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catch me or i go houdini (ft. nieve)



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catch me or i go houdini


Les flocons de neige tombent doucement depuis le ciel, exécutant leur danse telles des minuscules ballerines dans les airs avant de venir se déposer délicatement sur toutes les surfaces de la ville, créant dès lors un magnifique paysage immaculé à travers les nombreux endroits typiques de Londres. La capitale, revêtue de ce manteau blanc pailleté, s'offre alors une beauté, et tu aurais pu te réjouir de cette météo quelque peu capricieuse mais terriblement ravissante, dans d'autres circonstances. Tu aurais aimé te promener avec insouciance dans un parc ou regarder ce spectacle particulièrement agréable derrière une vitre, au chaud et à peine dérangé par cette épaisse couche de neige qui a pris place dans les rues londoniennes ; oui, dans ces conditions, tu aurais certainement apprécié la chose plus qu'à l'heure actuelle.
Mais là ce n'est pas du tout le cas. Fulminant à moitié derrière ton volant, accoudé à la portière de ton Aston Martin DB11 flambant neuve, coincé dans les bouchons n'ayant comme coupable que cette neige que personne n'avait prévu, sur le moment tu n'as qu'une envie, c'est de rentrer chez toi et annuler tout ce que tu as prévu pour aujourd'hui. Mais forcément tu ne peux pas, de toute façon tu n'as même pas le loisir de faire demi-tour et malgré le prix qu'elle a coûté, ta voiture semble ne pas être friande de ce climat non plus. Faut dire que ce modèle n'est pas connu pour performer à son plein potentiel sur une route enneigée – plus boueuse qu'enneigée, à vrai dire. Car le paysage est beau sur le trottoir, mais sur les routes où se crée une file interminable d'automobiles à l'arrêt, bien que l'on ait tenté de se débarrasser de cette couche à l'aide d'engins, sans succès, la neige fond à moitié sous les roues, se mêle à la saleté de l'asphalte et termine en mélasse noire sur le bas-côté. Rien qui ne donne véritablement envie, de ce fait.
Il doit y avoir un carambolage, marmonnes-tu, plus pour toi-même qu'autre chose.
Parce que c'est jour férié, normalement, et il n'est pas censé y avoir autant de monde sur la route, ni autant de personnes à avoir eu la merveilleuse idée, comme toi, de prendre la voiture sous un temps pareil. C'est l'occasion de sortir à pieds, pourtant, de profiter de l'extérieur sans contrainte... Si seulement.

Tu jettes un regard à la passagère à tes côtés, assez furtif pour qu'elle ne le remarque pas ; de toute façon elle te tourne presque le dos, son buste entièrement tourné vers l'extérieur, la tête bien face à la vitre de son côté, histoire que son corps soit le plus éloigné de toi dans un endroit aussi confiné que l'habitacle d'une voiture. Soit. Un soupir bruyant s'échappe pourtant d'entre tes lèvres.
Si tu ne peux pas être chez toi là tout de suite, tu aurais au moins aimé partager ce moment peu agréable avec une personne que tu apprécies un minimum. Mais non, même ça, le destin n'a pas été assez clément pour te l'accorder. Car Nieve Bennet est beaucoup trop difficile, impatiente, bornée et susceptible pour que tu ne puisses exprimer la moindre sympathie envers sa personne.

La seule et unique raison pour laquelle vous devez vous supporter autant – "autant" voulant seulement dire partager l'espace d'une voiture le temps d'un trajet de moins d'une demi-heure, mais c'est déjà assez –, c'est parce que vous vous rendez à un dîner de répétition pour un mariage. Obligés d'être présents puisque tu es l'un des garçons d'honneur du marié, et elle l'une des demoiselles d'honneur de la future épouse, tu as alors quand même eu la bonté de lui proposer de faire le trajet avec toi puisque vous n'habitez pas loin l'un de l'autre. Si tu avais su, tu aurais rangé ta générosité dans ta boîte à gant et tu serais parti tout seul, quitte à la laisser se démerder toute seule ; ça ne t'aurait pas empêché de te retrouver dans les embouteillages, certes, mais au moins tu aurais été tranquille.
Dans une tentative vaine de chasser tes pensées et d'essayer de te calmer, tu allumes la radio, faisant défiler les stations pour trouver une musique que tu apprécies un minimum. Chose faite – c'est la voix chantée de David Bowie qui sort alors des enceintes top qualité de la voiture –, un mouvement de ta passagère t'oblige à tourner la tête vers elle. Nieve te fixe d'un air visiblement furieuse, comme si tu venais d'insulter ses ancêtres, et tu hausses les sourcils sans comprendre.
Quoi ? aboies-tu presque, toujours à moitié affalé contre ta portière.
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catch me or i go houdini


