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oh baby, don't you notice me ? (tallulah)



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oh baby, don't you notice me ?


Bien sûr qu’il avait envie de la voir
Entre ses mains moites à ne plus pouvoir tenir correctement son téléphone portable, ses dents claquant entre elles et son corps tremblotant à la simple idée de se rendre dans ce bar du côté de Camden, on aurait pourtant pu croire le contraire. Une heure avant de s'y rendre, Elion Hawkins s'était retrouvé devant son miroir, à examiner les quelques poils d'une barbe qui tardait à venir. Prenant des postures en tous genres pour se donner la confiance, il pianotait entre un torse bombé, des épaules redressées, une allure décontractée, puis tout à coup quelque chose ressemblant à quelqu'un de désespéré. Ce qu'il était. Il était autant impatient de la voir que désemparé de son propre comportement. Et le fait de faire gueuler ses écouteurs sans fil dans ses oreilles, avec de la musique venant d'un rock alternatif presque devenu vintage avec le temps, n'aidait en rien à le calmer. Mais pourquoi était-ce si difficile, bordel ? Cela ne devait pas être autant compliqué de franchir cette barrière entre le virtuel et la réalité. La troisième dimension allait juste peu à peu s’ajouter et tout se passerait au mieux. Et pourtant, Elion mentirait s’il disait qu’il avait pas pensé à faire demi-tour plus d’une fois, encore. Ce chemin-là, pour se rendre au bar où se donnaient régulièrement concerts en tous genres, il le connaissait par coeur. Ce n’était pas la première fois qu’il avait pris une grande inspiration en sortant de chez lui, fait quelques pas et aussitôt rebroussé chemin. Une fois même, il avait déjà aperçu Tallulah au loin. Il s'était tenu plus de vingt minutes derrière un type mesurant presque deux mètres. Impossible qu'on le remarque. Mais aussitôt qu'il crut qu'elle regardait dans sa direction, il avait tourné le dos à la scène et s'était barré dans le pub d'à côté le temps de reprendre ses esprits. C'en était arrivé à un point tellement ridicule que la dernière tentative en date avait nécessité une prise de quelques shots de tequila – toujours dans le pub d'à côté, faisant visiblement d'Elion le plus gros client en l'espace de quelque temps – avant de se rendre au concert. En vain. Tallulah n'avait pourtant rien d'impressionnant dans le sens péjoratif du terme, ni même d'intimidant. Pourtant, des mois entiers s'écoulaient et le courage d'Elion s'effritait.  
Alors pourquoi cette fois-ci était-elle en train de fonctionner ? Pas de tequila dans les veines, ni même de grand gaillard de deux mètres pour le cacher. Peut-être la sensation qu'il était temps de se montrer avant de la voir s'éloigner de lui et de la perdre ? Peut-être l'envie de la rencontrer se faisant plus forte que cette frayeur ridicule de passer pour un immense bouffon ? Peu importe, pour une fois, pour une putain de fois, il était là. Planté en plein milieu du petit public, il s'était faufilé quelques minutes après le début du concert, et ne regardait plus qu'elle. Un fin sourire s'était étiré au fur à et mesure du temps, à force que des regards se croisaient, comme un effet lénifiant qui balayait durant un court instant toutes ses craintes. Malgré cela, et selon lui, le concert avait duré des plombes. Si la musique sonnait agréablement à ses oreilles, tout autant que l'ambiance ne se faisait pas étouffante, il avait pourtant bel et bien la sensation de suffoquer. L'impatience du moment, mélangé avec la peur et l'incertitude de la rencontre, donnait le merveilleux cocktail du on n'en profite même pas. Après cette attente qui lui parut interminable, il dut mordre sur sa chique encore quelques minutes, avant de se faufiler dans le petit backstage du pub, à la recherche de celle qu'il évitait depuis des mois, tout autant qu'il avait envie de la voir. Une fois qu'il l'eut dans le viseur, ses talons se collèrent au sol comme de la glue, avec l'impossibilité de faire un pas en avant, ni même en arrière, à la réflexion. Car son regard croisa le sien et il sut que c'était foutu. Ne montre rien, tout va bien, respire, et arrête de paniquer, tu vas te mettre à transpirer. Et la question lui revint une fois de plus en plus : était-ce toujours aussi compliqué, de rencontrer quelqu'un par Internet de cette manière-là ? Ou était-il le seul clampin à se mettre dans des états impossibles pour pas grand-chose ? Après avoir pris une grande inspiration pour se donner tout le courage nécessaire, ses pas foulèrent le carrelage plaquant du bar – la faute à la bière ? - jusqu'à se pointer face à Tallulah. « Hey... ? » L'interrogation dans la voix, comme s'il avait un doute durant un quart de seconde de saluer une personne qu'il ne connaissait pas. Alors que, crétin, c'était évident qu'il s'agissait bien d'elle, puisqu'elle ressemblait à deux gouttes d'eau aux photos et qu'il avait passé deux heures à ne regarder qu'elle, sur la petite scène. « Enfin, hein ? » Un léger rire s'échappa de ses lèvres, assez nerveux, bien qu'il prit sur lui pour le dissimuler un maximum. Ses mains étaient même rentrées dans les poches de son sweat à capuche, pour camoufler le fait que ses poings étaient fermés de nervosité. L'allure se voulait détendue. Est-ce que cela fonctionnait ou bien avait-il l'air de quelqu'un de complètement constipé ? No fuckin' idea, mais il priait tous les cieux pour ne pas passer pour le roi des imbéciles face à Tallulah à cet instant. Ressaisis-toi, Elion, ce n'est « que » Tallulah, après tout.

