souhaite se servir. T'as besoin de prendre l'air même si c'est juste 5 minutes, alors tu t'diriges vers la sortie pour aller te caler à côté de la porte d'entrée et allumer ta cigarette. La porte claque encore une fois et l'air frais d'la soirée déjà avancée t'englobe brutalement, dissipant les quelques traces d'ivresse sur ton visage.


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Aider à apprécier l'ambiance.
L'aveu est clair.
Garçon est de bonne compagnie. Mais en quoi est-ce surprenant ? Renjun veut bien imaginer qu'une frimousse comme celle-là amadoue aisément les âmes en quête de volupté. Charme inhabituel, rustre et singulier.
Peut-être qu'en d'autres circonstances
lui aussi se serait laissé tenter.

- Pour être tout à fait honnête, tu es plus le genre qu'on montre en photo, que celui qui montre.

Révélation toute aussi sincère, et ne s'en cache pas derrière le sourire mutin. Signe que propriétaire de furet a plus de chance d'être l'enfant que le parent. Mais est-ce vraiment un mal ? Peut-être, peut-être pas.

- Non. Je me préoccupe seulement de ton état.

Le ton calme, sourire qui dégonfle lentement. On ne saurait juger du degré de sérieux derrière son affirmation.
Puis l'autre marque son départ temporaire pour pause clope. Promenade qui se fera en solitaire, en vue de l'aversion du peintre pour toute forme de tabac.
Un geste du faciès décline la proposition.

- Profites-en pour te rafraîchir un peu.

Pas trop.
Ce serait dommage d'avoir à tout recommencer.
De retour à une solitude chérie, ses doigts se referment autour du verre. Nuque bascule en arrière, attrape la gorgée qui circule, descend dans un fleuve tranquille. Brûlure délicieuse qui ne fait jamais mal, jamais vraiment. Chaleur qui doucement grimpe pour habiller des joues trop blanches jusqu'alors.
Quelques phrases échangées avec serveur de comptoir.

- Alors, l'gamin aussi tu vas l'embobiner ?
- Hm...

Le sourire, fin et précis, rehausse une commissure.
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Rascal revolt

TW/CW : mention d'escorting / alcool / vulgarité.

Tu respires, t'as sorti ton téléphone. L'autre t'a pas suivi, alors t'en profites pour t'instruire, cherches Velasquez et Rubens sur google pour observer les tableaux des maîtres. T'en reconnais certains, mais jusqu'à maintenant t'en connaissais pas les auteurs. Le baroque c'est vraiment la meilleure période, avec ses personnages expressifs, ses couleurs, ses détails. Ça te passe le temps d'admirer les images, malgré que l'attention aille parfois aux passants. Il s'passe pas grand chose de fascinant autour de toi et si t'entends bien une dispute de couple au bout d'la rue qui te fait lever les yeux au son d'une claque, c'est pas tes affaires et t'as pas envie d'en écouter plus. Tu jettes ta clope par terre pour revenir à l'intérieur, ravalé par l'odeur des lieux. L'regard aussitôt aimanté sur ta découverte de ce soir. Tu connais toujours pas son prénom et la chose t'agace. Il a plus de cartes en main que tu n'en as. Devrais-tu t'en inquiéter ? Pas pour le moment. Tu l'aimes bien... En d'autres circonstances, tu t'serais sûrement battu bec et ongle avec Ange au Styx pour pouvoir t'occuper de lui.
Tu vas pour te rasseoir et t'hésites entre reprendre ta chaise ou celle juste à côté de lui. C'est peut-être envahissant. Maintenant que vous causez, ça paraîtrait plus étrange que tu gardes tes distances, non ? Tu tires la chaise qui vous séparait jusqu'à maintenant pour y poser ton cul. Le manteau de cuir est toujours sur tes épaules, le froid t'a fait du bien. Temporairement. L'alcool est au plus haut une heure environ après l'avoir bu, c'qui te laisse encore un peu de marge.  « J't'ai manqué ? » Distraitement lâché alors que tu attrapes ton verre pour rapidement chasser l'âcre de la nicotine sur ta langue. Ton assiette est vide et la sienne bientôt, alors t'en restes là, avec ton verre dans la main et cette bouteille à finir. Tu l'as vu discuté avec le serveur par la baie vitrée, sûrement des banalités dû à l'habitude des visites.  « Tu veux toujours pas me dire comment tu t'appelles ? » Oses-tu demander. Tu t'étires doucement, étends tes bras par dessus ta carcasse pour tirer sur ta colonne vertébrale, félin, avant de te réenrouler sur toi même pour poser le menton dans le creux de ta main. Tu décides de sortir l'artillerie lourde, yeux de puppy, air malheureux, tu murmures :  « S'il te plait. » Et un fin sourire mutin pour compléter le tableau avant que le masque ne disparaisse pour de bon. « Tu voudras faire quelque chose, après ? » Une balade ? Un autre bar, ou aller danser ? Aller chez toi. Ou chez lui.  « Si t'as envie, bien sur. »  


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- Oh oui. Je me demandais si tu allais même revenir.

Petit chaton prenant la fuite entre deux coups de vent.
Parfois, pause clope est un prétexte à l'échappatoire sociale. Quand on perd tous ses moyens. Alors on va se ruiner les poumons à coups de goudron, ça fait se sentir mieux, apparemment.

- Il t'intéressait ?

Livrer son identité, c'est octroyer un pouvoir à un autre. Celui qui le rend apte à nous rappeler.
Ce n'est pas faute du peintre si soleil a délivré son patronyme trop vite. Encore que. Il croit toujours à la probabilité d'un pseudo, ou d'une fausse identité. Après tout, son art n'est bien qu'imitation.

- C'est comme ça que tu l'amadoues, ta clientèle ?

Par un adorable petit regard de chien battu.
Plus encore que la place rapprochée pour poursuivre la discussion ; mimique donnerait presque envie d'enfouir une main dans cette tignasse rebelle. Chasser quelques mèches indisciplinées pour en dégager les mirettes suppliantes.

- Faire un tour de la Tamise. Tu pourrais me montrer le bar où tu travailles, aussi. Encore faut-il que tu tiennes toujours debout.

Le deal n'est pas oublié.

- Tu habites loin d'ici ?

Par quel moyen est-il venu. Dépend-il de ses jambes ou d'un tiers.
Dernière ration de plateau attrapée, mastiquée. Une gorgée de liqueur s'accompagne à cette ultime descente.
Troisième verre achevé.
Bouteille moitié vidée.
Les voilà à mi-parcours de leur duel tacite.
Un peu plus, ses pommettes se pigmentent. N'a pas eu l'avantage d'une sortie pour faire redescendre la température.

- Je repensais à ta question de tout à l'heure. Tu n'as aucune compagnie pour venir boire un coup avec toi ?

Voilà qui serait étonnant pour quelqu'un qui dit parfois aimer rejoindre une meute.
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Rascal revolt

TW/CW : mention d'escorting / alcool / vulgarité.

