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rascal revolt (ft sunny)



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Manteau virevolte, fend la nuit londonienne.
Abrité derrière beau col roulé et écharpe, l'amas de tissus protège le corps autant qu'il dissimule la bassesse des sourires.
Porte ouverte sous un coup de paume, un visiteur sur le départ esquive de justesse sa trajectoire. Bizarrement, peuple anglais semble vouloir le contourner, aujourd'hui.
On salue simplement son arrivée, barman occupé à torcher les fonds de verres.
Place en extrémité de comptoir pour perchoir ; il s'allège, déroule les strates de coton pour habiller un siège à la couleur écaillée.
Comme d'habitude, on sert sans demander, puisqu'ils savent ce que artiste aime boire pour clore son vendredi soir.

- Alors l'génie du pinceau, les affaires ça va comme tu veux ?
- On peut dire ça.

Oh oui. Les affaires vont on ne peut mieux.
Dommage, écharpe envolée. Sa moquerie se terre derrière deux lèvres closes.
L'œil reste ouvert. Balaye les lieux d'un trait horizontal.

- Pas beaucoup de monde ce soir.
- Ouais, ça m'étonne. Mais bon, ça m'fait moins d'boulot, j'me plains pas.
- C'est quoi la spécialité du jour ?
- Ah, attends. V'là la carte.

Papier glisse jusque sous ses yeux.
Beaux plateaux bariolés poisson cru sur lit blanc gluant.
Ne met pas bien longtemps à choisir, quand l'estomac a pour habitude d'accepter tout ce que la tanière du fauve rayé a à offrir. Gaz toxique sorti du pot d'échappement ou bien poiscaille découpée en morceaux.

- Va pour celui-là.
- Et c'est parti !

Tintement de glaçons entre parois de verre. Liqueur ambre miel se bouscule au beau milieu de fonte des cubes. Autour, vague liséré de musique, sorte de pop orientale discrète, traverse le tympan sans jamais s'y accrocher. Bonne chose quand l'esprit a besoin de place pour relâcher une semaine de labeur.
Repas servi, œufs saumon sur blocs de riz, concombre piégé sous feuille de nori.
Splendeur gustative qui coûte une blinde, fait saigner porte-monnaie mais impossible de se détacher de ces saveurs familières qui manquent cruellement dans la contrée à Reine Elizabeth.
Bâtons de bois glissés entre trois doigts, la sélection commence par une portion échouée au coin d'une pierre polie servant de présentoir.
Il mâche lentement, Renjun.
Savoure ce qui représente un mois de salaire dans son assiette.
Quelques fois, son regard se lève. Semble jauger sévèrement quelque chose.
Le goût, ou bien le bruit d'une porte éventrée avec un peu trop de boucan.
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Rascal revolt

TW/CW : mention d'escorting / alcool / vulgarité.

Tu viens pas assez souvent pour qu'on te reconnaisse, même si dans ta tête, l'fait de passer au Maneki Neko environ tous les deux mois en fait une habitude – tu peux pas en vouloir au serveur de jamais reconnaître ta tête à chaque fois que tu en franchis la porte. Tu reconnais pas toi même la majorité des cul-terreux qui visitent le Styx parce que t'as trop la flemme de retenir leurs visages et que même si tu voulais, tu pourrais pas, t'as clairement plus assez de RAM dans ton crâne pour ça. C'qui compte, c'est que t'aimais bien venir au sushishop de temps en temps pour manger (jusque là, rien d'anormal) et surtout, goûter les nouveautés de la carte en prenant mentalement note des ingrédients pour essayer de reproduire les recettes de ton côté. Les prix étaient chers mais pas inabordables, et même si tu faisais pas ça tous les jours, ça te satisfaisait toujours autant de pouvoir payer avec ton argent à toi des trucs qui t'avaient été inaccessibles pendant des années. Tu voyais la chose comme un relent de cette espèce de folie dépensière qui t'avait attrapé dans les premiers mois où t'avais reçu un vrai salaire – mais dieu merci tu maîtrisais mieux ton budget maintenant.
Ton regard se déplaça sur la salle vide – une silhouette au comptoir assis à l'endroit où tu te posais habituellement. La porte claque dans ton dos, t'as oublié de la retenir. Depuis l'temps ils pourraient quand même installer un foutu amortisseur. Tu t'approches du bar avec la discrétion d'un char parce que t'as fait des heures sup au Styx cet aprem et que t'as eu la flemme de te changer dans les vestiaires. Alors t'as clairement l'air de c'que t'es, mais la veste en cuir qui te recouvre encore les épaules te donne une certaine contenance et comme ça tu ressembles plutôt à un voyou de série B. Tu pourrais sortir un flingue de ton dos à tout moment et crier « haut les mains » que ça choquerait probablement personne mais t'es pas devant des caméras et surtout, t'as pas de flingue. Tu parcoures la carte déposée au bout du bar avant qu'l'employé se rapproche de toi pour prendre ta commande. Un truc nouveau. Les dragon roll, par exemple. Et là, c'est la question qui te fait freezer :  « Sur place ou a emporter ? » T'hésites, parce que l'autre a pris ta place. T'es du genre résilient, et souple, et tout c'qu'on veut – mais parfois ton cerveau dénué de logique bloque sur des détails insignifiants qui trouvent jamais vraiment sens à tes yeux. Par exemple, une chaise en bout de comptoir. Tu pourrais t'mettre au milieu, mais c'est trop lumineux. Non le bout, c'est vraiment le meilleur spot de cet endroit, et y'à beau avoir quasi personne sur place, il a fallu que ce clodo arrive pour la prendre avant toi. Alors tu le zieutes, et puis tu regardes aussi son assiette pleine à ras bord de trucs trop chers pour toi – et tu t'dis que tu ferais mieux de prendre tes putains de sushi à emporter pour les manger dans ton appart' et avoir la paix mais... Non. Assert dominance. This is your chair, bitch. T'as en horreur de partager ton espace vital – un comble vu la façon dont tu remplis ton compte en banque (mais l'boulot c'est le boulot et la vie privée c'est la vie privée). However, peut-être que si tu le colles assez, il ira poser son cul ailleurs.  « Sur place. » Tu finis par répondre, résigné quant à ton destin funeste. Tu prends la chaise à ta portée au comptoir. Pas celle juste à côté non plus. T'en laisses une d'écart pour faire bonne mesure, s'agirait pas non plus qu'on confonde ton plan « dégage de là » avec un plan drague mal foutu. Dans une autre vie, il suffirait peut être que tu lui demandes gentiment de te laisser cette chaise en particulier, en expliquant que t'as eu une sale journée, en tentant de l’apitoyer, mais les dernières personnes que ton passé a fait larmoyé t'ont envoyé en prison et t'as pas envie de faire l'étalage de tes malheurs devant un parfait inconnu qui n'a commis pour seule erreur que de te faire sortir du peu de zone de confort que ta carcasse possède encore. C'est pas grave, respire Sun. C'est qu'une chaise. Tu vas pouvoir manger des sushis dragon roll avec assez de wasabi pour te cramer les papilles sur trois épaisseurs, et puis faut qu'on parle des jiaozi parce que c'est clairement les meilleurs que t'ai jamais mangé de ta vie. T'attrapes les baguettes et tout c'qu'il te faut pendant que le serveur dépose devant toi ta commande - observes du coin de l'oeil l'autre voleur manger son plat d'une façon assez délicate. Sophistiqué. C'est le mot qui te vient en tête. Tu dégages ta veste en cuir sur la chaise à ta gauche et pose ton casque de moto sur celle de droite. Tu prends de la place. Beaucoup de place. Volontairement.  « J'vais boire la même chose que lui. » Tu connais pas sa boisson, mais t'as toujours pensé qu'on apprend beaucoup des gens selon l'alcool qui remplit leur verre, alors t'attends patiemment que le tien arrive avant d'porter le tout à ton nez pour en sentir l'arôme, et l'odeur te tire une grimace que tu masques pas, accompagnée d'un bruit significatif. Spicy. Un peu comme ton voisin, finalement.