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oh baby, don't you notice me ?


Toujours, ça la fait toujours vibrer Tallulah d'être sur scène. Même quand la scène est moins haute que les talons blocs de ses chaussures rose bonbon, même quand sur les quatre personnes maximum qui l'écoutent vraiment la moitié n'attend que la fin. Les scènes des pubs, elle commence à les connaître Tallulah. Elle rêve d'autre chose parfois, autre chose que cette petite estrade - à peine, autre chose que ces publics de pubs qui n'ont pas demandé à l'écouter et y sont pourtant forcés. Tallulah elle rêve du Windmill, la scène mythique de Brixton, celle par laquelle sont passés tous les artistes punk rock qui ont percé dans les mois suivants, même vingt minutes devant le rideau pailleté, même l'entrée gratuite mais de jouer devant des gens qui seraient venus pour l'écouter, ou en tout cas pour écouter quelqu'un et ce quelqu'un, ce serait elle. Mais non. Pas de Windmill, pas de sono, pas de rideau pailleté, juste une plateforme d'à peine une dizaine de centimètres, son ampli traîné là dans le métro avec sa guitare sur le dos, le micro dans un sac de sport, des bières et un match à la télé - sans le son, ils auraient sûrement préféré. Quel que soit le public, bien sûr, il y a toujours quelqu'un qui l'écoute vraiment. Parfois même, l'effet de groupe fait que quelqu'un devient quelques uns. C'est arrivé une fois ou deux que des gens rentrent dans un pub où elle jouait exprès parce qu'ils l'avaient entendue de dehors - elle les repère vite, ceux-là, ceux qui rentrent et ne consomment pas, souvent ils restent un peu, écoutent quelques reprises, s'en vont quand elle annonce que la prochaine est sa propre composition. Dommage, ils ratent. Tant pis pour eux. Et tant pis pour elle, aussi.