Son horoscope l’avait pourtant prévenu - les astres suggèrent une journée pleine de malentendus et de petits accrocs. Restez vigilante, clamait-il, comme si la vigilance pouvait être érigée en rempart contre les caprices de l'existence. Néanmoins, captive de son scepticisme habituel, elle s’était trouvée à mille lieues de pouvoir anticiper à quel point ces prédictions astrales allaient se matérialiser de manière quasi-littérale.
La matinée avait pourtant débuté de manière relativement calme, avec la délicatesse des flocons de neige qui descendaient presque imperceptiblement et la perspective imminente d'assister à la cérémonie de répétition du mariage de Daphne. Évidemment, elle était absolument ravie à l'idée de participer à une énième cérémonie de ce type. Parce qu'après tout, que pouvait il y avoir de plus exaltant que la répétition excessive d'un rituel déjà excessivement orchestré et prévisible ? Si ce n’est peut-être descendre la même allée, encore et encore, sourire à des inconnus ou jeter des pétales de roses de manière artistique pour la troisième fois ce mois-ci. Pourtant, malgré son profond scepticisme envers ces rituels répétitifs, elle s’efforçait de jouer le jeu - avec une ferveur presque aussi convaincante qu'une publicité pour céréales hypocaloriques certes, mais elle jouait le jeu, allant même jusqu’à réquisitionner la salle de bain toute la matinée dans une énième tentative de reproduire le maquillage dicté par l'intransigeante future mariée, comme si la perfection cosmétique allait lui offrir une certaine immunité contre les vicissitudes à venir.
Mais ce n’est qu’en début d’après-midi que la journée avait véritablement commencer à se muer en une cascade d'embûches inattendues, donnant alors raison à ce stupide horoscope. D’abord, son pull préféré, apparemment jaloux de l'attention portée à la cérémonie, avait choisi ce jour précis pour rétrécir dans la machine à laver, suivi de près par son café qui s’était complètement renversé, laissant une tâche brunâtre sur ledit pull rétréci. Ce fut ensuite au tour de sa voiture, qui, manifestement contrariée par la soudaine baisse de température, décida de faire grève et refusa obstinément de démarrer. Et alors qu'elle pensait avoir survécu au pire, un appel urgent du pressing l’informa que sa robe de demoiselle d'honneur ne serait pas prête à temps, l’obligeant à faire de son après-midi une course effrénée à travers la ville à la recherche d'une robe de substitution.
[...] Trois heures et sept boutiques plus tard, elle avait finalement trouvé une robe qui s'approchait vaguement de l'original et s’était empressée de demander à son presque sauveur du jour de venir la récupérer directement à l’adresse indiquée, ce qui lui avait finalement laissé tout juste assez de temps pour réquisitionner l’une des cabines de la boutique, enfiler la robe nouvellement trouvée et cramer un quart de son paquet en pestant sur l’univers tout entier.

T’es presque en avance, avait-t-elle grommelée en prenant place dans la voiture d'une manière aussi éloignée que possible, déjà prête à fixer ostensiblement le paysage hivernal par la fenêtre pour l’ignorer, comme si l'effervescence du paysage enneigé pouvait offrir une échappatoire bienvenue à l’aura exaspérante de Theo Milton.
Elle aurait simplement pu s'adonner à la contemplation silencieuse de l'hiver londonien à défaut d’être suffisamment bien élevée pour le remercier ou faire part d’un semblant de gratitude à son égard, mais sa simple compagnie avait toujours eu le don de l’irriter, sans véritablement savoir pourquoi, allant jusqu’à transformer la magie des flocons de neige en une sorte de farce cruelle orchestrée par le destin. Dans le fond, c’était peut-être à cause de sa voiture. Ou le fait qu’il soit aussi beau qu’atrocement riche, ce qui à son sens, relevait presque de l’injustice.