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Le bruit, c'est la carcasse d'un loubard à figure juvénile.
Trop pour que même peintre s'en inquiète.
Il reste tranquille dans son siège qu'il ignore être le trône d'un autre. Cocasse.
Bataille à sens unique quand aîné déguste son tord-boyaux en silence. Seule curiosité qu'il accorde réside dans une œillade aussi brève qu'indifférente. Pas beaucoup de monde il disait ; voilà que l'enseigne du chat à patte levée commence à se remplir.
C'est drôle mais on dirait que l'ambiance s'est un peu alourdie, non ?
Barman vient faire tampon, prendre la commande, disparaître puis revenir avec plateau d'inox à la main.
Joli ponton de makis chapeautés à l'avocat.
Il paraît que dans certaines cultures, la nourriture est une manière de défier son adversaire.
Pointes de baguettes saisissent leur ration exorbitante. Maître des arnaques savoure, œil qui tique quand homologue demande après même chose que lui.
... Tiens ?

- Un Shinobu pour m'sieur, un !

D'où la marmaille londonienne a les fonds pour se payer un verre à vingt livres sterling ?
Cette fois, faussaire observe avec plus d'attention.
Détaille le grand cru japonais s'écouler pour satisfaire gosier sélectif de ce qui n'est sûrement rien d'autre qu'un zonard à en juger par cuir rongé sur épaules et gueule fendue d'une espèce de contentement insolent.
Or liquide remplit verre à facettes.
Est poussé jusqu'à destination du morveux.
Mutisme au bord des lèvres, jugement silencieux derrière mastication lente.
C'est comme jeter diamant à un chien.
On reconnaît les vrais amateurs d'alcool à la façon dont ils approchent même leurs doigts du verre. Au mouvement de leurs naseaux au-dessus de la fragrance subtile maltée. On peut le deviner aussi à la lueur qui étincèle au fond de leur regard ; ont-ils seulement conscience de détenir entre leurs mains un savoir-faire de parfois plusieurs siècles.
Alors, loubard peut-il encaisser poivre noir, clou de girofle et bois de santal maturés dans un taux d'alcool à 50% et mis en bouteille à 300km au nord de Tokyo ?
Taiseux en ombre insidieuse, indiscrète, peintre lorgne sans un mot comme on inspecte crasse inhabituelle. Il respecte ainsi l'adage qui est devenu le titre d'un tel whisky d'exception.

Tolérance.
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Rascal revolt

TW/CW : mention d'escorting / alcool / vulgarité.