Il y a deux artistes prévus pour ce soir, le premier est un groupe qu'elle avait déjà croisé, quatre garçons mais pas dans le vent et quelques minutes avant le début, tandis que les musiciens s'installaient dans l'indifférence générale, le guitariste introuvable était en réalité en train de rendre sa bière de trop dans les toilettes. Le bassiste a haussé les épaules et a dit c'est comme ça, c'est le trac, quand il stresse trop il boit. Pas en état, en tout cas, le petit gars. Tallulah elle a pris sa place du coup, détonnant entre eux avec sa robe toute rose et ses petites chaussettes en dentelle. C'était bizarre d'être à cette place, non pas seule sur scène mais au deuxième plan. Moins d'attention sur elle, moins d'attention sur le public aussi car plus de concentration pour jouer des chansons qu'elle maîtrisait moins. Quelques coups d'œil sur le public, l'illusion entre deux regards qu'elle maîtrise totalement ce qu'elle fait, l'espoir comme à chaque fois de voir un visage qu'elle ne voit jamais. Puis vient le temps de prendre place, seule, au milieu de la scène. Peu à peu elle oublie. Tout. Tout sauf les notes, tout sauf les mots, tout sauf sa voix dans le micro, tantôt cristalline tantôt éraillée, tantôt douce tantôt violente. Elle a l'air sortie d'un manga ou d'un film de fantasy, elfe pastelle à la guitare torturée, et puis soudain. Le regard accroche des mèches blondes au milieu d'une reprise des Distillers. Sous les mèches, des yeux, les yeux d'Elion, là, en vrai. Alors elle s'y accroche, plante son regard, hungry eyes, they stare at me, I know, hurle dans le micro. Don't go. Elle voit quelques regards autour se tourner vers Elion, qui est il celui qu'elle fixe comme ça, alors à regrets détourne le regard pour qu'il ne se sente pas gêné, qu'il ne fuie pas. Don't go. Pars pas Eli, pas maintenant que t'es enfin là, pas tant que je suis derrière ce micro à ne pas pouvoir t'atteindre, pas pouvoir te retenir si tu décides maintenant de partir. Encore quelques chansons, encore quelques minutes, elle se force Tallulah, à regarder ailleurs mais pas trop loin, à rester là, à terminer le temps qui lui est imparti - c'est une de ses compositions qui clôt le concert, elle se retient de dire dans le micro qu'il y a quelqu'un ici qui la connaît déjà, qu'il y a quelqu'un de très spécial ce soir, qu'elle voudrait lui dédier une chanson ou toutes les chansons pour le remercier d'être là. Et enfin elle finit le morceau et voilà. Voilà. C'est maintenant, et maintenant elle n'y va pas. Pas devant tout le monde, pas comme ça. Prend le temps de ranger ses câbles avec les mains un peu fébriles et disparaît dans la salle arrière, coincée entre le vestiaire et les toilettes, après avoir attrapé sur le bar un shot de vodka. Elle a peur Tallulah. Bien plus le trac que lorsqu'elle est sur scène, en vérité. Mais il n'est plus temps de reculer quand Elion est face à elle.

Alors, au final, c'est lui qui l'aura fait, ce premier pas. Elle bug un peu Tallulah. Cerveau sur pause le temps de le dévisager. Il est plus petit qu'elle, Elion, ça ne la dérange pas, elle ne le voyait pas forcément plus grand que ça. Surtout avec ses talons, elle le domine d'une tête et se dit merde, il va détester ça. Ou pas. Qui sait. "Salut, Eli." Sa voix tremble un peu. Bien moins assurée qu'elle ne l'était sur scène quelques minutes plus tôt. Ca donne du pouvoir, de se cacher derrière une guitare. C'est quand un rire lui échappe qu'elle réalise que pas même un sourire n'étirait ses lèvres pincées, comme si elle n'était pas du tout heureuse de le voir. Alors que c'était précisément l'inverse. Alors elle sourit, Tallulah. Comme elle n'a pas souri depuis... pas si longtemps, en fait. Depuis la dernière fois que son écran de téléphone s'est allumé pour afficher le nom d'Elion. "Je pensais que tu viendrais pas." Ca sonne presque comme un reproche. "Alors euh... enfin, ça t'a plu, le concert ? Je suis contente, vraiment contente que t'aies été là." Sans chanson, plus le courage de le regarder dans les yeux, terrible envie de le prendre dans ses bras mais ses mains dans ses poches la retiennent. Elle pose un peu plus loin son verre à shot vide et glisse son bras dans le creux du sien. Comme ça, pas besoin de mains. "Tu veux boire un truc ? J'ai encore un ticket boisson alors je te l'offre, si tu veux, viens." Ou alors on se casse, on quitte cet endroit, tu porteras ma guitare parce que t'es gentil et que ça se fait même si je suis plus grande que toi, on marchera dans la nuit de Londres qui n'appartiendra qu'à nous et on verra où demain nous mène. Mais elle ne dit rien de tout ça. Un verre, s'il dit oui, c'est bien, déjà.