Et tandis que David Bowie murmurait des paroles mélodieuses à travers les enceintes, elle ne put finalement s'empêcher de craquer.
Rien marmonna-t-elle, daignant finalement lui adresser un regard dédaigneux, les bras toujours croisés sous sa poitrine, je pensais juste pas qu’on allait devoir se taper des bouchons ensemble qu’elle ajoute en baissant le volume de la radio comme si de rien n’était, comme si elle se trouvait dans sa voiture, et j’ai beau adoré Bowie, même lui ne pourrait pas rendre ce voyage plus supportable.
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catch me or i go houdini


Tu ne comprends pas trop cette manie de certains d'être aussi ingrats. De se penser tout permis, de profiter de la gentillesse et générosité des autres comme si ça leur était dû, comme si c'était normal. Sans surprise, tu ranges Nieve dans cette catégorie et autant dire que son comportement t'horripile au plus haut point. Tu sais bien que tu n'es pas mère Teresa, ça se saurait, et peut-être bien que parfois, toi aussi tu joues l'ingrat auprès de ta famille, à critiquer leurs agissements tout en y prenant part, à juger leurs méfaits quand tu profites de la richesse que tout cela a engendré. Certes. Mais tu sais te montrer utile quand il le faut, ta façon à toi de leur rendre la pareille et de prouver à qui veut bien l'entendre que non, tu n'es pas un gamin capricieux, et si tu peux te payer une ribambelle de magnifiques voitures avec l'argent du patriarche, alors tu seras là quand il aura besoin de toi et tu gardes la plupart de tes pensées pour toi-même. Ça s'appelle le respect, dirait-on chez vous.
Chose que Nieve manque cruellement, à n'en point douter. Elle trouve à redire sur ton "retard" alors que tu es passé la chercher spécifiquement au point GPS qu'elle t'avait envoyé, sur ta présence dans ta propre bagnole alors que tu as encore eu l'amabilité de la transporter, sur les embouteillages comme si tu y pouvais quelque chose. Tu fais de ton mieux pour garder ton calme et rester patient, même si ce n'est pas dans tes habitudes de sortir aussi facilement de tes gonds, une voix te soufflerait presque qu'un Milton ne devrait pas subir une telle insolence de qui que ce soit. Paraît-il qu'à force de le répéter, même quand on y croit qu'à moitié, ça finit forcément par rentrer dans le crâne, comme des coups de marteau sur un clou planté un peu de biais.

Si tu crois que moi j'apprécie le moment... grommelles-tu, terriblement cynique.
La simple vue de sa main qui touche à ton tableau de bord impeccable est suffisant pour t'agacer davantage et, claquant ta langue contre ton palais, tu remontes le volume, l'assénant d'un regard noir.
Quand t'auras de quoi te payer une bagnole pareille, tu pourras éventuellement toucher à la mienne, en attendant tu peux garder tes mains pour toi, merci, tu siffles tel un serpent, haussant les sourcils comme pour la défier de recommencer.
Tu aurais peut-être pu passer sur la condescendance du gosse de riche mais déjà tu n'as pas réussi à te retenir et en plus de ça, tu sais que tu as raison. Tu es certain d'avoir raison, du moins. Un monde vous sépare et il est parfois bon de faire une piqûre de rappel là-dessus. C'est le problème quand deux personnes issues de classes sociales totalement différentes se marient ; elles ramènent chacune leur univers et tout entre en collision le temps d'une cérémonie péteuse à l'instar d'un Big Bang 2.0 en plein centre de Londres. Bref, rien qui ne donne envie, c'est seulement parce que c'est Marcus que tu te retiens de dire quoi que ce soit, même si tu n'en penses pas moins.
Crois-moi que j'ai mieux à faire aussi que de rester coincé là avec toi.
Tu ne cesses de jouer avec les pédales, la voiture avançant de quelques mètres avant que tu ne doives refreiner de nouveau, manège incessant qui te donnerait presque la nausée. Ce qui te donne vraiment le tournis, c'est d'avoir sorti une voiture comme celle-là pour qu'elle finisse dans les bouchons d'une ville enneigée. Puis tu relances un coup d'œil vers elle, moins furtifs que les précédents, ne prenant même pas la peine d'être un minimum discret. C'est dommage parce que Nieve n'est pourtant pas si laide, bien au contraire ; tu as tendance à avoir un faible pour des beaux yeux comme les siens. Si seulement elle n'était pas elle, dans tout son mépris, avec ses piques et ses remarques à la con.
Envoie-leur un message au lieu de m'emmerder. Histoire de prévenir qu'on ne sera pas à l'heure.
C'est le minimum du respect avec lequel on t'a éduqué, après tout, mais il semblerait que Nieve ne connaît pas ce concept alors tu te sens obligé de lui apprendre ce que c'est, sur le ton mielleux d'un PDG qui donne des ordres et qui se croit dans son bon droit, sinon ce n'est pas drôle. En témoigne le rictus sarcastique qui s'installe déjà sur tes lèvres après que tu aies parlé.
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