T'aurais pu proposer à l'autre de jouer sa place à pierre feuille ciseau. T'aurais pu. Peut-être n'était-il pas trop tard pour ça, mais maintenant que t'étais sur le point d'avaler l'équivalent d'un demi rein de salaire en liquide, t'étais plus très certain que ça en vaille la peine. U stupid. Tu connaissais moins la carte des boissons que celle de la bouffe mais tu l'avais assez inspecté pour te rendre compte que c'tait l'un des trucs – si ce n'est LE truc – le plus cher de l'établissement, en terme d'alcool. Un whisky. Pas vraiment ta cam – toi t'étais un aficionado du vin. Rouge ou blanc sucré de préférence. T'avais pris ta première cuite avec un cubi de rosé pamplemousse et tu pouvais plus voir ne serait-ce qu'un seul de ce genre en peinture. Mais le whisky... T'en consommais qu'au Styx, si on te payait le verre.
Tu pensais pas que ce soit un bon accompagnement pour des sushis. Le goût risquait d'être trop fort, de gâcher celui de la nourriture. Qu'est ce que ça disait de ton vis à vis ? Qu'il pouvait se le permettre déjà, mais ça, un simple coup d'oeil à son manteau avait suffi pour te le faire deviner. Méticuleux. Mature. Quelques adjectifs qui te venaient brièvement en tête.
Tes yeux glissèrent sur ton voisin, rencontrèrent un court instant l’œillade indiscrète avant qu'un sourire en coin ne vienne te fendre les lippes. T'avalais une première gorgée avec l'impression de boire au flan d'un volcan. C'était super poivré, boisé, même si t'aurais pas été capable de donner un seul des ingrédients qui composaient la boisson. Et surtout, surtout... l'arrière bouche pimentée. T'avais envie d'tousser, mais tu le ferais pas. Contenu pour une fois alors que ta peau prenait des couleurs, tu reposais le verre sur le comptoir, triomphant.  « Satisfait ? » Que t'osais demander à ton voisin – parce que toi tu l'étais, d'avoir réussi à surmonter ton envie de recracher le truc dans ton assiette - ou pire, sur ton voisin (mais tu mentirais si tu disais que l'idée ne t'avait pas effleuré). T'avais jamais compris pourquoi les trucs les plus chers étaient souvent aussi dégueu. Le caviar par exemple, t'avais eu la chance d'y goûter, une fois. C'était pas bon. Tu regrettais évidemment ton achat et l'impulsion qui t'avait prise de vouloir la même boisson qu'un mec qui passait trois heures à mâcher le même morceau de saumon comme une vache devant un train.  « C'est dégueu. » Tu finis par admettre en prenant une gorgée d'eau pour calmer le feu, et puis surtout, un dragon roll histoire de terminer sur une meilleure touche.  « Dommage, t'avais l'air de bon goût. » Tu faisais claquer tes baguettes en l'air une seconde, accusateur, comme s'il était entièrement responsable de ton mauvais choix. De bon goût oui. Pour ce qui était de la compagnie... Tu lui donnerais pas ton verre pour autant, non. Tu le boirais jusqu'à la lie, tout plutôt que de gâcher ton fric encore une fois. Et d'ailleurs, t'avais pas vraiment besoin d'encouragement pour attraper ledit verre et en reprendre une gorgée, plus douce, peut-être parce que cette fois tu savais à quoi t'attendre. « Mais l'apparence est trompeuse, faut d'jà pas être net pour oser mélanger un whisky avec des sushis... »


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Satisfaction.
Gamin vient de mettre le doigt sur le sentiment exact qui remue sous sa panse.
Satisfaction.
Comment chien admet sa défaite face à un peu de houblon, hein ?
Par des bajoues adorablement empourprées qu'il ne saurait manquer.
Pomme d'Adam bondissante, luttant sous l'arrivage trop puissant, trop coûteux, trop adulte, trop tout. On peut le voir, gosse du bitume, gorge serrée, degrés qui montent sous sa barbaque juvénile.
Risette narquoise fait grimper recoin des lèvres au peintre, donnant enfin vie à sa silhouette muette jusqu'alors.

- C'est à ton goût ?

Hostilités ouvertes.
Barman continue de torcher ses verres, tenu loin des éclats. Et pourtant si près.

- Oh. Le Shinobu n'est pas l'alcool le plus indiqué pour accompagner les mets légers, mais tu ne le savais peut-être pas.

Le tacle frappe fort sous l'expression angélique.
Un geste du menton désigne le menu parcouru par loubard.
À tout hasard, la suggestion s'envole, planquée derrière faux airs avenants.

- Je te conseille ceux à base de viande. Ce sera pour la prochaine fois.

On ne saurait nier le bourdonnement contenté qui vibre au creux de ses veines, accélérant un débit sanguin qui ne s'attendait pas à trouver forme d'amusement dans l'échoppe au chat blanc.
Et cependant,
gamin persiste à vider le poison dans son verre. Veut jouer comme dans la cour des grands.
Là-dessus, les baguettes sont rendues à leur écrin de céramique, évitant de saloper un comptoir en acajou bien lustré.
D'un geste fluide, sans bruit sinon le socle du plateau de nourriture,
Renjun pousse son assiette jusque sous le nez du morveux, sourire poli en recoins.

- Un alcool fort se déguste mieux avec ce genre de plat.

Piège mesquin ou partage sincère,
qui sait.
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Rascal revolt

TW/CW : mention d'escorting / alcool / vulgarité / harcèlement / travail du sexe.

Oh. Le Shinobu n'est pas l'alcool le plus indiqué pour accompagner les mets légers, mais tu ne le savais peut-être pas. Le timbre est calme et l'air agréable – complaisant - mais lourd de sous entendus alors que tu reportes ton attention sur l'alcool. Ça te démange à vrai dire de lui balancer à la figure ton verre, et peut-être même ton assiette. T'es mal luné, mais on va pas se mentir, t'es aussi loin d'être le gars le plus érudit du coin. Je te conseille ceux à base de viande. Ce sera pour la prochaine fois. T'épingles l'information dans un coin de ton cerveau tout en pensant que la prochaine fois, tu prendras juste une autre boisson. Ton habituelle Asahi par exemple. Moins pompeuse, moins m'as tu vu. Même si t'as pas le sentiment que ce soit l'cas de ton interlocuteur non plus. Tu accueilles le conseil avec un haussement d'épaules. Tu as une vague idée du type de plat qui irait avec ce genre de boisson. Parce que t'y connais rien en whisky mais la cuisine, t'en touches un bon bout. Peut-être de la viande, oui. Une viande rouge.
L'attention est attirée par le mouvement d'abord, celui des doigts qui déposent les baguettes sur leur portant en céramique. Longs doigts aux ongles propres et légèrement tâchés. Comme des restes de peinture mal lavée. Et puis il pousse son plat vers toi, présente sous tes yeux sa propre assiette comme pour t'appâter. Te narguer avec de la nourriture, c'est un peu l'équivalent d'un clickbait chez toi. Tu comptes pas le nombre de fois où t'as fini à l'horizontal pour la promesse d'un repas chaud ou juste une douche, de l'époque où Archy envoyait d'autres taulards dans le réfectoire pour balancer ton assiette par terre. Des jours sans rien avaler avant que tu craques. T'as un sérieux problème avec l'idée qu'un total inconnu te propose de te servir dans la sienne. C'est juste une assiette de bouffe, dans le fond, et c'est sûrement quedal pour lui vu son allure. Y'à rien dedans qui puisse te faire du mal. Il veut juste prouver ses dires. Exhiber son raffinement. Soit. Un alcool fort se déguste mieux avec ce genre de plat. Tu l'observes cette fois, l'regard devient acéré, les sourcils se froncent légèrement. Le plat de ta paume trouve ton menton tandis qu'tu maintiens l'emprise de tes yeux noirs sur le visage discipliné.  « T'essayes de m'instruire là ? » C'est une question qui n'appelle pas réellement de réponse alors que tu capitules gentiment en prenant entre tes baguettes une portion d'sa part et que tu la manges, accompagnant comme selon ses envies la chose du verre de whisky. Et ma foi. C'est vrai que c'est bon. Il serait difficile de trouver un truc dégueu à manger, au Maneki Neko – tu sais pas qui a créer la carte, c'est une réussite à chaque fois – mais t'avais quand même un doute quant à l'assemblage avec l'alcool.  « Ok. » T'admets, presque à contrecoeur. Pas de si mauvais goût, on dirait bien...  « T'es plutôt bon prof sur ce domaine là. » Et tu comprends même d'ailleurs pourquoi il mettait tellement longtemps à avaler, l'idiot – le bœuf wagyu vaut bien ça. Tu reprends une gorgée, ton verre à moitié fini déjà, l'alcool venant réchauffer les nerfs.  « La prochaine fois, c'est moi qui t'ferais goûter un truc alors. » T'avance, prudemment. T'as mordu volontairement à son hameçon. Aurait-il l’obligeance de mordre au tien.