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Lui aussi, pensait qu’il ne viendrait pas. A croire qu’il venait de faire une apparition divine en étant là, présent dans ce petit bar, dont il commençait à en connaitre quelques recoins, à force d’y trainer et de s’y cacher. « Pourtant, here I am. » répondit-il, avant de hausser les épaules. Il voulut paraitre décontracté, insistant sur le fait que venir n’avait pas demandé tous les efforts du monde. Enfin, efforts… de ne pas se défiler. Mais d’efforts pour la voir, jamais. Enfin, bref. « Ouais, ouais, c’était vraiment pas mal. Ca s’voit non ? J’ai cru entendre un type scander ton nom. Bientôt les grandes salles de concert pour toi, tu peux m’croire ! Et lui en tant que ton grand fan, si tu veux mon avis… » finit-il par dire, montrant d’un signe du pouce quelque chose derrière lui comme si le type en question était dans la même pièce qu’eux. Il ne mentait pas, pour le coup. Un homme s’était vraiment tenu tout le long à dire que Tallulah était belle, pour le traduire dans un langage un peu plus correct. Elion avait levé les yeux plus d’une fois au ciel, exaspéré. Mais peut-être que c’était finalement ce genre de type qui plaisait à Tallulah. Au moins, lui, était plus grand qu’elle. Chose qui était loin d’être son cas. Pendant un bref instant, il se demanda s’il était possible d’investir dans des chaussures à talons compensés, le tout en restant discret. Mais la discrétion n’était pas pour ce soir, Tallulah fut directement tactile et venait de l’emmerder vers le bar en le tirant par le bras. « Oh ouais, bonne idée ! C’est leur happy hour en prime, non ? C’est moi qui offre, garde ton ticket boisson, on l’utilisera plus tard ! » Il devait au moins assurer là-dessus, la jouer gentleman, offrir le premier verre, pourquoi pas tous les suivants également.
Arrivés au comptoir, Elion se sentit légèrement bête. Quelque chose clochait, mais il ne put dire quoi. Peut-être était-il pas encore tout à fait à l’aise avec ce décalage entre le virtuel et la réalité ? Il s’était façonné une image de Tallulah, plus petite, peut-être les yeux plus foncés, il ne savait pas dire. La sentir se poser à côté de lui le rendait étrange, mais il tentait de le camoufler autant qu’il pouvait. Il indiqua au barman d’un signe de l’index le panneau derrière lui, indiquant mètre de shooters 1+1. La belle affaire. Il aurait pu prendre la bière proposée à la pompe, se la faire servir tranquillement et la savourer sans détacher son regard de cette confidente (ou amie proche ? don’t know) qu’il découvrait enfin en réalité. Mais le détail de taille ne lui avait pas échappé : Tallulah buvait aux shots et il ne voulait pas se louper. « Des shots arc-en-ciel, on va pouvoir deviner à quel goût chaque couleur se rapporte. Le jaune sera au citron ou à l’ananas ? Grand mystère, grand mystère. » Il en devenait ridicule, mais il voulait lui plaire. Les premières minutes de rencontre étaient en train de passer, cela ne devrait qu’être une question de temps avant que tous deux se détendent la nouille et finissent par retrouver en réel ce qui se passait entre eux au niveau du virtuel, depuis de longs mois à présent. « Viens, on va par là ! » Il montra d’un signe de tête une petite table un peu plus loin du bar, alors qu’il s’occupait de prendre les deux supports de mètres de shooters. Pour sûr, les shots colorés avaient un côté fantaisie dont le rendu était aussi agréable à regarder que les yeux de Tallulah depuis qu’il avait pu les apercevoir. Et cela allait être de quoi les faire décoller. Zigzaguant entre les différentes personnes dans le bar, Elion manqua plus d’une fois de renverser les verres tenant à peine sur leur socle. Il crut même crier un victoire! pour lui-même, une fois qu’ils atteignirent la table, hors de la foule, avec les verres à shots sains et saufs. « On commence par lequel ? Le rouge ? » Il prit place sur la banquette à côté d’elle, se tournant légèrement pour lui faire face. Avec le bruit autour d’eux, hors de question de faire l’erreur de se mettre en face, au risque de lui demander de répéter ce qu’elle disait parce qu’il n’allait rien entendre. « Et si, à chaque verre qu’on boit, on se disait quelque chose que l’autre ne sait pas encore ? » L’idée était sortie ainsi, avant de réaliser que Tallulah connaissait plein de choses sur sa vie. Sans doute même trop. Seules restaient les quelques anecdotes intimes ou dont il avait particulièrement honte, qu’il s’était bien retenu de lui dire, pour ne les garder que pour lui. Bravo, Elion.