 « Il t'intéressait ? » Pourquoi ne t'intéresserait-il pas ?  « T'aimes bien ça hin, te donner des airs mystérieux. » Simple constat quand tu réalises qu'il te le donnera pas malgré ta réclamation. La frustration te gratte l'arrière du crâne comme une vilaine migraine. S'il veut pas te donner son prénom, t'as qu'à l'appeler Jack. Ou Oscar. Ça fait artiste maudit. Oscar donc, a pas l'air totalement imperméable à ton charme, mais pas assez pour répondre à ta précédente question.  « C'est comme ça que tu l'amadoues, ta clientèle ? » Il t'arrache un rire bref, tu renverses la tête en arrière un moment pour contempler le plafond avant de reprendre ton sérieux, le sourire n'ayant pour autant pas quitter tes lèvres. Tu souris beaucoup, ce soir. Chez certains animaux, dévoiler ses dents est un signe d'inconfort. Peut-être l'es-tu aussi un peu, inconfortable. Et en même temps, t'as pas envie que cette soirée se termine tout de suite.  « Parfois oui. Ça dépend de c'qu'ils veulent. » T'es juste un acteur dans une pièce de théâtre bien ficelée. Tout est fait pour leurs faire cracher du fric, toi t'as qu'à t'adapter à leurs besoins. T'en arrives à te demander ce qu'il veut, celui en face de toi. Si c'est juste de la compagnie, ou autre chose. Qu'est ce qu'il aime ? Qu'est ce qui le ferait frémir ? Le contrôle. Sur lui-même d'abord. Tenue soignée, ongles entretenus, pas de geste superflus. Tout est en ordre et à sa place, rien ne déborde... Sur les autres ensuite. Il ne t'a donné ni son prénom ni son numéro, s'en sert comme os à ronger pour allécher le cabot que t'es. Il ne lâche pas prise. Peut-être qu'il n'aime pas ça ou qu'il ne sait pas comment faire. Ta clientèle a parfois besoin d'être guidée, pour ça.
 « Faire un tour de la Tamise. Tu pourrais me montrer le bar où tu travailles, aussi. Encore faut-il que tu tiennes toujours debout. » « C'est assez loin, à pieds. » Observes-tu. Le boulot, t'en sortais. T'avais pas franchement envie d'y retourner, mais s'il avait envie de voir, rien ne vous empêchait de satisfaire sa curiosité. Mais oui, d'abord, il fallait que tu tiennes encore debout. Lui aussi... Et t'avais bien remarqué les jolies couleurs dispersées sur sa peau, signe que la chaleur montait aussi de son côté. Se pouvait-il que vous finissiez par perdre tous les deux ? T'avais fini ton troisième verre. Tu sentais qu'au quatrième, tenir le coup risquait d'être un peu plus tricky.  « Tu habites loin d'ici ? » « J'ai un appart à Camden. J'suis venu en moto. » Tu désignais l'casque que t'avais posé, plus loin.  « Mais j'pense qu'il faudra que je repartes à pied maintenant. » Tu le ressers tranquillement, remplis à nouveau ton propre verre. Ça devient un peu flou autour de toi dès que tu fais un mouvement trop brusque, mais il reste encore la moitié d'la bouteille et t'as pas l'intention de déclarer forfait.  « Et toi ? » Un soupir t'échappe. Tu veux pas voir ta gueule demain.  « Je repensais à ta question de tout à l'heure. Tu n'as aucune compagnie pour venir boire un coup avec toi ? » La gorgée que tu reprends est plus amère que les précédentes. Qu'est ce qu'il veut savoir ? Si t'as des amis ou quelqu'un dans ta vie ? Si t'as un groupe, une meute ?  « J'aime bien faire des rencontres. Comme toi. » Tes doigts pianotent nerveusement sur le rebord de ton verre. Une mauvaise bile qui remonte dans ta gorge, crasse de l'intérieure qui essaye de s'échapper. Tu sors parfois avec des collègues. Plus souvent seul à des soirées qui finissent toujours de la même manière, où tu poses ton cerveau et laisses tes propres mécanismes faire le boulot. Il ne t'est jamais bien difficile de trouver de la compagnie, qu'importe l'endroit. Archy n'est plus là, mais il a au moins eu cette victoire sur toi. Plusieurs même. Pendant longtemps t'as flippé de le recroiser. La moindre ombre qui lui ressemblait te faisait rebrousser chemin. T'étais capable de contourner quatre pâtés de maison juste pour être certain, et ça t'arrive toujours : une voiture du même modèle que la sienne te fige sur place. C'est quelque chose que même la raison ne parvient pas à stopper.  «  J'ai personne en ce moment, si c'est c'que tu veux savoir. Mais t'as l'air seul toi aussi, à moins que t'aies planqué ta bande de potes dans les chiottes en me voyant arriver ? » Tu sais pas c'qui te prend de te rapprocher encore plus prêt. Sûrement que comme tu commences à l'voir flou lui aussi, t'as besoin de stabiliser ta vision sur son visage.  « J't'aime bien. Si t'étais mon client... Je crois qu'on aurait passé un bon moment tous les deux. » Tes doigts se glissent dans tes cheveux avant de redescendre pour te frotter les yeux un instant, en dégageant la légère fatigue. « Tu me ramèneras si j'perds ? »


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Spoiler:

Le mystère,
c'est par ce mot là qu'on désigne ceux dont la tendance est à la distillation lente en informations.

- Ceux qui en disent trop sont toujours les premiers à perdre.

Dans toute sorte de jeu. De fiction. De réalité politique.
Faucille de son sourire s'affute, renverrait presque à l'astre nocturne le jumeau de son tranchant.
À comprendre par-là que faussaire déteste la défaite.

- Ça t'arrive de jouer à des jeux, Sunny ? D'argent, d'honneur. Ou même des jeux innocents.

Il le voit plutôt aimer se perdre dans des jeux qui engendrent des défaites inoffensives, du genre à faire rire en soirée quand on les raconte aux autres. Les jeux dont on ne retient aucune leçon réelle puisque les pertes ont été trop insignifiantes.

Du reste, il apprend que motard est prêt à abandonner les armes de l'audace en ce qui concerne le retour à la maison.

- Sage décision.

Qu'il commente, verre porté à ses lèvres trop lisses, trop parfaites. Le feu coule à travers son gosier, dans une rivière silencieuse et abrasive. C'est vrai que pour un peu de poisson et de riz, le choix du grand cru était osé. Mais c'est comme ça. Même ici, on joue quelque chose.

- Southwark.

Autrement dit, pas la veine la mieux fréquentée de Londres.

- Un petit appartement tout juste assez grand pour moi.

Mais pas pour d'autres. Il préfère aller salir la vaisselle des quidams, racler ses pompes sur le paillasson de ses hôtes et grogner sous la toile épaisse de partenaires lointains.

Le constat d'une certaine forme de solitude s'achève par un rire simple. Le genre de rire qu'on entend à la volée d'une discussion, qui fait lever les yeux du barman ou bien interrompre le rat dans sa course folle.

- Non. J'aime venir seul ici. Tu m'aurais accosté si j'étais entouré de toute une bande ?

L'effet de groupe tend à intimider naturellement les esseulés et ceux dont la volonté n'est pas suffisamment grande.

- Alors c'est donc ça. Je me demandais ce que pouvaient bien vouloir tes clients à part consommer un bout de toi.

L'épine de son dos repose tranquillement au dossier de sa chaise haute, mimines minutieusement nettoyées sous la lingette parfumée au citron. La sensation du coton humide ravit les pores, élève une fragrance discrète autour de la tablée. De quoi faire pivoter le regard un court instant avant que les jointures ne s'allient pour reposer contre son ventre.

- Je ne paye pas les gens pour coucher avec moi. Encore moins quand ils me plaisent.

Il paierait probablement pour un réceptacle ponctuel. Le genre dont on ne retient ni le visage, encore moins le prénom. Le genre qu'il préfère étreindre suffisamment fort pour qu'aucune voix autre que la sienne ne puisse se manifester. On ne veut pas d'un humain ; seulement d'un objet.

