Peace was never an option (Aspen)

Ta soirée s'annonçait longue et c'est sans doute parce que la demoiselle en face de toi ne constituait pas un divertissement suffisant que ton regard avait fini par délaisser ses jolies lèvres pour naviguer sur le reste de la salle. T'écoutais à moitié ce qu'elle te racontait, des histoires sur ses études d'économie... Des trucs que tu pigeais pas, toi, tu savais déjà à peine gérer ton porte-monnaie alors l'économie mondiale, fallait pas trop venir t'en parler... T'étais en train de te chercher une porte de sortie valable lorsque t'avais aperçu le barman. Aspen. Deux neurones connectés en alternance et un égo aussi sensible que le bouton de la maison blanche. Éternel combat de coq qui avait débuté à son arrivée au Styx. T'avais pas eu besoin d'échanger beaucoup de conversations pour que en déduire que c'était un de ces molosses mal lunés incapables d'aligner deux mots sans montrer les crocs. Le parallèle avec toi même t'avait fait grincer des dents intérieurement. Dire que tu l'appréciais pas aurait été trop extrême, mais puisque vous ne pouviez pas vous empêcher de solder les ¾ de vos discussions par une bagarre de chiffonnier, tu restais mitigé. Alors il était là, ce con. A attendre sa commande au comptoir. Il pouvait aussi en profiter pour prendre des cours vu la gueule de ses cocktails. T'étais resté fixé sur lui à te demander ce qui pouvait bien se passer dans sa boite crânienne, jusqu'à voir le verre déposé sur le comptoir. Le regard d'un gars, à côté. Une main rapide au dessus de la boisson. L'mouvement avait été si preste que t'étais même pas sur qu'il ait vraiment eu lieu. Etait-il possible que... ? Tu balayais la salle pour retrouver le coupable qui rejoignait un groupe assis pas loin de toi. Leurs têtes te disaient rien, en même temps, tu t'serais inquiété si ça avait été le cas. Tu savais pas c'qu'ils lui voulaient. Peut-être des cons à qui il devait du fric. Peut-être qu'il avait mal parlé à la mauvaise personne (plutôt probable vu son caractère). Quoiqu'il en soit... T'avais beau être du genre à pas t'impliquer dans ce qui te concernait pas – et clairement cette affaire en faisait partie – t'aurais pas supporté qu'le barman se retrouve dans la merde sous ton nez.  « Y'à un pote à moi là bas, j'reviens. » T'écoutais pas sa réponse. Tu t'en foutais. Tu récupérais ton propre verre et t'avançais vers le comptoir sans savoir quoi faire et sans aucun plan. Alors bêtement, tu t'contentais d'foncer dramatiquement contre son épaule, juste assez fort pour que ton coude percute son verre et l'renverse en bonne partie. Sur toi, lui, le comptoir déjà bien collant (ew). Du gâchis pour la bonne cause, et tu secouais tes fringues avec un sifflement mauvais. « Qu'est ce que tu fous, Aspen, t'as pas vu la pancarte dehors ? C'est interdit aux chiens ici. » C'est l'hôpital qui s'fout d'la charité quand on voit le temps que tu perdais à aboyer, mais c'était plus fort que toi. Tu voulais qu'il sorte dehors pour lui dire c'qu'il y avait dans son verre sans éveiller la curiosité, et la seule façon que t'avais de communiquer avec lui, c'tait d'le provoquer. Par ailleurs, t'avais pas envie de voir la gueule du barman ce soir, en dehors du boulot. Y'a assez de bars dans la ville pour que vous vous marchiez pas dessus alors si en bonus, il pouvait dégager, ça serait sympa.