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Elle rosit un peu Tallulah, assortie à sa tenue soudain, quand Elion lui dit qu'il a aimé le concert. Ca compte, mine de rien. Son avis, à Elion, il compte bien plus que celui de tous les clients du bar réunis. Balaye d'une main la mention d'un type un peu lourd. Ce n'est pas souvent, mais ça arrive que des clients de l'autre côté de ton activité virtuelle se pointent là. Ils te mettent toujours mal à l'aise. A commencer par celui-là. Mais tu n'as pas vraiment envie de lui expliquer ça, à Elion. "Haha, ouais, tu crois ? Bon, quand je ferai Wembley, promis, t'auras ta place VIP. Celui-là, certainement pas." Les questions se bousculent dans la tête de Tallulah, à toute vitesse fusent les unes après les autres ou en même temps, elle ne sait pas. Le laisser lui payer à boire alors qu'il a déjà fait l'effort de venir jusque là ? De rester ? De venir lui parler ? De faire tous les premiers, seconds et troisièmes pas qui ont mené à cette rencontre tant attendue ? Ca lui paraissait impensable à Tallulah. Mais plus impensable encore de lui dire non, parce que c'est Elion et que Tallulah, elle ne lui dit jamais non. Alors elle acquiesce en tentant d'avoir l'air enthousiaste, pas trop gênée par l'idée de se faire payer un verre alors qu'elle aurait pu lui en avoir un gratuit. Elle sait bien qu'ils ne roulent pas sur l'or, ni l'un ni l'autre, alors pourquoi payer quand on pourrait... un mètre de shots ? Oh God, mais qu'est-ce qu'il va penser d'elle. Pour un foutu shot de vodka à la con, elle aime même pas forcément ça la vodka, c'était juste que ça traînait là pour elle et qu'il lui fallait une petite dose de courage liquide avant d'imaginer parler enfin à Elion. Bravo, super résultat. Bon, les verres ont le mérite d'être jolis, le côté arc-en-ciel la fait sourire, c'est peut-être cliché mais elle aime bien ça, au fond, ça la fait se sentir en sécurité. Mais damn, Elion devait vraiment la prendre pour une pochetronne à lui proposer ça plutôt que l'habituelle pinte de cidre ou d'IPA. Tant pis, qu'importe. Quelques shots plus tard, elle serait peut-être moins anxieuse à l'idée qu'une fois face à face, Elion ne l'apprécie en réalité pas du tout. Est-ce qu'il la regarde comme elle le regarde ? A la dérobée, entre deux clients du bar, entre deux doutes ? Un instant elle se dit qu'elle est stupide, Tallulah. Bien sûr que non, il ne l'aimera pas. Toute sa vie elle est virtuelle à Tallulah, les vidéos, les photos, les chansons et le reste, et les amis, aussi. Surtout les amis. Surtout lui. Derrière un écran, c'est facile de l'imaginer être quelque chose qu'elle n'est pas. Mais en face, et sans la scène et la guitare comme tout dernier rempart, elle ne peut plus se cacher Tallulah. Et elle n'a pas de raisons de se cacher, en réalité, pas honte de qui elle est. Juste peur que ça ne suffise pas. C'est cette peur là au ventre qu'elle suit Elion et les mètres de shots vers une des rares tables vides, et le regarde quand il s'assoit, à côté d'elle ? Qui s'assoit à côté ? On s'assoit en face, normalement, non ? Qu'est-ce que ça veut dire, qu'il s'assoie à côté d'elle ? Serait-ce le signe qu'elle se trompe, qu'il ne la déteste pas totalement maintenant qu'elle est là ? Pas au point de mettre une table de distance entre eux ? Ok, ok. Respire, Tallulah. Ce n'est que Elion, après tout, le même Elion à qui elle parle tous les jours depuis si longtemps. Alors pourquoi elle ne trouve rien à dire ? Pourquoi ça ne lui vient pas naturellement, comme quand elle tapote des messages pour lui sur son écran ? "Le rouge ? Ok, va pour le rouge. De gauche à droite, non ?" Elle saisit le petit verre, sent le liquide, en inspecte la couleur, lance un pari. "Un fruit rouge, déjà, c'est sûr... cerise, peut-être ? Alors on trinque à quoi ?" En même temps que les mots sortent, elle se maudit. On trinque à notre première rencontre, évidemment. Trop tard. Mais quelle