-  Si tu pars du principe que tu peux perdre...

Haussement de sourcils.

- Alors oui, tu vas perdre.

Autre leçon que joli molosse devra ajouter à son palmarès.
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Spoiler:

Rascal revolt

TW/CW : mention d'escorting / alcool / vulgarité.

 « Ça t'arrive de jouer à des jeux, Sunny ? D'argent, d'honneur. Ou même des jeux innocents. » S'il savait le nombre de fois où t'as joué ta vie sur des malentendus. Le nombre de fois où t'as joué pour survivre en prison – la plupart du temps à des jeux dont tu connaissais même pas les règles. Le nombre de fois où t'as tout parié sur quedal, perdu pour si peu. T'as eu plus de défaites que de victoires dans ta vie mais la dernière en date t'a offert la liberté. Ça t'a appris la prudence vis à vis de tout c'qui pourrait de près ou de loin t’entraîner dans quelque chose de malsain, tu joues maintenant, seulement quand tu sais que t'as des chances de gagner malgré que la fierté incassable des survivants te ramène parfois à jouer aussi même lorsque tes chances de perdre sont élevées. A des jeux moins dangereux, cela étant, seulement ceux où le peu d'égo qu'il te reste est en lice parce que ça te tient à cœur de le préserver. T'as arrêté de te cantonner aux règles, aux lignes fixées, t'es un tricheur invétéré. T'as compris que le fairplay c'est bien seulement pour ceux qui démarrent en étant avantagés et toi, tu l'es jamais. Alors nique le fairplay.  « Seulement ceux que j'peux gagner. J'suis mauvais perdant. » T'es capable d'aller arracher ta médaille avec les dents s'il le faut sur le cadavre de l'idiot qui occupera ton trône – celui de la médiocrité entre autre, parce que si y'à bien une palme d'or que tu mérites c'est celle là.  « Si je jouais pas, penses-tu que j'serais là. » Tu te sens obligé de le préciser, parce que y'à quand même bien eu des notions de perte et de gains abordées ce soir et c'est un énième jeu que tu as accepté. Le risque n'est pas bien élevé, du moins en apparence, puisqu'il y a bien quelque chose chez l'autre qui perturbe ton instinct de clébard que tu jugeais pourtant aiguisé. T'as l'impression d'être en face d'un problème, mais t'es incapable d'en déterminé l'ampleur. Tu joues son jeu parce que ça t'amuse mais t'attends que ça de trouver la faille pour retourner la situation à ton avantage, le sait-il ?  « Southwark. Un petit appartement tout juste assez grand pour moi. » Il est étrange d'imaginer l'autre dans un appart' aussi petit qu'il le décrit. C'est que le métier de peintre ne doit pas rapporter tant que ça, mais ça ne correspond pas à l'image que tu t'es fait de lui, ni à quelqu'un qui accompagne de simples sushis d'un whisky grand cru. C'est peut-être un plaisir qu'il s'offre occasionnellement malgré la régularité des visites de l'établissement. Ce n'est en tout cas pas commun, et le tableau que t'as dressé de ton vis à vis s'étiole légèrement. T'es soudain plus sur de rien. Ça pourrait être le loyer alléchant et l'envie de faire des économies sur un salaire correct. Ça pourrait être le besoin de se faire discret – ou bien celui de garder un secret, puisqu'en ajoutant la précision sur le lieu il ferme par là même l'idée de le visiter.  Aurait-il vraiment proposé de payer le repas s'il avait si peu de moyen ?  « Tes goûts en matière de boissons sont bien meilleurs que ceux en matière de logements, alors. » Simple commentaire pour soulever l'incohérence. T'es personne pour juger de là où il vit, et lorsque tu lui parles de ses amis potentiellement cacher dans les toilettes, ça le fait rire. Ton regard accroche ses canines, tu portes le verre à tes lèvres, savoure une seconde le son bref qui a brisé les traits si perfectionnés.  « Non. J'aime venir seul ici. Tu m'aurais accosté si j'étais entouré de toute une bande ? » Qu'a t'il envie d'entendre ? Que tu l'as abordé juste parce qu'il était assis à ta place habituelle ? Que tu l'aurais vu même dans un groupe ? Tu aurais sans doute attendu un instant qu'il soit seul pour venir le voir – mais t'as toujours préféré les solitaires aux solaires, t'es plus à même de t’accommoder des ombres des autres que de leurs lumières parce que t'as l'horrible tendance d'être attiré par tout ce qui a la capacité de te déglinguer physiquement ou mentalement. Et là, tu mets enfin l'doigt dessus. Tu réalises que ton vis à vis, il ruisselle de ce quelque chose qui t'allèche, comme une mouche autour d'un macchabée.  « Oui. » T'es certain de ça au moins. S'il avait été entouré d'une bande, il t'aurait quand même intéressé, parce que ça aurait été comme un coup de peinture loupé, un anachronisme, une anomalie. Quelque chose qui fait tiquer, qui n'a rien à faire ici et sur laquelle par défaut on ne peut que buter.  « Si t'avais été entouré, j'serais venu te voir pour t'aider à t'évader...  Pas toi ? » Là dessus tu vous imagines raccord, il n'a pas l'air plus fait que toi pour les bandes mal organisées, tu te soumets bien assez aux codes sociaux de ton espèce lorsqu'il s'agit de divertir tes clients, et lui n'en est pas un.  « Alors c'est donc ça. Je me demandais ce que pouvaient bien vouloir tes clients à part consommer un bout de toi. » « De l'attention principalement. Ils veulent être le centre du monde pendant un moment, même si ce n'est que du mien. » Tu réponds du tac au tac. T'es plus celui que tu étais y'à encore quelques années, les rênes du pouvoir ont depuis changé de main, ce que tu donnes est moindre et pourtant plus précieux. Tu te satisfais d'offrir ton attention à ceux qui te la demandent puisque c'est là ton gagne-pain. T'es plus un objet qu'on rejette sur le trottoir une fois le désir consumé, tes services ont évolués et avec eux ton statut social malgré que tu restes en équilibre précaire sur la balance de l'offre et de la demande et qu'il t'arrive de céder du terrain à tes propres limites pour mieux rééquilibrer cette dernière en ta faveur. Le silence revient sur la tablée pendant qu'il se nettoie tranquillement les mains avec la lingette. L'odeur citronnée envahit quelques instants les alentours. C'est un parfum que t'apprécies. T'aimes globalement tout c'qui sent le propre, l'odeur des chambres d'hôtel et des draps lavés à la lessive bon marché, la senteur des voitures neuves pas encore utilisées...  « Je ne paye pas les gens pour coucher avec moi. Encore moins quand ils me plaisent. » Grand bien lui fasse. Toi non plus, tu payes personne pour ça et tu te verrais pas le faire. T'as trop à cœur le consentement des autres, t'acceptes les rares deals qu'on te propose toujours en pleine possession de tes moyens et l'argent n'est qu'une motivation comme les autres. De toute façon, quelqu'un qui vit à Southwark aurait-il eu les moyens de s'offrir ta présence si tu ne la lui avais pas donné sur un plateau ce soir ? Non. Mais ce soir t'as l'impression d'être celui qui quémande l'attention plutôt que celui qui la donne, et rien que ça déjà ça t'sort de ta zone de confort.  « Si tu pars du principe que tu peux perdre... » Silence, il hausse des sourcils. T'en soulèves un par curiosité.  « Alors oui, tu vas perdre. »  « J'perdrais pas. » Le roquet que t'es se révolte à cette idée et le ton s'fait plus tranchant. La volonté s'affine malgré le flou ambiant qui règne et les couleurs sur la peau trahissant la chaleur des veines. Tes doigts pianotent encore sur le verre, le liquide ambrée tangue sous la tempête que tu opères et l'silence revient une minute avant que tu l'ouvres encore :  « Est-ce que j'te plais ? » C'est l'alcool qui t'fait poser la question, sûrement qu'en d'autres circonstances, t'aurais jamais demandé. C'est aussi à cause de ce qu'il a dit précédemment et du fait que t’arrives pas à le lire. T'as besoin d'une réponse sur ce point, d'une direction à donner à tout ça, d'une impulsion d'un côté ou de l'autre, peu importe laquelle.  « Tu connais vrai ou faux. » C'est pas une question, évidemment qu'il connaît, à moins qu'il soit né sur une planète autre que la Terre ou qu'il ait été élevé enfermé dans une cave. Sa question sur les jeux t'a donné envie d'en proposer un, un jeu dans un jeu, histoire de profiter des dernières gorgées d'alcool qu'il vous reste encore à ingurgiter afin de déterminer le gagnant de la manche imposée.  « J'propose une anecdote, tu dis si c'est vrai ou faux, tu bois si tu te trompes. » Tu vois que ça comme moyen détourné de grappiller des informations sur le peintre. Ce qu'il ne veut pas te donner volontairement, tu peux peut-être l'obliger à te le donner autrement ? A moins que ça soit trop pour lui, qu'il craigne de perdre la partie puisque selon lui, ceux qui en disent trop sont toujours les premiers à perdre. Mais en terme d'info dump, tu l'as largement devancé, non ?  « Jusqu'à la dernière goûte. » T'ajoutes alors que tu re-remplis vos verres, t'es déjà en train de réfléchir à ce que tu pourrais dire qui le conduirait à se tromper. T'as eu une vie bien mouvementée et t'es assez doué pour déformer la réalité. Tu te dis qu'avec un peu de chance il se trompera assez pour être bourré avant toi, qu'il perdra le défi préalablement imposé s'il boit plus vite que toi. C'est pas de la triche – pas vraiment du moins – t'essayes juste de précipiter sa fin pour assurer ta victoire avant que l'alcool te monte trop à la tête et qu'tu doives déclarer forfait.  « Toi d'abord ? » Tu lui offres la politesse de commencer, de prendre l'avantage même là. T'attrapes toi-même la lingette cotonnée pour te nettoyer les doigts avant de repousser le tout sur le comptoir et te concentrer sur lui. Sur ses traits, ses intonations, ses micro expressions qui pourront t'aider à déceler le vrai derrière les mots. Il en joue bien, des mots, et ton cerveau est clairement plus assez oxygéné pour te permettre de tout embrasser d'un seul regard, mais c'est que du hasard et t'estimes avoir toutes tes chances de gagner.  