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Cabot pas si désinvolte.
N'a de rebelle que les mèches noires, que le cuir clouté.
Regard tantôt plissé d'arrogance
tantôt d'une sorte de contentement presque naïf.
Apanage du molosse qui aboie sans savoir mordre. Combien se baladent sans leur muselière dans la ville du fog ? Trop. Fourrière qui fait mal son boulot, alors évidemment, c'est aux autres de ramasser la vermine errante, crocs mal ciselés. C'est drôle, Renjun ne s'était jamais posé la question d'avoir ou non un clébard à la maison. Sa vision pourrait adopter une nouvelle perspective ce soir. Petite insolence des bas quartiers qu'il darde avec ravissement, comme on se délecte d'un bon repas.
La saveur du bœuf A3 détonne au milieu des strates de houblon. Sapidité se répartit désormais sur un deuxième palais.

- Les bonnes choses se savourent.

Incitation à ralentir le rythme d'une mâchoire trop pressée.
Toujours, risette plane sur ses lèvres fines. Simple politesse ou promesse d'autre chose.
Sans doute que oui, instruire est le mot qui convient.
On encourage l'animal à approcher en lui tendant d'abord pitance.
Puis on glisse caresse sur son crâne trempé par pluie diluvienne.
La suite coule de source. Un battement de queue et le chien tombe amoureux.

- Oh ? Tu es un habitué du Maneki ? Je ne t'ai jamais vu.

Le ton est paisible, fait oublier l'effronterie d'une assiette offerte comme on fait la charité aux démunis.
Baguettes laquées en main, il pioche. Démonstration d'une dégustation noble pour ce bistro de quartier planqué entre deux murs de briques sales.

- J'ai hâte de connaître ton choix, alors.

Judicieux, il devra être.
Depuis le temps, la carte est bien connue du peintre. Rejeton des trottoirs devra faire preuve d'audace, puisque c'est ce que la haute préfère quand il s'agit de trouver un divertissement.
Et pendant que sa parole se libère comme partition de musique soigneusement calculée pour endormir, l'œil reste attentif au niveau d'alcool remplissant verres à facettes.
Bouteille prestige à la main, goulot prêt à verser.

- Je te resserre encore un peu ?

Partage
ou carnage.
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Rascal revolt

TW/CW : mention d'escorting / alcool / vulgarité

 « Les bonnes choses se savourent. » T'y vois là une remarque évidente sur ton manque de retenue, l'fait que t'aies gobé le wagyu ferait sûrement trembler plus d'un esthète, et en l’occurrence, c'est celui assis en face de toi qui t'invite à ralentir. A moins qu'il parle du whisky que t'as siroté comme de l'eau malgré le goût pimenté, différent du wasabi auquel tu t'es habitué. C'est pas si catastrophique que ça au final, qu'il ait pris ta chaise. T'en arriverais presque à apprécier la discussion. Et puis t'as pas envie de rentrer. D'être seul - malgré que ce soit un luxe parfois appréciable et dont t'as longtemps été privé. Tes propres lèvres offrent une demie lune à la fois suspecte et moqueuse, sourire rendu à ton interlocuteur. T'as beau pensé avoir les canines les plus menaçantes, t'as la sensation qu'celles de ton vis à vis sont pas en reste malgré la douceur ostentatoire.  « Pas vraiment. » Tu réponds vaguement à sa question quant à la régularité de tes visites, t'es sûrement moins un habitué que lui, rythme de vie aléatoire et chaotique. Mais lui, il vient souvent, et tu notes l'info aussi comme si elle avait une quelconque importance – ce qui n'est raisonnablement pas le cas – n'empêchant pas pour autant la curiosité de grandir.
Tu l'regardes piocher à son tour dans l'assiette, il ne t'a pas été interdit de prendre un deuxième bouchée, alors tu l'imites moins délicatement. Et cette fois, tu prends le temps.
T'aimerais bien être un instant dans sa tête pour connaître ses intentions, et s'il est si innocent que l'apparence laisse penser. T'as le flair affûté et l'instinct qui te souffle de faire attention. Étrange impression de marcher sur des œufs tandis que vous tâtonner tous les deux pour percer la coquille de l'autre. C'est donc à qui éventrera son opposé en premier ?  « J'ai hâte de connaître ton choix, alors. » Le sourire s'élargit. T'apprécies l’éventualité de le revoir. Mais ça ne sera probablement pas ici. S'il est si habitué que ça, tu vois mal ce qui pourrait le surprendre en ces lieux à part peut-être que le serveur se mette à danser la capoeira sur le comptoir, et tu doutes fortement d'pouvoir l'inciter à faire ça même avec toute la bonne volonté du monde.  « Oh, j'suis certain de pouvoir trouver quelque chose qui te plaira... Pas ici, en tout cas. » Tu précises, prenant sur toi pour reposer doucement les baguettes. Tu sais pas encore où, mais tu comptes sur tes futurs clients du Styx pour t'indiquer des endroits exotiques à visiter. T'iras fureter en amont, t'as le temps pour ça. Rien ne presse une fois le poisson ferré, mais t'es pas du genre patient. Et si l'idée de lui faire goûter quelque chose de plus personnel te frôle, car après tout le petit prince est à ton goût (si goût tu as, vu la disparité de tes conquêtes), tu l'éloignes rapidement. Pour le moment seulement.  « Je te resserre encore un peu ? » L'oeil va d'la bouteille à ton verre à moitié vide. Il veut te soûler ? Tu tiens l'alcool, plus ou moins bien selon le contexte mais tu connais pas le degré de ce que tu bois. Par automatisme, parce que tes client(e)s du Styx sont les premiers à t'offrir de l'alcool, t'en déduis qu'il est comme eux et qu'il veut probablement te pecho, mais dieu merci, contrairement à eux il ne sait pas qu'il te faut en général bien moins que ça.  « Merci. » Le mot t'arrache la gorge comme tu le sors en poussant ton verre vers la bouteille proposée. T'acceptes le challenge sans grande crainte de le perdre, ou au pire tu seras bourré, and so what ? Il te resserre donc pendant que ta main attrape ta veste en cuir pour en fouiller les poches, sortant ton portable de l'une d'elle pour le poser, déverrouillé, à côté du verre en train d'être rempli.  « Donne moi ton numéro ? Ça sera plus simple. » Parce que tu te vois pas attendre sagement sa prochaine apparition comme un gentil clébard. Et tu profites d'avoir la main sur ta veste pour la remettre sur tes épaules dénudées, t'es sapé trop légèrement pour la soirée et l'alcool qui comble les précipices de ton corps augmente d'un cran ta température, devenue trop haute pour l'air ambiant. T'aurais mieux fait de te changer.  « On trinque ? » Ou peut-être qu'il préfère le terme porter un toast ? T'attrapes la bouteille de ses mains, touche ses doigts dans le mouvement aérien pour mieux lier les tiens autour du verre et lui rendre la politesse. Les deux godets sont de nouveau plein.  « Une occasion particulière ? » Tu demandes, le verre en l'air dans l'attente d'une information supplémentaire qu'il daignera te glisser. « Après tout c'est pas moi qui ai acheté une bouteille solo » Aux bonnes choses qu'il faut prendre le temps de savourer. A cette œillade de fausse arrogance que tu continues de lui lancer. Au prochain festin que tu as l'intention de consommer.