conne, maintenant il va penser qu'elle n'en a rien à faire de lui, qu'il n'est qu'un mec qui lui paye un verre parmi d'autres, comme s'il y en avait d'autres, comme s'il n'y avait pas que lui. Elle allait le porter à ses lèvres quand tombe la proposition d'Elion. Panique instantanée. L'idée est bonne, bien évidemment. Mais reste-t-il des choses qu'il ne connaisse pas ? Sans doute pas autant que de shots. "Euh, oui, ok, on peut faire ça. Je suis pas sûre d'arriver à trouver 10 trucs que tu saches pas, mais j'aimerais bien savoir ce que tu me caches encore alors..." Cul sec, c'est ça ? Les verres entrechoqués, le liquide rouge disparaît au fond de sa gorge et elle s'empêche de tousser pour ne pas paraître plus stupide qu'elle ne doit déjà l'être, en fouillant son cerveau à la recherche d'une anecdote à raconter. Elle ne trouve pas, Tallulah. Elle sort son téléphone pour se donner une contenance, le pose sur la table, près des verres, l'habitude. L'habitude, car quand elle sort avec ses nouveaux amis londoniens, elle le met là pour voir si Elion lui écrit. Ce soir, il ne lui écrira pas. Les quelques vibrations signalent des likes sur sa chaîne youtube ou son compte insta, rien d'intéressant, et elle finit par le retourner avant qu'une notification d'OnlyFans ne vienne s'afficher sur l'écran. En voilà, un truc qu'il ne sait pas. Sauf s'il a stalké, quoi. Mais ça, Tallulah, elle n'est pas du tout prête à le dire. Elle se racle un peu la gorge qui brûle encore de l'alcool fort. Pas l'habitude. Peut-être que ça la détendra. Ou peut-être qu'elle finira complètement bourrée avant d'arriver à la moitié, surtout qu'elle a déjà un shot d'avance, et alors Elion se dira mais quel déchet et il aura raison. Elle soupire. "Ok, je me lance, alors... C'est, genre, la 3ème fois de ma vie que je bois des shots." Et je crois que j'aime bien ça. Mais il va croire qu'elle a un problème avec la boisson et partir en courant, si elle dit ça. "Je dois avouer que je ne déteste pas, c'était plutôt bon même, celui-là." Demi-mensonge. Ca lui a arraché la glotte, oui, mais le goût n'était pas mauvais du tout. "A toi, alors," elle demande, se redressant soudain. Comme si le poids du premier aveu s'était ôté de ses épaules. Était-ce déjà l'alcool qui la rendait plus détendue ? Ou simplement de réaliser qu'ils étaient exactement dans la même galère, tous les deux. Celle de ne pas réussir à détacher son regard de l'autre tout en craignant d'être vu, vouloir apprendre sans se dévoiler, vouloir connaître sans rien risquer. L'impossible. Alors Tallulah, elle y saute à pieds joints.
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Assis à la table du bar en question, perdu au beau milieu de Londres, Elion avait du mal à réaliser sa place dans l’espace. Depuis que son regard s’était posé que Tallulah, il nageait dans une dimension spatio-temporelle défiant toute réalité. Il ne pouvait pas nier que les sensations lui semblaient étranges, mais loin d'être désagréables pour autant. Lulah était belle, impressionnante, pas seulement par sa taille mais par sa prestance également. Il aurait voulu bomber le torse, relever la tête et pousser sur sa voix pour s'affirmer dans la pièce, prendre la confiance et l'imposer face à elle, mais il était bel et bien déstabilisé par cette rencontre, sans réussir à mettre le doigt sur la réelle raison. « On trinque à... nous ? » Mais quel imbécile, bon sang... « 'fin à notre première soirée de ce style. » Non, Eli, recommence. « ouais 'fin à notre rencontre pour de vrai. » Il se sentait comme ces gymnastes en train d'enchainer les pirouettes, à se gameler au possible, mais tentant tout de même une réception finale propre et correcte pour ne pas trop se faire juger par les membres du jury. En l'occurence, Lulah était le jury et le blondinet se sentit aussitôt mal à l'aise. Alors ses yeux se perdirent sur les shots, glissant ses doigts autour du premier jusqu'à le maintenir fermement. Dans tout