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Ceux qui jouent s'ennuient ou ont quelque chose à prouver.
Quelle autre raison pour ne pas aller contribuer au capitalisme, sinon ?
Verser un peu de chaos. Donner coup de pied à la fourmilière. Voler quelques câbles au chemin de fer. Jeter la flamme à la flaque d'essence.

S'asseoir à côté d'un inconnu pour le provoquer dans son domaine de prédilection.

Ce sont des jeux.

- Les mauvais perdants ont cette qualité intéressante d'être pourvus d'une hargne plus importante que la moyenne.

Puisqu'ils reviennent de bien plus loin.
Ont à prouver une nouvelle fois qu'ils valent quelque chose.
Il est dur de défaire l'apriori des gens, le portrait qu'ils ont déjà dressé de nous-mêmes. Puisqu'ils pensent être capables de nous définir mieux que personne.

- Non, effectivement. Je pense que tu es quelqu'un qui aime beaucoup jouer.

Un sourire vient relever ses badigoinces, peut-être qu'il y a quelque chose de plaisant à voir un vilain cabot retenir la manche de son pantalon. Pour un peu d'attention, pour un bâton lancé, ou mieux rien qu'un coup de pied. Il vaut parfois mieux souffrir que de se laisser remplir de vide. Les animaux l'ont bien compris. L'Homme, quant à lui, en a fait son apanage.

Le commentaire sur son lieu d'habitation laisse une risette flottante, mais aucune réponse à l'horizon.
Plus de possessions il y a, plus d'indices on laisse derrière soi.
Plus grande était la demeure, plus puissante sera la douleur à vivre désormais au sein d'une cage.
Il est de ces personnes dont le lieu de vie s'orchestre dans l'esprit, un espace dépourvu de frontières où s'agencent minutieusement les meubles. Le voyageur n'a jamais eu besoin de rien d'autre que d'une forte tête sous laquelle se réfugier en cas d'intempérie. Les murs tendent à renfermer l'esprit sur lui-même.

- Si je t'avais vu entouré, j'aurais attendu de voir à quel moment tu décides de te détacher du groupe.

C'est intéressant d'observer un être vivant prendre son individualité, et pourquoi il le fait.

- En temps normal, je t'aurais observé. J'aurais analysé tes gestes, ta place dans le groupe. Ton choix de boisson...

Son regard noir de charbon tombe dans celui du soleil, lourd comme une chute de pierre.

- Que tu aies voulu prendre la même chose que moi en dit long.

De ceux qui dépendent des autres, cherchent à prouver. On y revient.

- Même ton choix de carrière révèle quelque chose. La prostitution est un milieu bien solitaire.

Fait pour les égarés, les éclopés, ceux en carence affective, les traitres à la bague qui se retire trop facilement.
Les chiens qui cherchent un maître auprès duquel battre de la queue.

- N'ai-je pas déjà été suffisamment explicite ?

Je ne paye pas les gens qui me plaisent à coucher avec moi.

- Ou tu as besoin que je te rassure ? Hm ?

Son buste s'incline comme pour recueillir l'ombre d'un secret.

- Oui, je connais.

Puis la colonne vertébrale redevient droite, épouse le bois verni.

- Tu veux essayer de m'avoir à l'usure ? Intéressant.

Le verre se remplit sous ses yeux, promesse d'une nuit plus longue qu'espérée.
Sa poitrine se gonfle tranquillement, comme on prépare un corps à se battre. Comme on s'attend à se tenir éveillé pour deux heures de représentation. Amas de pensées et fils d'histoires qui s'entrelacent sous l'encéphale, la première information de la soirée tombe.

- Tout à l'heure, je t'ai dit que ce soir était la première fois que je te voyais. J'ai menti.

Vrai
ou faux ?
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Rascal revolt

TW/CW : mention d'escorting / alcool / vulgarité.