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Pas vraiment un habitué.
Fureteur du coin seulement. Mais certainement pas première fois.
Et si phénomène de trois places assiégées par une seule personne a été accepté ce soir
c'est uniquement parce que clientèle ne se bouscule pas aux portes du chat blanc.

- Tu devrais venir plus souvent.

Question était rhétorique puisque minet aurait eu connaissance du degré d'alcool distillé au Shinobu s'il connaissait la carte du Maneki mieux que ça. Comment repérer bleusaille en un choix de mets.
L'autre fait une tentative de se rattraper. Se darde de pouvoir montrer quelque chose avec plus d'envergure, plus de superbe qu'un resto-bar. Et peintre est tout ouïe de pouvoir illustrer cette frimousse arrogante en d'autres lieux, puisqu'il en décrit les contours du faciès au moment même où les verres sont remplis l'un après l'autre, comme on recharge barillets de plomb. Un merci qui ravit les badigoinces, provoque chatouilles sous l'estomac. Adorable chiot en pleine absorption de leçon. Et dans cet amas d'impertinence, faussaire perçoit quelques étincelles de fragilité crépiter malgré tout sous peau de cuir insolente.
On ne devient pas avorton de la rue avec de fausses prétentions sans vouloir combler un manque d'autre chose. Une carence qui brise en deux, fait fleurir les contradictions au sein d'un même dialogue.

Tandis qu'il observe son autre se rhabiller, un numéro est demandé.
On peut presque entendre un désir de vouloir enfiler soi-même la laisse autour du cou. Certaines espèces sont ainsi, à vouloir se brider d'emblée pour commencer à ronger les liens aussitôt, assumer qu'elles en ont sous la pédale. Qu'elles ne se laissent pas si facilement faire. Urgence puérile de jeunesse qui ne sait attendre. Veut tout, tout de suite. Cherche à prouver sa valeur auprès des grands. Statut méprisable, désirable, inatteignable.

- Si tu tiens encore debout à la fin de la soirée, il est à toi.

Premier os tendu. Bouteille bien remplie. Challenge qui se mesure derrière étiquette dorée.
Le contact fantôme fait frémir la peau. Carne tiède contre échauffée.
Ceci dit, son coude se lève. S'accorde à la politesse de celui qu'il devine sans mal être un cadet. Peut-être pas de beaucoup. Peut-être même de rien du tout. Mais à des années-lumière de ce que l'âge adulte est censé prodiguer en sagesse.

- À ta découverte de ce soir.

Tout simplement.
Puis les verres cognent, se chevauchent une fraction de seconde dans un tintement cristallin, loin de toute ambiguïté.
Une gorgée fait travailler ses muscles, chaleur brassée sous cordes vocales. Timbre de velours qui se charge tranquillement d'une ivresse encore lointaine.

- Tu vois, c'est quand je suis seul que je fais les meilleures rencontres.

Une bouteille appelle toujours à deux verres.

- Et ce soir ne déroge pas à la règle.

Un éclat d'un bonheur simple vacille au fond de ses pupilles cernées par l'encre.
Pacte qu'on jurerait conclu derrière le sourire angélique.
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Rascal revolt

TW/CW : mention d'escorting / alcool / vulgarité.

