f — child of the storm

22 ans — métier & statut social au choix
C’est qu’ils avaient tous tant attendu d’Eden. Sa mère d’abord qui la désirait sage pour compenser les frasques de Nieve, son père, ensuite, qui la souhaitait exceptionnelle pour tempérer la disgrâce causée par son union litigieuse, et ses professeurs qui la désiraient obéissante pour se distinguer de son aînée.
Tous s’entendaient à merveille à souhaiter un modèle de perfection là où elle ne demandait qu’à exister (un peu), l’obligeant à revêtir leur Eden (cette autre qu’elle) : une peau inconfortable, une chair trop serrée, tannée pour satisfaire toutes les exigences (mais jamais les siennes), jusqu’à altérer le timbre de sa voix, modeler son rire et maquiller sa manière d’aimer. Alors, quand Nieve s’est mise à vouloir ce que les autres désiraient, Eden ne désirait plus rien. Quand elle a décrété qu’elle voulait l’univers, elle ne voulait rien.
Quand Nieve réparait, Eden abîmait.
Quand Nieve inspirait, Eden étouffait.
Quand l’une construisait, l’autre décimait.

Concernant les Bennet: fratrie disloquée, éparpillée au quatre coins de Londres, vouée à s’entredéchirer dans des rancœurs muselées et des attentes incertaines. Les liens qui les unissaient (autrefois) se sont progressivement étiolés, créant entre eux un fossé parfois presque infranchissable, laissant le champ libre à un océan de remarques assassines et de reproches mérités. Ils ne se ressemblent pas, se différencient en tous points, mais s’unissent dans l’abandon de leur génitrice et leur incapacité flagrante à communiquer les uns avec les autres. Pour autant, ils partagent ce même vide, ce creux informe qui tiraille les entrailles, ce besoin viscéral qui ne peut être comblé que par ces autres qui partagent le même sang.

Les liens

— Nieve Bennet Elles dansent sur les débris d'une complicité jadis indéfectible, valsent sur un terrain miné d'abandon et de reproches - l’une tiraillée entre l'adoration passée et le ressentiment tenace, l’autre coupable d’avoir semé les graines d'une discorde persistante en reproduisant les schémas délétères de leur génitrice. Le départ de Nieve les a séparés par un océan de non-dits et de désillusions, révélant une fracture trop profonde pour être simplement plâtrée à coups d’excuses et d’égos évincés.
Eden ne l’a jamais vraiment acceptée, a préféré s'acharner à fustiger l’indifférence de son aînée, lui rappelant à chaque tentative désespérée de se réconcilier qu'elle porte le poids de l'abandon maternel comme un fardeau indélébile.
L'évolution de leur relation sera à définir entre nous.

ça arrive