 « Que tu aies voulu prendre la même chose que moi en dit long... Même ton choix de carrière révèle quelque chose. La prostitution est un milieu bien solitaire. » Un choix de carrière. Les mots te heurtent. Les phrases te retournent l'estomac.  « J'suis escort, pas travailleur du sexe. » Tu tiens à cette nuance, celle qui sépare l'humain de l'objet dans ta tête et celles de tes client(e)s. Tu te mords la lèvre inférieure pour t'empêcher d'en rajouter, pour lui expliquer que t'as pas choisi, que ça t'es tombé dessus, que t'as essayé d'en sortir mais que c'est plus facile pour toi finalement de rester dedans, qu'en acceptant la chose ça la rend moins importante au final, c'est pas ce qui te définit, c'est pas ce que tu es et ça le sera jamais. C'est toi qui profite des autres maintenant et c'est tout ce qui compte. C'est une force, ça t'a rendu fort ouai, c'est pas Archy qui dira le contraire de là où il est – ce connard. Tu voudrais qu'il crève. T'as jamais souhaité la mort de personne sauf la sienne. Bien entendu y'en a qui font ça par choix, c'est ton cas maintenant, et tu respectes le job et celleux qui l'apprécient plus que toi. Le plus vieux métier du monde, askip.  « N'ai-je pas déjà été suffisamment explicite ? Ou tu as besoin que je te rassure ? Hm ? » Frisson qui s'égare le long de ta colonne vertébrale alors que t'accuses la réponse en silence. Avais-tu besoin d'être rassuré à ce sujet ? C'était pas exactement ça, il aurait pu te dire non ça t'aurait pas dérangé outre mesure. T'es satisfait du fait que ce soit mutuel mais ça t'aurait pas empêché de passer un bon moment si ça ne l'avait pas été – la soirée actuelle t'occupant assez l'esprit pour repousser le vide, maintenant ça ne te fait que plus réfléchir encore et en s'concentrant bien l'autre pourrait sûrement voir les rouages de ton cerveau s'accélérer. Dans le fond si – peut-être que c'était une façon de te rassurer, comme une tape affectueuse sur ta tête, une friandise lâchée pour t'encourager dans l'effort.  « J'ai du mal à savoir c'que tu penses. » Avoues-tu. Et t'as du mal à identifier le sentiment que ça te procure. T'as l'impression de marcher sur des œufs, qu'au moindre mot qui ne lui conviendrait pas, il te tournera le dos à ce comptoir et t'abandonnera. Tu devrais pas avoir peur de ça, tu le connais depuis à peine 1h mais ce gars est un putain de trou noir et tu t'es retrouvé coincé à l'horizon des événements. Semble t'il que tu puisses rien faire d'autres que glisser inlassablement vers le centre et l'pire c'est qu'il te manque beaucoup trop de cases pour que t'aies pas envie d'le faire volontairement juste pour voir c'qui se passera une fois que t'auras atteint le point le plus sombre de l'univers. In another way, il est de ceux qui te procure une certaine sensation de fausse sécurité, t'es certain que s'il était responsable de ta ligne de vie il serait capable de couper ta corde sans le moindre regret, mais t'as quand même besoin de t'y accrocher.
 « Oui, je connais. » T'as proposé le jeu et il a pas refusé, tu l'observes alors reprendre sa posture, droite, inflexible. Combien de fois on lui a dit « tiens toi droit » pour qu'il en arrive à maintenir la position même dans des moments de détente ?  « Tu veux essayer de m'avoir à l'usure ? Intéressant. » Un sourire étire tes lèvres, t'es démasqué. Mais il va joué quand même puisque vous êtes similaire sur ce point – joueurs – et que dans l'orgueil qui est le sien il doit être persuadé qu'il gagnera. Mais ce n'est qu'une question de chance. Ça revient au même de jouer à pile ou face, pour toi.  « Tout à l'heure, je t'ai dit que ce soir était la première fois que je te voyais. J'ai menti. » Les yeux s'plissent. Tu sais pas si ton cœur s’accélère parce que t'as trop bu ou si parce que l'idée d'avoir été espionné à tes dépens te met mal à l'aise. Espionner est peut-être un grand mot, après tout vous pouvez vous être déjà croisé avant, mais tu vois pas où parce que ça t'semble improbable que vous fréquentiez les mêmes milieux outre ce sushi shop. Tu réfléchis longuement, ressasse dans ta mémoire les derniers endroits où t'as été. Pourquoi il t'aurait menti ? Et surtout, pourquoi devrait-il dire la vérité maintenant à part pour te déstabiliser ? T'es nul à chier pour reconnaître les visages mais t'es certain que si toi tu l'avais vu avant, tu t'en serais rappelé à moins que ça remonte à trop longtemps. Tu te souviens pas de la moitié des client(e)s que t'as eu, même si certains visages restent gravés dans ton crâne comme au fer rouge – t'imagines que t'aurais reconnu le sien s'il avait été de ceux là, au moins, et à ce compte là tu l'aurais même pas abordé. Pire, t'aurais tourné les talons, pas envie de revoir la moindre gueule trop prompte à te ramener dans le passé. Où aurais-tu pu le croiser à part dans un bar aléatoire, ton lieu de travail - qu'il a dit vouloir visité et t'en as déduit qu'il y avait jamais mis les pieds - ou un putain de supermarché entre le rayon PQ et celui des céréales bon marché ?  « C'est faux ? » Tu dis lorsque tu réalises que tu réfléchis depuis trop longtemps pour que ça ait l'air normal et que ton bug passera sûrement pas inaperçu. T'en reviens pas qu'il ait osé dire ça comme première anecdote, toi qui espérais enfin choper des infos personnelles... V'la qu'il arrive encore à rien te donner à part des foutus nœuds dans le cerveau.  « J'suis un menteur, j'dis jamais la vérité. » Si c'que tu dis est faux t'es un menteur donc techniquement c'est vrai. Si c'que tu dis est vrai, t'as dit la vérité donc techniquement c'est faux. Si un énoncé vient à affirmer sa propre fausseté, alors il ne peut logiquement être ni vrai, ni faux, et t'étais curieux de voir comment allait se débrouiller ton vis à vis face à ça - non pas que tu cherches à le piéger, et d'ailleurs c'était faux. Tu mentais parfois. Juste pas tout le temps, et pour le moment, pas à lui.


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Ce visage.

C'est l'expression de quelqu'un qui réfléchit trop,
beaucoup trop.
Et c'est un délice suprême pour celui qui a prétendu mentir. Une friandise au moins aussi délicieuse que ce que le Maneki est capable de servir après un bourbon à 50 degrés. Si bien qu'il faut reconnaître que l'artiste attend patiemment avant de laisser l'indice d'un sourire narquois s'échapper au beau milieu de canines bien droites. Autant que sa colonne vertébrale.

- Tu devrais voir ta tête...

La dextre vient masquer une gueule moqueuse, épaules bondissantes.

- Qu'est-ce que tu as imaginé ? Tous les scénarios où j'aurais pu t'observer depuis un angle de mur ? Prendre des notes sur toi ? Te suivre jusqu'à ta maison ? Pffft.

Pupilles planquées sous paupières en demi-lunes, les naseaux soufflent leur ricanement derrière cinq phalanges serrées.

- Tu as raison. C'est un mensonge. Je ne t'ai jamais vu avant.

Mais tout le monde ici aurait pu en douter.

- Bien. À ton tour.

Lentement la raillerie s'évapore, ne laissant qu'une discrète partition de jazz en arrière-plan.
Le gamin a quand même répondu juste. Dommage. Pas de gorgée pour cette fois.
Face à la contradiction épelée, les bras retournent à leur juste place sur le comptoir. Posture sereine de celui qu'on ne prendra pas au dépourvu si facilement.

- Ça s'appelle le paradoxe d'Épiménide. Je te dis que je suis un menteur, donc je dis la vérité. Donc je ne mens pas. Alors je ne suis pas un menteur.

Rictus en recoin, l'artiste s'amuse face au chiot qui tente de gravir le muret d'un intellect un peu trop important.

- Bien essayé. Tu connais d'autres antinomies du genre ? J'en suis féru. Je t'ai dit que je lisais beaucoup ?

Mais il s'égare.

- Hm. Et si ton affirmation était ton anecdote, alors je pense que tu dis la vérité bien plus souvent que tu ne le penses, et que tu finis souvent par t'en mordre les doigts.