Si tu tiens encore debout à la fin de la soirée, il est à toi. Les mots ne te plaisent pas. Tes sourcils se froncent légèrement et un grondement sourd t'échappe, léger, rentré. Et puis un claquement, juste un éclat de rire sec, mauvais tel un aboiement. Tu captes pas pourquoi il joue à l'insaisissable alors qu'il a déjà accepté d'te revoir. Mais peut-être que ça fait parti d'son rôle de petit prince effarouché. T'aime pas qu'il t'impose une contrainte et surtout, le peu qu'il t'a vendu jusque là ne te suffit pas pouvoir savoir si ça en vaut la vraiment la chandelle. Ceci dit, tu profites d'avoir encore la bouteille dans la main pour la tourner lentement et remarquer le 50%. Plus fort que du vin ou une Asahi assurément. Et qui décidera de la fin de la soirée ? Qui annoncera la fin du jeu ? Le peintre, à tout hasard (t'assume qu'il doit être dans un domaine artistique, vu c'que t'as remarqué sur ses mains). Parce que c'est lui t'a incité à jouer et lui qui décide des règles, ce soir. « Et si c'est toi qui perd ? » Avances-tu, moqueur. Silence avant d'ajouter :  « J'espère pour toi que la mise vaut l'effort... » Simple avertissement, mais t'es prêt à jouer. Si t'étais un chien, ce serait l'moment d'attendre qu'il te lance la baballe. S'il la lance pas assez vite, tu pourrais tout aussi bien v'nir la chercher toi même au creux de sa main, quitte à laisser ses jolis doigts en sang. Mais ce que t'attends, là, c'est beaucoup moins concret. T'en sais trop rien – et tu confonds peut-être le frisson d'appréhension qui te traverse avec un relent d'excitation. C'est pas ton fort d'analyser ce qui te balaye, tu préfères éviter les introspections trop poussées, multitude de crasses à l'intérieur de ton crâne dans lesquelles il ne t'est pas toujours nécessaire de naviguer. A quoi bon, alors que les ombres finissent toujours d'elles même par revenir à la surface comme des cadavres en décomposition.
 « À ta découverte de ce soir. » Rien d'autre à fêter alors. T'es déçu, t'aurais voulu avoir plus à te mettre sous la dent. Les verres claquent, tu portes le tien à tes lèvres pour en reprendre une gorgée. La chaleur se distille sur ta langue et charge un peu plus ton palais d'arômes poivrés. Tu pourrais t'y faire, au goût. Tu seras jamais un fan N°1 de whisky, mais la boisson devenait plus simple à ingurgiter. Provoquait chez toi moins de réactions.  « Tu vois, c'est quand je suis seul que je fais les meilleures rencontres [...]Et ce soir ne déroge pas à la règle  » « Ça t'arrive souvent, alors ? De v'nir seul. » Si c'est un habitué, ça n'a rien d'étonnant. T'es flatté sous l'air teigneux que tu te gardes de conserver, d'être une « bonne rencontre ». T'aurais aussi bien pu être une mauvaise vu le caractère aléatoire de tes humeurs et l'impulsivité qui t'ronge.  « J'm'appelle Sunny, au fait. » Parce que connaître le prénom de l'autre pourrait avoir son importance, un jour. Ça aide au rapprochement, askip. Ton voisin de l'a pas demandé, et ça l'intéresse peut-être pas mais... T'as envie de lui donner quand même et t'espère bêtement qu'il en fasse de même, à moins que ça aussi ne soit accordé qu'à la fin de la soirée. Tu reposes ton verre sur le comptoir, un doigt sur le rebord y tourne doucement, par réflexe.  « Et sinon, tu fais quoi dans la vie à part animer des ateliers dégustation ? »


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Les bonnes choses se dégustent,
mais surtout
se méritent.
On ne fait pas un jeu de piste sans friandises sur le chemin.

- Si c'est moi qui perds...

Le verre est observé sous toutes ses coutures.

- Alors je paierai la note, et tu pourras repartir librement, sans avoir rien perdu.

Peut-être à part un peu d'honneur, mais seuls barman et peintre sont au courant. Ni visible sur compte en banque, ni nulle part. Seulement dans la tête. Là où les plaies sont les plus difficiles à lécher.

- Intéressé ? Contre un numéro de téléphone, c'est plutôt rentable pour toi.

Un numéro est bien peu de choses face à un porte-monnaie à l'agonie, suppose-t-il chez joli caïd cherchant à gonfler sa carrure derrière une peau de cuir tannée.
Sous la question de la solitude, on peut le voir se perdre dans une courte réflexion. Pas vraiment de celle qui réfléchit à la réponse, mais plutôt à une mémoire qui retourne voir d'anciens souvenirs. Silhouette attablée au comptoir et bouteille solitaire, quand place gauche ou droite finit par être accostée par un quidam.

- Souvent. Tu n'aimes pas ça, la solitude ?

Question épineuse pour chien de meute.
Amuse-gueule saisi entre bouts de bois. Le plateau se vide plus vite désormais, entamé par deux jeux de baguettes. Dragon à l'avocat disparaît au fur et à mesure.
Puis un nom est lâché.
Sunny.
C'est drôle, ça, Sunny.

- C'est ton vrai nom ?

Ou juste un surnom.

- Enchanté, Sunny.

Son sourire s'affine. Hâte mutine de voir ce petit soleil briller dans la nuit. Montrer que ce nom n'existe pas par hasard, qu'il y a peut-être une raison. Que la barbaque chaude qui a effleuré la sienne au moment d'attraper le grand cru a du sens.
La réciproque du nom ne sera pas rendue pour autant. Demeure anonyme encore un temps. Celui d'aguicher molosse carnivore et sa coupelle bientôt pleine.

- Dans la vie, je peins. Des tableaux, de toutes sortes. J'avoue avoir beaucoup d'affect pour le mouvement baroque. Le Caravage, Rubens ou encore Velázquez... Est-ce que ces noms te parlent ?

Explorons un peu la culture du soleil.
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Rascal revolt

TW/CW : mention d'escorting / alcool / vulgarité.

