where home is (dulcie)

where home is



Bientôt un mois qu’elle a pris ses affaires (du moins une grande partie) pour un quartier un peu plus luxueux et proche de son travail. Pourtant, Elmira ne cesse de passer à l’appartement. Son excuse préférée est précisément qu’elle doit encore récupérer ses dernières affaires, mais celle-ci s'essouffle. En même temps, elle ne va pas avouer à ses anciens colocataires qu’ils lui manquent furieusement. Non seulement ce n’est pas son genre et qu’elle serait câlinée par certains ce qu’elle déteste, mais aussi parce qu’elle ne supporterait pas qu’on l’invite à revenir. Après tout, son nouvel appartement à Greenwich est tout ce qu’elle souhaite. C’est un son cocon. Elle peut y profiter d’un silence qu’elle apprécie de plus en plus ou bien mettre la musique à fond et se défouler sans craindre que quiconque ne rentre la déranger. Elle n’a plus à enfreindre les règles (que personne n’a jamais respecté d’ailleurs) et aller dans les placards de ses colocataires pour retrouver ses affaires. Ni avoir à supporter les pleurnicheries des uns et des autres. Alors non, Elmira ne regrette pas sa décision de déménager, mais elle est bien incapable de rendre ses clefs.
Voilà plusieurs jours qu’elle essaye de contacter Dulcie à propos d’une veste pailletée qu’elle lui a prêté. Elle sait que c’est elle qui l’a en sa possession, en ce qui concerne ses affaires Elmira a une mémoire particulièrement performante (plus qu’à la normale). Or elle a terriblement besoin de cette veste qui forme la tenue parfaite pour sa prochaine fête organisée par le Wilson’s Studio. La première depuis sa promotion et l’ouragan de travail dans lequel elle est prise depuis. Alors voilà l’occasion parfaite pour passer à l’appartement, récupérer ce qu’elle doit prendre et voir si ses anciens colocataires survivent à son départ.
“ VOUS ALLEZ M’OUVRIR BORDEL ? ” Qu’on l’entend crier de l’autre côté de la porte tandis qu’elle joue avec la serrure, en vain puisque quelqu’un a (encore) oublié de retirer la clé afin que les autres puissent ouvrir la porte. Elle s’impatiente, on vient finalement  à sa rescousse. Dulcie. “ Qui a encore oublié ses fichues clés ? ” grogne-t-elle dans sa barbe, en faisant la bise à son amie. “ Pile la personne que je voulais voir ! ” Elle s’adresse explicitement à celle qu’elle toise et dépasse pour inspecter les lieux. Ça lui fait du bien, d’être ici, elle y retrouve ses marques et se sent toujours chez elle. En dépit de ses talons hauts, de son sac qui coûte plusieurs milliers d’euros et de son allure de business woman, Elmira se sent à sa place dans cet appartement qui surplombe un supermarché, cet appartement qui n’a rien perdu de sa chaleur. L’architecte se réchauffe, sans rien laisser paraître. “ T’es seule ? Ils sont où les pot de colle ? ” Elle pose enfin son sac sur une chaise ainsi que sa veste. Qu’il est bon de revenir… Mais pour combien de temps ?