Et pour la première fois de la soirée
sa sénestre se lève, sort de sous comptoir pour venir apposer la pointe d'un index contre ce front dissimulé derrière mille cicatrices de crins charbon.

- ... Fais bien attention à toi, petit soleil.

L'empreinte se retire.

- Alors, j'ai bon ?

Ou bien la vérité était-elle aussi un mensonge.
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Rascal revolt

TW/CW : mention d'escorting / alcool / vulgarité.

 « Tu devrais voir ta tête... Qu'est-ce que tu as imaginé ? Tous les scénarios où j'aurais pu t'observer depuis un angle de mur ? Prendre des notes sur toi ? Te suivre jusqu'à ta maison ? Pffft. » Bien malheureux celui qui s'rait tenter de penser que t'es une proie facile, et t'oses espérer que si t'avais été suivi, tu t'en serais rendu compte. Non, on te suit pas, t'es pas assez propre pour ça, t'intéresses pas les voleurs. A la limite, un tueur en série ?  « Tu as raison. C'est un mensonge. Je ne t'ai jamais vu avant. » C'est c'que dirait un tueur en série. Non pas que tu penses en avoir un en face de toi et tu retiens pas tes lippes lorsqu'elles s'étirent davantage dans un sourire victorieux. Satisfait de remporter la première manche. « J'me demandais plutôt si t'étais pas un de ces mecs cocu ayant prévu d'me tabasser à la sortie parce que j'ai dragué sa copine le weekend dernier. » Tu réponds sur le ton de la blague faisant écho à son air moqueur. Ça t'est rarement arrivé et sur le coup t'y avais pas vraiment pensé d'ailleurs – mais tu préfères franchement sa version. Tu préfères qu'il t'ait pas menti à ce sujet, ça t'conforte dans l'idée que ta mémoire n'est pas totalement bonne à rien. T'avances ta propre anecdote, piège ouvertement tendu pour voir si l'autre tombera dedans ou non. C'est grossier, ça t'étonnerait pas qu'il le voit à des kilomètres. C'est pas l'idiot du village, il en a même clairement plus sous l'capot que toi côté neurones fonctionnels – notons qu'tu juges la barre pas bien haute te concernant. Il n'a même pas l'air surpris, pas choqué, pas déstabilisé. Rien de tout ça. Rien du mutisme dans lequel sa propre affirmation t'avait plongé.  « Ça s'appelle le paradoxe d'Épiménide. Je te dis que je suis un menteur, donc je dis la vérité. Donc je ne mens pas. Alors je ne suis pas un menteur. » Le rictus qu'il t'adresse n'affine que le tranchant du tien. Ça t'aurait arrangé qu'il cède du terrain mais t'apprécies encore plus qu'il te réponde avec autant d'aplomb. T'avais pas la moindre chance que ça fonctionne sur lui. Il va falloir que tu sois plus malin si tu veux t'en sortir. T'inspires, discrètement et profondément pour essayer de ralentir ton rythme cardiaque, grappiller des degrés en moins sous l'épiderme ; travail sur toi même que tu sais en vain.  « Bien essayé. Tu connais d'autres antinomies du genre ? J'en suis féru. Je t'ai dit que je lisais beaucoup ? »  « Non. Tu l'as pas dit... » Mais là encore, ce n'est pas une surprise de la part de l'érudit assit en face de toi. L'Art est élitiste, t'imagines sans mal qu'il a reçu l'éducation adéquate à l'esprit cartésien qui a l'air d'être le sien. Quand à l'antinomie, déjà.... tu bégayes mentalement sur le mot, tu te souvenais déjà même pas du nom du paradoxe cité parce que tu retiens que la moitié des informations. Ton savoir est une bibliothèque aux tiroirs mal rangés, y'à rien dans l'ordre alphabétique et t'essayes même pas de l'arranger. Cela étant dit, si c'est le genre de phrase qu'il aime, tu peux lui en servir d'autres. Par exemple, celle que tu trouves la mieux représentative de la situation : the quick brown fox jumps over the lazy dog. Mais ce n'est pas une antinomie, c'est un pangramme et si t'en as retenu le nom c'est juste que tu les préfères aux restes des figures de style.  « Hm. Et si ton affirmation était ton anecdote, alors je pense que tu dis la vérité bien plus souvent que tu ne le penses, et que tu finis souvent par t'en mordre les doigts. » Il a raison. Horriblement raison. L'impulsivité qui te ronge fait bien souvent de toi un livre ouvert, t'auras beau essayer de masquer c'que tu es, la vérité brute finit toujours par t'échapper. Sa main se tend, le doigt se pose contre ton front, c'qui te figes une seconde. Un battement de cil, un lapin dans les phares d'une bagnole sur le point de le percuter. T'appliques une légère pression malgré toi contre ce doigt, la tête se penche imperceptiblement en avant pour accentuer l'contact. Est-ce que c'est lui, Jupiter ? Est-ce que c'est ce que Phaéton a ressenti lorsqu'il a vu apparaître le dieu du ciel prêt à rendre son jugement ?  « ... Fais bien attention à toi, petit soleil. » Il enlève son doigt, te laisse avec la sensation de ce dernier sur ton front que t'as immédiatement envie d'frotter – mais tu ne le fais pas.  « Alors, j'ai bon ? » T'as phasé un instant alors sa question te ramène à la réalité. Reprends-toi mec, c'est qu'un doigt. Pourquoi avoir fait ça ? Pourquoi avoir dit ça ?  « Oui, t'as bon. » Un peu plus haut qu'un murmure, moins que si tu l'avais dit à pleine voix. Si seulement t'étais encore assez sobre pour pas être touché par ce simple contact, mais t'as les vieilles habitudes qui reviennent au galop lorsque tu laisses l'alcool envahir ton corps et là, oui. Là t'as envie qu'il remette son doigt sur ton front, ou sa main sur ta tête. T'oses pas lui dire que si tu veux pas perdre c'est juste parce que tu veux pas qu'il disparaisse. T'as pas envie d'être seul et dans le contexte actuel tu serais prêt à donner beaucoup pour pas que ça arrive.  « De quoi j'devrais faire attention ? Tu vas me foudroyer si j'm'approche ? » Tu demandes, plus bas encore. Mais c'est certain qu'il a entendu, et t'attends gentiment la permission, bon chien que t'es.  « J'aimerais bien te voir essayer. » Tu continues d'faire tourner l'alcool dans ton verre, presque un peu déçu de ne pas encore avoir eu l'occasion de boire. Une fois de plus tu te retrouves à supporter ton menton dans le creux de ta main, l'bras replié – et puis la main libre s'tend à son tour, replace sur la veste de l'autre le tissus du col légèrement froissé. Rien de plus avant de la ramener à toi.  « C'est ton tour... Tu lis quoi, au fait ? »


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Pour être cocu, encore faudrait-il que le concerné ait un jour été dans une union avec quelqu'un. Mais est-ce seulement arrivé ? Pour les apparences ou pour servir une ambition, peut-être. Avec quel profil pourrait-on imaginer un faussaire ? Certainement un individu au moins aussi bien intentionné que lui.

- Non. La vengeance devrait être plus subtile que ça.

Qu'une prise de note au détour d'un couloir. Qu'attendre que l'incriminé quitte son travail pour sortir grossièrement les poings et sévir sur la place publique. Quel manque d'élégance... Il y aurait toute une thèse à rédiger sur le thème de la vendetta. On en a fait des fictions entièrement dédiées, où le protagoniste patiente parfois des années avant de voir sa vengeance assouvie. Une preuve de persévérance que peu de personnes seraient capables d'endurer.