T'étends tes jambes sous le comptoir pour te mettre plus à l'aise face aux nombreux tournants que prend la conversation. Tes jambes, elles sont grandes. T'es un putain de flamand rose, et tu buttes rapidement contre l'meuble avec frustration. Le pied tapote nerveusement contre le bois laqué. C'est effectivement plutôt rentable pour toi de perdre comme de gagner, c'qui te fais penser que t'as dû louper un épisode dans l'marché, laissé volontairement ou non sous silence par l'angélique qui te fait la discussion. Outre l'fait qu'il te donnera pas son num et qu'ton côté obsessionnel a l'air de vouloir faire une nouvelle fixette sur son obtention ce soir.  « Souvent. Tu n'aimes pas ça, la solitude ? » Non. Ça dépend. T'as longtemps préféré être entouré des mauvaises personnes plutôt que d'être seul et c'est quelque chose qui reste encore malgré tout. Malgré que t'essayes de te débarrasser de cette manie de préférer être mal accompagné plutôt que laissé à toi même. Tu t'souviens avoir été beaucoup seul quand t'étais petit. Et puis en prison, t'as appris à faire une croix sur l'intimité. T'aurais aimé pouvoir te débarrasser de ce sentiment d'inutilité qui te vient quand tu te retrouves chez toi. De cette sensation de vide, mais un vide aux abords coupants qui te lacèrent les boyaux. A l'école t'étais un de ces leader fauteur de troubles, t'étais pas seul, on te suivait pour être sous ta protection. Jusqu'à c'que tu retournes dans ta happy house avec ton frère qui réclamait lui aussi ton attention. C'est un concept complexe, la solitude. T'as une certaine fascination pour ceux qui la tolèrent lorsque toi tu t'obliges à la subir – juste pour ne pas retomber dans tes anciens travers et te jeter dans l'pieu des premiers péquenauds venus. Avoir été sous la coupe d'Archy pendant plusieurs années te fait parfois apprécier la liberté qui découle d'être seul, même si ça t'fait aussi réaliser à quel point tes standards personnels sont devenus considérablement bas, avec le temps.  « Faut parfois rejoindre un groupe pour survivre. Mais j'aime ni l'un, ni l'autre. »
Tu retapes pas dans son plateau. A la place, tu pousses le tien dans sa direction, au cas où. Fais offrande de nourriture supplémentaire et de ton prénom pour essayer d'amadouer l'impassible.  « C'est ton vrai nom ? » La question t'fait ciller. Il se fout de ta gueule là ? Bien sur que c'est ton vrai nom. Tu sais pas dans quel recoin ta mère est allée le chercher ni ce qu'elle espérait en t'affublant de pareille appellation. T'as rien d'un soleil. Si tu réchauffes, c'est toujours trop brûlant. Tu n'illumines que les parts d'ombres, t'es une éclipse de mauvaise qualité.  « Enchanté, Sunny. » Un silence se pose alors que t'attends qu'il te donne son prénom à lui. Mais ça vient pas. Le sourire est fin sur les lippes adverses. Le tien disparaît, un instant.  « Dans la vie, je peins. Des tableaux, de toutes sortes. J'avoue avoir beaucoup d'affect pour le mouvement baroque. Le Caravage, Rubens ou encore Velázquez... Est-ce que ces noms te parlent ? » Un peintre, t'en étais sur. Un gars artistique, c'est pour ça qu'il a l'air chelou. Les artistes ont souvent des personnalités fucked up. T'es curieux de connaître son processus créatif, t'y connais rien en peinture et encore moins en art. Ah si, t'as appris à jouer du triangle à l'école et les seules bonnes notes que t'avais c'tait en art plastique. Qu'est ce que t'y connais, en mouvement baroque. T'as juste lu un jour un article sur le fauvisme dans un de ces magasines que tu feuillettes sur le trône. C'est pas maintenant que tu vas pouvoir briller avec ta culture personnelle, mais tu fouilles quand même du mieux qu'tu peux dans ta mémoire pour essayer d'en extraire jusqu'à la dernière goûte de savoir. Tu connais pas les deux autres mais Le Caravage, ça te parle.  « Seulement Michel Ange. » La Création d'Adam, principalement. Un de tes tatoueurs en avait une copie dans son atelier que t'as eu le temps d'observer pendant les quelques heures de ta torture.  « J'suis pas... » T'hésites parce que tu sais pas si l'fait d'avouer ton manque de culture te fera gagner ou perdre des points. Mais t'y peux rien si t'as arrêté l'école. Et t'as jamais eu l'occasion de te rattraper sur le sujet depuis, non pas que ça t'ait intéressé jusqu'à aujourd'hui. Encore un sujet sur lequel ton vis à vis pourrait s'faire un plaisir de t'apprendre, juste histoire d'enfoncer un peu plus le clou. Est ce que tu en as envie ? Peut-être...  « J'suis pas super familier avec l'art. » Finis-tu par confesser en noyant ta gène dans une énième gorgée.  « Tu peux p't'être me montrer, j'sais pas, ton tableau préféré? » Et tu peux apprendre, toi aussi. Internet est à portée de main.


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Autre question rhétorique.
Bien sûr que cabot refoule la solitude.
C'est comme ça. On a crée cette espèce pour qu'elle court à plusieurs. Qu'elle tracte les chargements les plus lourds. Braves bêtes qui, sans laisse à leur cou, perdent tous leurs moyens.
Alors ils errent.
Errent,
jusqu'à trouver nouveau maître auprès de qui battre la queue.
Et petit soleil ne semble pas avoir de propriétaire non plus.

- Ah, les fameux parias.

Marginaux que ni société ne désire, ni paria ne veut. Comment faire, dans ce cas, pour survivre ? Rejoindre autre groupe de parias. Chasser en meute, subsister et vivre stigmatisés comme rebuts d'un monde qui vivrait tout aussi bien sans eux. Aucun rôle à jouer dans ce paradigme impitoyable.
Finalement, canaille aux jambes trop longues parvient à lui sortir un nom. Le classique, Divin italien, celui que tous les professeurs d'art crachent sur bancs de l'école.
C'est déjà pas mal. Certains n'en auraient pas été capables.

- L'art, c'est un peu quelque chose d'élitiste, tu ne trouves pas ?

Rictus flottant, alcool qui dilue. Si bien qu'on ne sait pas vraiment si une réponse positive pourrait froisser. Ou même si l'artiste est sérieux, avec sa tranche de saumon piégée entre deux nattes de bambou.

- Oh. Mon tableau préféré... Attends.

Tintement du bois déposé dans céramique. Sa poigne plonge, fouille une poche de manteau à l'aveugle. Puis émerge, impulsion du pouce déverrouillant l'écran d'un portable dépourvu de rayures.