ça, il ne manquerait plus qu'il le laisse tomber, le verre à shot. Il attirerait l'attention sur eux et aurait l'air ridicule. En plus, vu la couleur, cela avait l'air de coller, peut-être même de tâcher. Allez donc expliquer au barman que le shot cerise venait de foutre en l'air la belle robe de la chanteuse. « De gauche à droite, oui. » Il venait de répéter les mots de son amie, sur le même ton qu’elle, se calquant sur ce qu'elle disait comme un point d'ancrage. En reniflant le verre à shot, Elion ne put s’empêcher de grimacer. L’odeur était incroyablement chimique et ne donnait clairement pas envie. Mais bon sang, vas-tu arrêter de te plaindre de tout ? Lui-même finissait par se trouver insupportable. Mais allait-il le devenir rapidement aux yeux de Tallulah ? Aucune raison en apparence, car il faisait les choses bien. Il avait suffisamment perdu un paquet d’heures de son temps de vie face à des séries sur Netflix, pour analyser les comportements sociaux et les reproduire aujourd’hui. Est-ce qu’il faisait les choses bien ? Est-ce que Tallulah s’amusait ? Tellement de questions le taraudant, l’esprit virevoltant entre les brouhaha autour et l’arrivée des shots, il en perdait les pédales. Pourtant, à l'en croire, il jurerait que ce n'était pas that big of deal et que cela ne devait pas se voir que c'était la panique à bord. Et puis, le shot allait aider. Alors il le but et put confirmer la cerise. Et le goût sucré, chimique. « Ah bon ? Que la troisième fois ? » Lui qui pensait marquer des points en prenant le mètre de shoters aux couleurs arc-en-ciel, c'était loupé. Décidément, il faisait tout de travers. A coups sûrs, Tallulah allait s'en rendre compte. Il pouvait déjà sentir le courant d'air sur les réseaux sociaux dans les jours suivants, parce qu'elle n'aurait plus envie de lui répondre, de lui partager quoi que ce soit de sa vie. Peut-être finira-t-elle par partir de la surface de la terre, en le bloquant ? La dernière pensée le fit démarrer comme une balle, en catapultant ses mots one by one. « T'as raison, c'était pas mal du tout, viens on enchaine avec l'orange, je suis sûr qu'il est encore mieux. » Et qu'après tout, cela allait l'aider à se décontracter... Avant de se rappeler que, lui aussi, devait révéler quelque chose à son sujet. La merde. Et dire qu'il était l'iniateur de cette idée. « Ah oui, l'anecdote... » Tout en prenant le second shot, il fit une petite moue réfléchie, alors que son regard se perdit sur le plafond du bar. Il en profita pour remarquer que sur ce dernier, les fissures étaient nombreuses et démontraient un côté délabré des lieux. Détail sans importance mais sur lequel il s'attarda, permettant de gagner du temps sur son anecdote. « Ce... n'est pas la première fois que j'viens dans ce bar. » Sous-entendu lourd de sens, à cheval sur quelque chose cute et de complètement psychopathe. Pas moins d'un shot pour lui faire un tel aveu et il se mordit la joue fortement, s'en voulant aussitôt. Il aurait mieux fait de lui avouer qu'il s'endormait tous les soirs avec des chaussettes fluffy avec des motifs de petits canards plutôt que dire cela. Mais non, bien joué Eli, t'as encore loupé une occasion de te taire. Un peu con avec son shot orange en mains, il murmura légèrement. « Oui 'fin, tu vois ce que je veux dire... » Evidemment que non, elle n'allait pas comprendre et c'était une pure catastrophe. Alors, il s'empressa de lever le second shot et de sourire grandement, l'innocence marquée sur sa face d'ange. « Pour celui-là, trinquons à notre prochaine révélation ! » plaisanta-t-il alors, qu'au fond, il n'avait pas hâte de lui sortir une nouvelle dinguerie qui pourrait la faire se moquer de lui ou, pire, déguerpir. Alors il le but, d'une traite, sans attendre, prêt à enchainer le sujet. « Et pour le prochain aveu, je trouve que tu es vraiment belle » ... Really, Eli ???

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oh baby, don't you notice me ?