Et dans ce petit jeu sans conséquence réelle,
notre peintre a vu juste. Mais comment aurait-il pu en être autrement ? Un soleil est si éclatant que n'importe qui peut l'apercevoir, et particulièrement dans l'espace le plus fermé. Dans la pièce la plus sombre. Un astre est la première chose que l'on voit. Peut-être que oui. Sunny aurait été le premier que Renjun aurait vu au beau milieu d'un groupe. D'une foule.
Ce n'est pas pour rien que la lumière attire les démons. C'est une denrée rare. Précieuse. Corruptible.

- Oh non. Je me languis de savoir à quoi ressemble ton feu.

Dans certaines fables, le soleil ne brûle pas. Il ranime et ressuscite.

Ses bras se croisent contre sa poitrine. Le regard est baissé sur le bois verni du comptoir, comme on y cherche une veine à décortiquer. Une faille dans ce matériau bien choisi.

- Je lis des essais. Des autobiographies. Des pièces de théâtre. De la revue scientifique et de la documentation. De l'Histoire, aussi.

L'attache au réel est tangible. Il n'y a pas que dans la peinture que l'artiste aime à glisser dans la tête d'autrui.

- Mais peu de fictions. En fait, en ce qui concerne la fiction, je la préfère sur le grand écran.

Le sourire est réel.

- Bien, une anecdote...

L'œil balaye, se détourne comme pour recomposer de vieilles scènes, voir le film de ses souvenirs se dérouler au beau milieu du restaurant. Rires d'enfants, bruissement d'une nature en plein été, semelles raclant la falaise étroite de Corée.

- Je devais avoir douze ou treize ans. On était partis s'amuser dans la montagne avec deux autres copains, c'était l'été et il faisait particulièrement chaud et humide. On a marché pendant deux heures, tout ça parce qu'on avait entendu parler d'un village à l'abandon, et comme on était curieux de voir, on a grimpé tout le long de la côte escarpée. Tu vois les petits chemins mal débroussaillés, remplis de mauvaises herbes et de buissons coupants ? On avait des lacérations jusqu'aux genoux. C'est seulement quand on a vu le panneau annonçant le début du village qu'on s'est dit que ça valait la peine d'avoir fait tout ça. C'était une sorte de vieil hameau, déserté depuis plus de dix ans. La nature avait commencé à reprendre ses droits, il y avait de la végétation qui recouvrait les toits, les vitres cassées, les portes défoncées. On s'est enfoncés dans le village, ça montait encore.

Face à lui, le paysage d'une montagne raide et de sa flore exigeante et impitoyable se déploie par racines, s'enroulerait presque autour des pieds de la chaise, jusqu'à escalader le dossier, et puis, bientôt, leurs corps.

- On a fini par arriver à une petite maison de pêcheur, à l'écart du reste. Il n'y avait plus de portes, alors on est entrés. On voulait prendre une pause, on n'en pouvait plus. Il faisait horriblement chaud. Et on ne s'attendait pas à y trouver ce qu'on a vus. Entre tous les meubles, les bris de verre et un vieux kayak, il y avait quelque chose.

La silhouette chétive et recroquevillée se dessine au milieu du fatras d'objets.

TW : animal à l'agonie.

- Un petit furet. Pas plus grand que celui que tu m'as montré tout à l'heure. Mais il ne bougeait pas. Ou plus. On s'est dit qu'il était mort. Tu as déjà senti l'odeur d'un corps en décomposition ? C'est une des pires choses que tu puisses respirer.

Son expression s'aggrave, comme si le parfum macabre avait traversé les époques pour flirter jusqu'à son museau.

- Je me suis approché. Tout à coup ; il s'est mis à bouger. À sursauter de peur. Sa patte arrière était coincée dans un filet de pêche. Il devait être là depuis plusieurs jours, peut-être trois. C'était couvert de mouches.

Trois jours avec une jambe qui se putréfie au bout d'un corps toujours en vie.

- On a essayé de retirer le filet et le hameçon, mais c'était trop entortillé autour de la chair et ça avait commencé à pourrir. Il n'y avait personne dans la montagne. Personne dans le village. Pas de réseau. On était trois gamins ; qu'est-ce qu'on pouvait faire ? On s'est concertés. Deux choix s'offraient à nous. Achever l'animal puisqu'il n'en avait de toute évidence plus pour longtemps, ou alors : tenter de le sauver en lui coupant la patte. Au risque de simplement voir l'animal se vider de son sang et l'amener à la même fin que la première option.

La lourdeur du récit décante au bout de chacun de ses doigts. Ceux qui ont essayé de dépêtrer l'animal de son piège mortel.

- Imagine trois gamins sans aucune expérience, face à une telle situation. Pour nous, adultes, ça ne parait pas grand-chose. Mais c'est impressionnant à voir quand on est jeunes. Qu'est-ce qu'on a fait, d'après toi ? On a achevé l'animal.

Le cri d'une bête est un souvenir suffisamment prégnant pour qu'il continue de hanter encore les rêves même des années plus tard.

Encore faut-il que l'évènement se soit réellement déroulé.
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Rascal revolt

TW/CW : mention alcool / vulgarité.