L'appareil est tendu.

Spoiler:

Quelques secondes sont laissées pour apprécier l'oeuvre. Richesse picturale qui a l'effet d'un double repas.

- La Chute de Phaéton. C'est une peinture de Pierre Paul Rubens, on estime qu'elle a été peinte vers 1604. Elle représente Phaéton, fils de Hélios, perdant le contrôle de son char et des quatre chevaux qui deviennent furieux.

On sent que l'analyse pourrait s'étaler plus longuement, mais, fatalement, il s'adresse à un néophyte.

- Tu arrives à sentir, la puissance du tableau ? Le désarroi des nymphes face à la chute d'un dieu ? C'est une scène tragique que Rubens a parfaitement su encapsuler dans une seule et même toile.

Les termes employés sont beaux, font éloges.
Et peut-être que petit soleil saura comprendre la signification qui se cache derrière le choix de cette représentation pour leur première rencontre.
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TW/CW : mention d'escorting / alcool / vulgarité.

Parias. T'as pas idée de si tu dois l'prendre comme une insulte ou comme un fait. Ça sonne comme un peu des deux et t'es loin d'en apprécier la consonance malgré le timbre de velours qui l'enveloppe. Il a le chic pour trouver les mots qui te heurtent.  « L'art, c'est un peu quelque chose d'élitiste, tu ne trouves pas ? » C'est élitiste, à tes yeux. Il faut avoir été initié. Sensibilisé. Avoir eu du temps à y consacrer pour apprécier. On t'a pas enseigné ce genre de délicatesse et ça n'a jamais été un savoir utile à ta survie. A l'âge où ses parents l'emmenaient probablement au musée, les tiens t'laissaient enfermé sur le pallier. La différence d'éducation jouait un rôle primordial dans la société, les riches restaient riches en transmettant à leurs gamins une culture personnelle fournie et des valeurs dont ils pourraient tirer profit. On appelait ça le déterminisme social, et toi t'avais tiré la mauvaise paille.  « Ouai... ça devrait pas. » « Oh. Mon tableau préféré... Attends. » Il te sort son téléphone, pianote pour te présenter sous les yeux le fameux tableau et tu les poses sur une image surchargée et désordonnée. Un brin apocalyptique alors que tu admires les détails, les flammes en bas, la chute des personnages comme si tous fuyaient la lumière. Le drapé rouge du personnage principal.  « La Chute de Phaéton. C'est une peinture de Pierre Paul Rubens, on estime qu'elle a été peinte vers 1604. Elle représente Phaéton, fils de Hélios, perdant le contrôle de son char et des quatre chevaux qui deviennent furieux. » Les métamorphoses d'Ovide. T'y connais rien en peinture, mais dieu merci, t'adore lire (seul échappatoire offert lors de ton séjour en cellule, ou t'y avais dévoré l'Odyssée d'Homère et autres classiques) et le mythe de Phaéton y était évoqué dans un des plus longs chapitres de l'oeuvre. Phaéton, nom employé parfois pour désigné le soleil lui-même, était un mortel qui voulait prendre la place du dieu Helios, son père. Il vola son char et rencontra une fin tragique, à la merci des chevaux qu’il n’avait pas la force de retenir et qui se précipitaient là où leur fougue les emportait. Il fut foudroyé par Jupiter. T'observais le tableau avec un nouvel intérêt, sourire se faisant plus étroit sur le visage dont les traits se détendaient avec l'alcool. T'étais bien heureux de pas te sentir totalement largué, pour cette fois. Satisfait que ton goût pour la lecture t'aide à apprécier le moment, avec le peu de culture à ta portée. Ça t'amusait qu'il ait choisi de te présenter ce tableau au regard de ton prénom.  « Tu arrives à sentir, la puissance du tableau ? Le désarroi des nymphes face à la chute d'un dieu ? C'est une scène tragique que Rubens a parfaitement su encapsuler dans une seule et même toile. » T'as un moment de silence. Tu continues sur l'élan de ta pensée. Sur Phaéton.  « Il était trop prétentieux. » Tu commentes, tout bas. Les yeux se détachent du tableau, reviennent sur le peintre. La peinture est belle, mais tu préfères la vue de son défenseur. T'aimes assez la façon dont ses lèvres se plissent, et la discipline forcée qu'il a donné à ses cheveux. Un autre genre d'oeuvre d'art.  « C'est une belle peinture. On a l'impression qu'ils vont tous finir en enfer. Et lui, il finit foudroyé je crois. » T'étales la seule culture G que tu possèdes à ce sujet avec l'envie de l'impressionner – en espérant peut-être quelque chose de ce fait...  « Tu peins ce genre de choses ? T'as un atelier ? »


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Trop prétentieux.
La réponse même suffit à attester d'une connaissance du sujet, aussi minime soit-elle. Ce qui ne manque pas de tirer une expression figée au receveur. Immobilisme pour preuve d'intérêt.

- Oh ? Tu connais ?

Le ton est ascendant, comme une glissade qui prend de l'élan. Son sourire se fait lui aussi plus grand, bien que l'évolution se compte en millimètres.

- Hélios regretta amèrement la chute de son fils.

Au moins, le soleil de cette fable avait un parent.
Qu'en est-il de celui attablé près de lui ?
Son dos se recule progressivement. Cellulaire éteint d'une pression de pouce, avant de retourner s'endormir au creux d'une poche.

- Ça m'arrive.

Pour toute réponse.
Ce qui signifie qu'il peint d'autres choses aussi.

- Ce serait compliqué d'entreposer mes toiles et mon matériel sans atelier. Faire de l'art, c'est expansif.

Ne peut entasser le fruit de son oeuvre dans l'appartement qui est le sien. Non pas que le lieu soit trop exigu ; simplement mal adapté pour contenir autant de peinture à l'huile. Autant de cadres délicats, porteurs de secrets et de mensonges. Et puisque peintre aime que chaque chose soit à sa place, alors, il range.
C'est aussi vrai pour les personnes.

- Et toi, qu'est-ce que tu aimes faire dans la vie ? Passe-temps, métier ?

Voyons à quoi s'adonne le cabot dans sa jungle de béton.
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