La rencontre pour de vrai, pour l’instant, elle a l’air de plutôt bien se passer. Elion n’est pas encore parti en courant. N'a pas fait demi-tour une fois le concert terminé ou prétendu renverser les shots pour faire diversion et disparaître pendant qu'elle nettoierai sa robe aux toilettes. Alors, que demander de plus ? C'était déjà plus qu'elle n'en espérait, Tallulah. Alors qu'il veuille trinquer à un "nous", c'est juste assez pour faire battre un peu trop vite son petit cœur. Même si ses pirouettes l'effacent, c'est la première chose qui lui est venue à l'esprit alors ça veut forcément dire quelque chose, n'est-ce pas ? "Euh, oui, enfin, la troisième fois... je compte celui de tout à l'heure dans les deux premières, hein." Tu t'enfonces, Tallulah. A trop avoir peur de passer une ivrogne, voilà qu'il va finir par la prendre pour une sainte-nitouche ? A la recherche d'un juste milieu qui n'a jamais été qu'un lointain souvenir, elle saisit le second shot - pas fan de l'orange, mais ça changera de sujet. Elle s'apprête à l'engloutir quand, soudain, elle réalise. "Mais attends, t'as pas oublié un truc..." Car si elle vient de se ridiculiser avec son anecdote, pas de raisons qu'il ne le fasse pas aussi, pas vrai ? Un peu d'anxiété s'empare d'elle dans l'attente de la révélation d'Elion. Ce serait le moment idéal pour lui annoncer qu'il a une copine, ou bien qu'il est gay, ou encore qu'il déménage dans une semaine, ou simplement que maintenant qu'elle est face à lui il n'a plus du tout envie de continuer à lui parler. La phrase tombe comme un couperet, dans un premier temps c'est le soulagement de ne pas entendre une des propositions qu'elle redoutait mais ensuite... Wait, what ? Frozen screen, besoin de reboot son cerveau, Tallulah elle n'est pas tout à fait sûre de comprendre l'implication de l’anecdote en question. What ? Wait... Est-ce qu'il veut dire par là qu'il est déjà venu la voir jouer sans rien lui dire, sans qu'elle le remarque, ou simplement que le lieu ne lui était pas inconnu, peut-être qu'il y était venu avec des amis, ou en repérage en prévision de la soirée... Sans doute, c’est son silence à Tallulah qui pousse Elion à poursuivre, à préciser, noyer sa révélation dans un sourire et une invitation à trinquer, machinalement elle trinque, repose son verre sans l’avoir bu, sans même s'en rendre compte. "Mais attends, elle répète, tu veux dire que..." Le début de phrase se noie dans le bruit ambiant, entre Elion qui descend son verre et déjà lance sa prochaine révélation. Damn. A nouveau, elle rosit Tallulah. Elle sait qu'elle est belle, la plupart du temps, mais qu'Elion le pense aussi... ça lui fait une sensation toute drôle dans l’estomac. A moins que ce ne soient les shots, est-ce que l'alcool fait ça ? Elle n'arrive même pas à le regarder dans les yeux. Merde, le shot, elle l'avale et elle grimace, décidément l’orange ce n’est pas son truc. Ca a goût de médicament. Dans un film, ce serait le moment où elle lui dirait qu'il est beau lui aussi et ils s'embrasseraient sans doute mais ce n'est pas un film, c'est la vraie vie. Toute l'assurance qu'elle avait sur scène purement et simplement envolée, Tallulah bredouille un peu. Ok, ok. Tout va bien se passer. "C'est vrai ? Bon... Moi je dois t'avouer que j'espérais un peu que tu sois déjà venu, et en même temps j'avais peur que tu sois venu mais que tu n'aies rien dit parce que t'étais déçu." Un peu trop honnête, peut-être. Et si c'était ça, qui finissait pas le faire fuir ? Pas le temps de penser, le shot jaune englouti, elle en oublie de trinquer avant de le reposer. Ananas. Bien meilleur que l'orange. Elle s'était attendue à un genre de citron, c'était une bonne surprise."Ok, mon tour... Je trouve que t'es vraiment pas mal non plus." Bref contact visuel, mais bien vite détourne le regard. Perturbée par l'arrivé de deux hommes à la table d'à côté, Tallulah se pousse un peu pour les laisser glisser sur la banquette, se rapproche d'Eli pour se faire, peut-être un peu trop, sa cuisse qui se pose contre la sienne et qu'elle laisse là, après, alors qu'elle pourrait se reculer. Pas envie. Peau contre jean, ce n'est rien, un hasard, ça ne compte pas. Ca compte un peu. Sinon elle aurait resserré ses jambes et repris sa distance. Alors elle reste là en priant pour que lui ne se recule pas. "Juste pour être sûre... quand t'as dit que t'es déjà venu dans ce bar, tu voulais dire... Des soirs où j'étais là ?" Sans doute était-ce assez clair dès le départ. Mais t'as envie d'en avoir le cœur net, envie de savoir. Si Eli t'a déjà vue, une fois, ou plusieurs peut-être, et a quand même décidé d'être là.
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