Non. La vengeance devrait être plus subtile que ça. Pas toujours, dans ton cas, même si tu comprends l'intérêt de la subtilité. Tu comprends aussi celui d'agir vite, d'ancrer la leçon immédiatement après l'affront pour éviter qu'il ne se réitère. C'est bien comme ça qu'on dresse les animaux de toute façon, sinon on prend le risque qu'ils oublient la faute pour laquelle ils sont punis. L'humain a moins cette propension à l'oubli, et c'est vrai que certaines vengeances sont plus redoutables lorsqu'on prend le temps de bien les ficeler. De s'assurer que la victime n'a aucune chance de s'en tirer, que le coup porté sera fatal. Il est plaisant d'couper soi-même la corde de l'épée de Damoclès après avoir correctement jugé d'la hauteur de la chute nécessaire pour qu'elle s'plante assez profondément. Un plaisir que t'as toi même pu goûter – même si t'avais davantage profité d'un moment d'inattention, d'une faiblesse de l'ennemi... Laissé parler l'instinct lorsque le coup de trop avait été porté. Rien de savant ni même d'élégant, mais tu te souviendrais toute ta vie de ses traits tirés par la surprise alors que tu le renversais sur le sol pour prendre l'ascendant sur lui. Oui ça, ça valait bien d'avoir attendu ton tour.  « Oh non. Je me languis de savoir à quoi ressemble ton feu. » C'est donc ça qu'il veut. Te voir foutre le feu à tout c'que tu touches, parce que t'es un putain de pyromane sentimental. Il t'empêchera pas de t'auto détruire. Il se veut simple observateur. Ou mieux l'interrupteur. Le bouton rouge. Sa réponse t'amuse. Contrairement à Phaéton, t'as pas l'intention de tomber. Y'à pas d’extincteur à c'qui te consume et c'est plus ton père qui viendra te chercher.
Il croise les bras, observe le comptoir. Tu joues avec l'ombre qu'il jette sur le bois, laisse tes doigts en faire le contour, soigneusement.  « Je lis des essais. Des autobiographies. Des pièces de théâtre. De la revue scientifique et de la documentation. De l'Histoire, aussi. » ça fait beaucoup de sujets différents, et très peu propres à laisser l'imagination vagabonder. Un peintre qui lit des revues scientifiques ? C'est aussi incongru qu'un cabot s’adonnant à la rhétorique. Comme pour répondre à tes interrogations, il enchaîne :  « Mais peu de fictions. En fait, en ce qui concerne la fiction, je la préfère sur le grand écran. » Un amateur du 7ème art également, alors. Un touche à tout. T'imagines un cerveau jamais vraiment au repos, c'est qu'il en faut de la place pour accumuler autant de connaissances et s'adonner à autant de matières. Le sourire qu'il te balance dans la tronche te fend la cage thoracique. Il est plus beau souriant qu'impassible. « J'note pour le cinéma... » Ton regard passait de sa bouche à ses cheveux, puis à ses yeux. Le genre de visage qui faisait la une des magazines. « Bien, une anecdote... » T'échappes un soupir, essayes de reprendre une certaine contenance, de retrouver la concentration que tu avais précédemment. Difficilement. Le temps file et avec lui, tes chances de gagner qui s'amenuisent. Tu le vois faire mine de chercher dans ses souvenirs, s'il ne le fait pas vraiment, alors il imite très bien la chose.
Tu l'écoutes dérouler le fil de son récit, la montagne, l'été, le ciel bleu impitoyable n'offrant aucun nuage pour se soustraire aux rayons du soleil. La fatigue des mollets dû à l'ascension et les muscles brûlants. La végétation sauvage, les trois enfants en quête d'aventure se frayant un chemin au travers. Le village abandonné, les dernières traces de vie qui attirent les yeux curieux de voir la nature à l'oeuvre pour reprendre ses droits. La maison de pêcheur. Son porche au bois fatigué. Et puis l'animal. Fallait-il que ce soit un furet ? Immédiatement, tu penses à ton animal de compagnie. Tu l'imagines à la place de l'autre, dans l'histoire. Le furet coincé dans le filet de pêche, l'odeur... T'as jamais respiré ça - ou peut-être que si, tu sais pas. Non, tu crois pas. Tu te souviens pas d'avoir déjà vu un animal dans un tel état.  Y'à bien eu le chat de la voisine quand t'étais gamin que t'avais retrouvé écrasé dans la rue, mais il était mort depuis quelques heures à peine. Pas assez pour qu'une odeur s'en dégage autre que celle de l'humidité qui avait imprégné ses poils. T'accrochais les expressions qui traversaient l'visage de ton interlocuteur, comme s'il revivait à nouveau la scène à travers ses mots. Le furet toujours vivant, les essais infructueux pour le libérer. T'entendais sans peine les cris de détresse de l'animal face à trois enfants, d'abord terrifié d'être prisonnier, puis terrifié d'être probablement dévoré. «  Deux choix s'offraient à nous. Achever l'animal puisqu'il n'en avait de toute évidence plus pour longtemps, ou alors : tenter de le sauver en lui coupant la patte. Au risque de simplement voir l'animal se vider de son sang et l'amener à la même fin que la première option. » D'aucuns auraient pensé que le furet pouvait potentiellement s'libérer lui-même en se rongeant la patte. S'il était correct à tes yeux de comparer l'humain aux animaux, l'inverse était moins valable. On donnait souvent à tort des caractères d'Hommes aux animaux de compagnie, mais pour le coup, se ronger la patte pour s'enfuir restait un phénomène rare. Sacrifier de façon permanente un bout pour la survie du tout nécessitait un recul sur sa propre situation, un certain stoïcisme. Les seuls cas de mutilation qui fonctionnaient étaient ceux exécutés par réflexe, comme le lézard perdant sa queue. L'amputation volontaire était – elle – le propre de l'homme, et s'il était déjà arrivé d'observer des animaux réalisant l'acte, ce n'était que par accident et en aucun cas fait en connaissance de cause. Un furet piégé dans un filet de pêche pendant 3 jours aurait peut-être pu s'arracher la patte à force de tirer – sans même avoir conscience que ce faisant il perdrait un membre. Dans ce cas ci, il n'avait à priori pas tiré assez fort...  « Imagine trois gamins sans aucune expérience, face à une telle situation. Pour nous, adultes, ça ne parait pas grand-chose. Mais c'est impressionnant à voir quand on est jeunes. Qu'est-ce qu'on a fait, d'après toi ? On a achevé l'animal. » Tu bronchais pas lorsque l'image prenait forme dans ton esprit. Tu te demandais si t'aurais été capable de le faire, toi. Ou de le faire même encore maintenant avec ton propre animal. Mais surtout, l'avait-il fait, lui ? Le gars que t'imaginait capable de couper une ligne de vie ? Et avec quoi aurait-il pu le tuer ? Est-ce qu'on le laissait s'balader avec un couteau à 13 ans ? Est-ce qu'il y avait des couteaux abandonnés dans la maison du pêcheur ? Est-ce qu'il lui avait juste donné un coup de pied assez fort pour lui fracasser le crâne ? Comme il était étrange d'entendre le peintre te livrer un souvenir intime et traumatique de l'enfance alors que tu ne connaissais même pas son prénom. Pour quelqu'un qui prétendait que ceux parlant trop perdaient les premiers, il en avait fait éclater son compteur de mots soudain.  « J'pense que c'est vrai. » Y'avait beaucoup trop de détails. Inventer pareille histoire... Qui ferait ça ?  « Mais si c'est vrai, c'est assez horrible. » T'étais empathique, l'un de tes gros problèmes. Tu t'laissais amadoué par l'histoire larmoyante qu'il te proposait – t'allais même jusqu'à pencher un peu la tête pour essayer de chasser les images encore incrustées derrière tes rétines.  « Mais vous avez fait la bonne chose. Il serait mort dans tous les cas. » T'ajoutais, simples mots pour seule intention d'être réconfortants. Tu demandais pas les détails de la mise à mort. T'avais pas envie d'entendre ça, l'intérêt n'y était pas. Ça avait dû le s'couer, de devoir buter un animal à son âge, mais y'avait pas d'autres issues que le carnage. Ce faisant, ils lui avaient évité une mort plus terrible encore.
T'inspirais, soupirais encore pour laisser échapper les émotions que l'histoire t'avaient imposé.  « T'as grandi vers des montagnes, alors ? T'y retournes parfois ? » Petit à petit, question après question, tu perdais pas l'objectif de vue. Toi t'étais né ici. T'avais vu la montagne que dans des films. Malgré la fin tragique du récit, t'avais apprécié la vue qu'il t'avait brossé. Il était plutôt doué pour ça.  « Quand j'étais gamin j'me retrouvais souvent chez la voisine en rentrant de l'école. Elle avait un tableau du Denali accroché dans sa cuisine vers la table à manger. J'avais trop envie d'y aller. » C'était pas ton anecdote. Celle là tu l'offrais gratos. Le titre c'était printemps en Alaska, elle l'avait acheté à un artiste de rue lors d'un voyage là bas. C'était pas tant l'Alaska que l'évasion qui te faisait envie, avec du recul. T'aurais juste voulu que le tableau soit un genre de portail magique capable de t'éloigner de chez toi mais t'avais beau ouvrir toutes les armoires, aucune t'a jamais emmené à Narnia. T'avais eu de la chance de l'avoir, la voisine, même si elle pouvait pas t'accueillir tous les jours et que plus souvent encore, tu finissais à attendre sur le pallier.  « T'as beaucoup voyagé ? » Tu questionnes encore - c'est peut-être trop ? Alors t'ajoutes une touche d'humour noir  « Sans forcément devoir buter un animal à chacun d'tes périples, bien sur. »


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